Laissez Moi Aimer - Tome 2

27.

J'avais eu du mal à retrouver mon chemin. Heureusement qu'un homme d'une quarantaine d'année, qui passait par là, m'avait aidé. J'avais tracé, comme si une énorme vague derrière moi me poursuivait et je ne devais pas finir noyée.

J'arrivai finalement à mon immeuble, étouffée telle une athlète suite à une course aux jeux olympiques. Le sport n'était vraiment pas fait pour moi. Je repris mon souffle avant d'entrer dans le hall, vide. Elle n'était pas là. Je montai les marches de l'escalier lentement jusqu'à mon étage. J'avais été obligée de tenir fermement la barrière accrochée au mur pour ne pas m'écrouler. Je me demandais comment mon frère faisait pour aller courir tous les dimanches matin et être toujours en forme. Un vrai sportif, tout le contraire de moi. Il était parfait. Tout le monde aimerait de l'avoir comme ami. N'importe quelle mère rêverait d'avoir un fils aussi formidable que lui. Aucune fille ne résistait à son charme. Pourquoi n'étais-je pas comme lui ? Pourquoi ma mère ne m'avait-elle pas autant aimé ? A cause de mon homosexualité et de mon refus d'être comme les autres filles. Et si Gauthier avait été gay, aurait-il été envoyé à l'autre bout de la France, exclu de tous ses repères ?

Je ne mis même pas dix minutes à atteindre le couloir de mon étage. Je le parcourus et m'arrêtai quand je la vis assise contre la porte. Morgane était concentrée sur son téléphone, se rongeant ses ongles. Elle avait ses écouteurs dans ses oreilles et tapait du pied, sûrement en rythme avec la chanson qu'elle écoutait. Elle ne m'avait toujours pas vu arriver et je ne savais pas si je devais taper sur son épaule pour lui montrer ma présence. Je préférais la regarder. Ses longs cheveux étaient tressés, créant un mélange magnifique entre ses mèches noires et mauves. Un de ces écouteurs tomba de son oreille et elle se pencha pour le ramasser. C'était à cet instant qu'elle me vit enfin.

"Merde, s'écria t-elle, je ne t'avais pas même pas vu. Désolé.

- Ce n'est rien, m'exclamai-je en souriant béatement, tu es là depuis longtemps?

- Depuis que je t'ai envoyé le message."

Elle se leva et avant de s'approcher de moi, elle me regarda fixement. Elle m'analysa de ses yeux sombres, en passant des pointes de mes cheveux à mon lacet de chaussures. Je levai un sourcil, signe d'incompréhension, mais elle n'y fit pas attention. Puis, sans un mot, elle vint déposer ses lèvres contre les miennes. Je sentis soudain mes joues s'enflammer. Ce baiser ne dura que quelques secondes.

"Pourquoi voulais-tu me voir ? lui demandai-je.

- J'en sais rien. J'avais ce besoin de te voir."

Je l'embrassai à nouveau, puis je lui pris la main et ouvris la porte de l'appartement. Elle était fermé à clé, personne n'était là. Amélie n'allait pas tarder, mais nous avions quand même un peu de temps seules. Je décidai de l'emmener dans la chambre. Je l'invitai à s'asseoir sur mon lit et elle s'exécuta sans un mot.

" Tu veux regarder un film, écouter de la musique ou... Je ne sais pas, propose, lançai-je."

J'étais soudainement gênée, elle m'intimidait tellement. Mon coeur ne cessait de battre, j'avais l'impression qu'il allait exploser. Je bégayai à chaque parole que j'osais prononcé. Elle me tendit la main pour que je vienne la rejoindre.

" Calme toi, s'exclama t-elle en me caressant le bras de ses fins doigts, je compte pas rester longtemps de toute façon.

- Alors pourquoi tu m'as envoyé un message? Je veux dire, on aurait pu se parler demain. Tu avais si besoin de me voir?"