Partie 22: tel fut prit qui croyait pendre

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               Je pivote très lentement sur mes talons. La petite pâtissière a mit le masque que je lui ait offert . Des ombres grises et écœurantes ont envahie la céramique pâle, las bouche dorée, les longs cils peints. Les feuilles d'or se craquèlent lorsque les lèvres s'entrouvrent pour laisser s'échapper un second souffle très léger.

-Sleepwalker.

-Ressort immédiatement de ce corps, démon. J'avale difficilement ma salive. Je suis un horloger, pas un exorciste.

-Je t'en prie, Sleepwalker, retiens ton geste. Je n'ai que peu de temps pour tout ce que j'ai à dire.

                  Franchement j'hésite. Je ne suis pas en position de force, mais si je ne fais rien, la jeune fille va mourir. Je ne connais que peu de choses sur les possessions et je ne m'attends pas à ce que ce démon quitte son corps bien gentiment. Que me veut-il? Parler? Ha! On voit bien que vous ne connaissez pas les démons.

                      Ce sont des être vils, froids, cruels, manipulateurs. Les plus puissants prennent une apparence humaine pour mieux tromper la foule, et les plus faibles se terrent dans les recoins les plus sordides de l'imagination humaine, guettant sans cesse une opportunité pour dévorer l'essence d'un innocent.

                     En clair ils ont faim en permanence.

-Attends, attends, attends, prononce précipitamment le démon, ce que j'ai à te dire est vraiment important pour toi et tes petits oiseaux.

                     Je desserre à contrecœur le poing du manche de ma faux et la range dans ma sacoche.

-Je t'écoute, marmonnai-je.

-Quelque chose arrive, un orage comme tu n'en as encore jamais vu. Prépare-toi, car il vient.

                    Je claque la langue d'un air agacé.

-Certes, mais tu ne m'apprends rien. Quel est le rapport avec les enfants.

-Ce ne sont pas des enfants.

                 Un ange passe.

-Je ne sais pas ce qu'ils t'ont dit pour que toi, le Sleepwalker, t'apitoies ainsi, et je ne veux pas le savoir, mais je dois de te mettre en garde. Ces deux petits dehors ne sont pas des enfants, ni des sujets du peuple de la nuit, et encore moins des humains. Nous autre les évitons comme la peste et je te conseille d'en faire autant. 

-C'est bon, tu as finis ? Bien, à mon tour. Je te pose deux questions, tu réponds, puis tu sors de ce corps sans laisser de séquelles à ton hôtesse.

-Oh, tu sais , tant que je ne me reçois pas de brulures d'argent...

-Sans laisser de séquelles, j'entends ne pas dévorer d'âme.

               Les feuilles d'or craquent et s'effritent alors que les lèvres s'étirent en un horrible sourire.

-Évidemment.

-Question un: qu'est-ce qui arrive?

-Pas "quoi", corrige le démon, qui. Mon Roi, le Roi du Peuple de la nuit.

               Mes neurones travaillent si vite que j'en oublie presque de lui poser la seconde question.

-Pourquoi m'avoir prévenu ? Manifestement, tu as pris beaucoup de risques pour venir me parler alors...

LE SLEEPWALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant