Partie 8 :Les Falaises

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-"Noooon, je veux pas y aller !

-Perle, soupirais-je pour la centième fois, tu n'as pas à avoir peur, le voyage en dirigeable ne dure que deux heures...

- DEUX HEURES ?! Non mais tu sais tous ce qui peut se passer en deux heures !

              Je ne savais pas qu'elle avait peur à ce point des hauteurs.

-Tu veux pouvoir danser à nouveau oui ou non ?

-Oui, mais...

-Dans ce cas, on y va. Dois-je te rappeler que la Capitale est le seule endroit où je pourrais trouver des engrenages adaptés pour te réparer ?

                        Mademoiselle Perle tordit ses lèvres en une moue boudeuse.

-Ce n'est tout de même pas ma faute si tu n'as pas choisi des engrenages assez résistants, marmonne-t-elle.

-Les engrenages ne sont pas conçus pour résister aux chutes de plus de dix mètres, répliquais-je calmement (enfin en essayant de rester calme ).

                     Elle ne répond pas, je ne vais pas insister. Le dirigeable d'ébranle, crache des jets de vapeurs qui s'évanouissent dans l'air, puis s'élève dans le ciel doré lentement, doucement.

-"Ça doit être ça qu'il appellent "monter au ciel "", pensais-je.

                      Quelle sensation merveilleuse...

                       Un petit gémissement me ramène à la réalité, Perle s'est pelotonnée dans les replis de mon écharpe rapiécée et marmonne des mots sans suite.

-"J'ai peur j'ai peur j'ai peur jaipeurjaipeurpeurpeurpeur..."

                         Elle s'est endormie.

(Damn, je sais pas avec quoi enchaîner et 225 mots n'est définitivement pas assez )



         -"Regarde.

-Quoi ? Où ça ?

-Le garçon avec des cheveux bizarres.

-Tu crois que ç'est un fantôme, maman ?

-Ne l'approche pas, Jackson, tu vois bien qu'il n'est pas normal."


                Allez tous vous faire foutre avec vos "normal". Depuis quand y-a-t 'il une norme ? Je n'ai jamais choisi d'être comme ça, je n'ai jamais demandé à mourir, car je ne me suis sûrement pas suicidé. On non, je ne me suis pas suicidé, je ne sais pas où les âmes des suicidés vont et ça me fait peur. Pour être franc, je commence à être fatigué, si fatigué... Dormir me manque, sentir quelque chose de chaud palpiter doucement au creux de ma poitrine me manque. Les regards étrangers, inquisiteurs des gens me pèsent.

                  Il faut que je bouge, sinon je vais hurler. Je sors de la nacelle et monte sur la plateforme  supérieure, le bois grince sous mes pieds et je peux sentir les vibrations de la salle des machines sous mes semelles. Je respire...

                    Le paysage en bas se découpe  au fur et à mesure que le dirigeable prend de la hauteur. Je peux voir à l'est la Forêt de métal, celle-là vous la connaissez déjà... Ah voilà, à l'ouest frémit la Forêt de papier où chaque fleur est faite du papier de riz le plus fin, au Nord se dressent les tours de bois en d'acier de la Capitale et au Sud s'étendent les Falaises. Les Falaises, c'est un endroit magnifique où tous les cours d'eau viennent se jeter dans la mer et le vent effleure sans cesse des longs fils de soie verte qui servent  d'herbe. On raconte que les Falaises cachent un endroit qui défie l'imagination mais je ne l'ai jamais  vu. Enfin, ce n'est pas faute d'avoir cherché.


-"Coucou!

Hein?

-Là, en haut !"

Je lève la tête.



LE SLEEPWALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant