28.

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Je descendis à l'arrêt de car, mon gros sac de voyage à la main. Il faisait une chaleur à s'évanouir, heureusement que je ne l'avais pas oublié. Je baissai mes lunettes de soleil sur mes yeux pour me protéger des rayons. Je souris quand je vis le petit banc où je m'asseyais chaque matin, souvent dans le froid, pour attendre le bus. Ne voulant pas brûler sous le soleil tapant, je me décidai vite à marcher vers ma maison. Enfin, devrais-je encore l'appeler ainsi ? Je n'y vivais plus après tout, l'appartement d'Amélie était devenu mon chez moi.

Je pris ce petit chemin que j'empruntais au retour des cours. Je me souvins quand je ramenais Axelle après le collège pour dormir à la maison. Ma mère s'énervait toujours car je ne l'avais pas prévenue, mais elle finissait par accepter. Elle avait toujours apprécié Axelle. Elle aurait sûrement préféré l'avoir comme fille, au lieu de moi. Arrivée au lycée, j'évitais d'inviter des amies à dormir. Les devoirs étaient devenus une priorité même si je me laissais aller par moment et je sortais. Puis, après la troisième, nous étions tous partis dans des lycées différents, sauf Axelle et moi. Ça aurait été amusant de tous nous revoir, le temps d'une après-midi ou d'une soirée. Qu'est-ce qu'il aurait dit si je leur avais dit que j'aimais les filles ? M'aurait-il accepté, eux ? 

Trop de questions se mélangeaient dans ma tête que je n'avais pas remarqué que j'étais déjà arrivée devant la maison. Je passai devant le petit muret et j'en eu froid dans le dos. Ici, il y a plusieurs mois déjà, ma vie avait basculé à cause de Dimitri, et sa bande d'abrutis. Des coups, des insultes. Comment avais-je fait pour être aussi conne et me laisser faire face à cette agression ? Je secouai la tête pour éviter d'y penser. Je devais continuer d'avancer, et ne pas retourner en arrière. D'ailleurs, j'aurai dû regarder droit devant moi car je m'étais prise un mur. 

Face à la porte, je me demandais si je devais toquer ou entrer directement. Je n'eus pas à réfléchir longtemps puisque la porte s'ouvrit sur le visage accueillant de mon père. Il m'avait vu arriver par la fenêtre et était venu directement me voir. Il me serra dans ses bras et je profitai de ce moment de tendresse paternelle. Je ne l'avais pas vu depuis que j'étais parti et il m'avait tant manqué.

" Comment vas-tu ma chérie ? s'exclama t-il, mon dieu tu as grandi !

- Tu n'as pas changé toi, riai-je.

- Rentre, ton frère est dans le salon.

- Maman est là ?

- J'ai fais un gâteau pour ton retour parmi nous !"

Il avait ignoré ma question, comme si je ne l'avais jamais posé ou qu'il ne l'avait pas entendu. Avait-il quelque à me cacher ?

En effet, Gauthier était dans le salon et s'était levé dès que j'étais entré dans la pièce. Je pus remarquer que ma mère n'était pas là. Peut-être qu'elle ne voulait pas me voir. Ça aurait expliqué pourquoi mon père ne m'avait pas répondu. Je chassais ses suppositions de ma tête et répondis à l'étreinte de mon frère. Je l'avais vu depuis le déménagement mais ça me faisait un plaisir de le revoir.

" Content de te voir, s'écria t-il en frottant son poing contre ma tête.

- Ça fait mal, rétorquai-je."

Cela me faisait bizarre de revenir dans cette maison et de tout redécouvrir. J'avais l'impression d'être partie durant des années et que ce n'était plus mon chez moi. C'était comme si je visitais, que je m'introduisais chez quelqu'un. J'avais même hésité avant de monter à l'étage pour installer mes affaires dans ma chambre.

Rien n'avait changé, comme si le monde s'était arrêté de vivre à l'intérieur de ma chambre. Les dessins accrochés au mur n'étaient pas tombés. Mes figurines sur la commode n'avait pas bougé d'un poil et étaient juste imprégnées de poussière. Je m'approchai de ma table de nuit et aperçus deux cadres photos.  Je les regardais attentivement. L'un était une photo de groupe de mes amis. Cette petite bande me manquait, j'avais hâte de les revoir durant la semaine. L'autre cadre, Ella et moi. Je souris et sortis la photo. Je la déchirai avant de la jeter dans la poubelle puis je laissai le cadre vide sur la table. Je sentis mon téléphone vibrer et je me dépêchai de le prendre.

Laissez Moi Aimer - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant