18.

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Trois jours que j'étais détruite, écroulée sur ce matelas. Trois jours que j'avais vu cette fichue photo. Je n'avais aucune nouvelle de la pourriture que je pouvais désormais appeler mon ex. Je n'aimais pas ce mot, je ne voulais même pas me rappeler que j'avais eu une relation avec cette fille. Axelle s'était excusée mainte fois par messages. Mes amies avaient bien vu le rapprochement entre elles, cette nouvelle qui volait ma place et Ella, celle qui m'avait rendue heureuse pendant des mois. Cependant, ma meilleure amie n'osait pas m'en parler, pourtant j'aurais préféré que de l'apprendre en voyant cette photo.

On était bien ensemble. Pourquoi en même pas 3 semaines elle m'avait oublié ? Me laissant seule avec ma faiblesse. Je me rappelais sans cesse de nos moments passés à deux, mais je la haïssais. J'en voulais au monde entier mais surtout à moi-même. Quelle conne j'avais pu être, croire que malgré la distance, notre couple resterait solide. Peut-être que je le méritais.

Je me levai difficilement du lit, me retenant au barreau du lit d'Amélie pour m'empêcher de tomber. Je sortis de la pièce pour me diriger dans la salle de bain. Lorsque je traversais le salon, Amélie était là, me suivant du regard. Elle s'inquiétait tellement pour moi, la pauvre. Ou alors, elle en avait marre de moi, de voir une larve entourée de mouchoir dans un lit. Amélie m'adressa quelques mots, mais je n'écoutais pas. 

J'entrai dans la salle de bain, je n'allumai pas la lumière, préférant rester dans ce noir. Je me dirigeai grâce au misérable rayon de lumière qui traversait le store de la fenêtre. Je me déshabillai et lançai mes affaires sales dans le panier. Je posai un pied dans la douche et sentis l'eau froide sous mes pieds encore présente. J'activai l'eau et me douchai lentement sous l'eau chaude. J'appréciai la chaleur que frottait chaque parcelle de ma fine peau. Je sortis, je ne pouvais pas rester éternellement ici. Je me coiffai rapidement et m'habillai juste avec un jogging large et un débardeur proche du corps. Toutes ces actions se firent dans le noir, je ne voulais pas voir ce visage fatigué et abattu que je ne reconnaîtrais pas.

Je passai par le salon et Amélie me fit encore une remarque que je n'écoutais pas. Entrée dans la chambre, je pris l'ordinateur de ma cousine et l'emportai avec moi dans le lit. Je cherchai un film permis une centaine gravé dans le disque dur de l'ordinateur. Je n'eus même pas le temps de cliquer sur le film choisi que mes paupières se fermèrent seule et ma tête se déposa sur la douceur de l'oreiller.

*

Des douces lèvres se posèrent sur ma joue. Cette sensation me sortit de ce léger sommeil. Alors, tout ça n'était qu'un horrible cauchemar ? Jamais je n'avais bougé de chez moi, jamais je n'avais quitté ma famille et mes amis. Jamais Ella ne m'avait abandonnée, au contraire, elle était là, à mes côtés. Elle m'aimait.

" Ella ? me sentant à l'aise, je marmonnai son prénom.

- Ah non, je suis pas une pute."

J'ouvris les yeux et m'appuyai sur mes coudes en sursaut: la voix d'Amélie. Elle vit que je fus surprise, et assez agacée aussi par cette remarque. Je me rallongeai sur le matelas, sur le ventre, sans dire un mot plongeant mon visage dans mes bras. Je sentis la main de ma cousine se glisser sous mon débardeur pour venir caresser mon dos. Elle ne pouvait pas dégager? Je voulais être seule. Je remuais un peu le corps pour lui montrer que je voulais qu'elle parte de la chambre, mais elle restait. Je soufflai.

" Sacha... ça fait combien de jours que tu n'es pas sortie ? me demanda t-elle, l'air inquiète.

- Je ne sais pas, lui répondis-je d'un ton des plus froids.

- Même maman s'inquiète pour toi, elle a voulu appeler tes parents hier. Tu n'aimerais pas qu'ils se fassent du soucis pour toi, hein ?

- Qu'est-ce qu'ils en ont à faire de moi ? Ils m'ont mis à la porte, m'ont emmené à des kilomètres, où je n'avais personne.

- D'accord, peut-être pas tes parents mais... Pense à ton frère, ouais, tu l'aimes bien ton frère ?"

Je ne répondis pas mais tournai la tête vers ma cousine. Elle me fixait avec ses yeux bruns et ses sourcils arqués, je lui faisais de la peine. Amélie ne me ressemblait pas du tout, elle avait la peau un peu plus bronzée que la mienne et des cheveux foncés et légèrement ondulés aux pointes. 

Un lourd silence s'installa entre nous. Je passai un doigt sous mes yeux: des larmes sèches. Je me demandai encore si, après ces jours à pleurer sans cesse, j'avais encore assez de larmes pour continuer. Un rire provenant du salon me fit quitter mes pensées, depuis combien de jours n'avais-je pas ri ? Amélie s'était d'abord tournée vers la porte, puis s'était levée vers celle-ci et, avant de l'ouvrir, elle me dit:

" En fait, je n'étais pas venu pour te parler... Je voulais juste t'informer que des personnes voulaient te voir."

Elle sortit en laissant la porte entrouverte. Je la regardai mais personne n'entrait. Je compris alors, qu'il fallait que je me lève de moi-même. C'était ce que j'allais faire quand je réfléchis un instant: qui sait, c'était un piège, juste un prétexte pour me lever. Je n'eus pas pas le temps de continuer à réfléchir car la porte s'ouvrit sur cette petite tête brune. J'écarquillai les yeux, elle était là, elle avait fait tant de chemin juste pour moi? Je me levai, ne pensai à rien, et courus presque jusqu'à ma meilleure amie.

" Putain Sacha !! s'écria t-elle quand je m'effondrai dans ses bras, ce qui était bizarre vu qu'elle était beaucoup plus petite que moi.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ? demandai-je entre deux sanglots, j'avais encore des larmes finalement.

- Je suis venue te voir, toi, je m'inquiétais tellement pour toi ma chérie, elle prit mon visage entre ses mains et embrassa ma joue avant de me reprendre dans ses bras.

- Et elle n'est pas venue seule."

Je vis Thibault entrer dans la pièce à son tour, Axelle me lâcha enfin pour que Thibault passe son bras autour de mon épaule et frotte son poing doucement sur mon crâne.

" Alors p'tite tête, surprise ? s'exclama t-il en me serrant encore plus contre lui.

- Un peu, dis-je en essuyant les larmes qui coulaient sous mes yeux, mais comment vous êtes venus?

- Avec le scooter de Thibault, répondit Axelle, plus jamais je remonte sur ce truc d'ailleurs, c'est un danger public ce mec.

- Et vous restez jusqu'à quand?

- On passe l'après-midi avec toi et moi je dors ici tandis que Thibault rentre, je partirai demain en fin de journée en train, m'expliqua Axelle

- Merci d'avoir pensé à moi.

- Ce n'est pas nous qu'il faut remercier, mais ta cousine, s'exclama Thibault, je tournai la tête vers la porte et vis Amélie qui nous observait, elle me fit un signe de la main, elle nous a contacté sur Facebook et nous a parlé de ton état.

- On était obligé de venir, pour te réconforter un peu. On savait que ça te ferait du bien, continua Axelle."

Je souris, un vrai sourire. J'étais heureuse de retrouver mes deux amis, cependant quelqu'un manquait à l'appel. Au fond de moi, j'aurai tellement aimé qu'Ella soit là. Mais je devais être réaliste, elle m'avait oublié, elle ne reviendrait jamais.

Laissez Moi Aimer - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant