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" Gauthier ! Tu pourrais faire moins de bruit dans les escaliers, ta soeur dort !

- non papa, tu te trompes, pensais-je à voix haute, je ne dors plus."

Réveillée par les bruits de pas de mon frère, semblables à ceux d'un éléphant, je me forçai à ouvrir les yeux pour allumer mon téléphone st découvrir qu'il était déjà midi passé. De plus, je pus remarquer la présence de nombreux messages tous provenant de la même personne: Ella, ainsi que deux d'Amélie. Je décidai d'ouvrir seulement ceux de ma cousine pour le moment. Je ne voulais pas polluer mon cerveau de mauvaises ondes dès le matin.

De Amélie: Bon anniversaire !!!

De Amélie: Ah merde, mauvais numéro ! DÉSOLÉ COUSINE !

Premier sourire de la journée obtenu grâce à ma cousine, un peu tête en l'air sur les bords. 

Après avoir passée quelques minutes sur les réseaux sociaux, je décidai de me lever de ce lit si confortable. Mes habits de la soirée chez Thibault, il y a deux jours, étaient encore étalés sur mon parquet. Je m'étais empressée de les enlever à peine étais-je rentrée. J'attrapai un bas de survêtement plié dans ma vielle armoire et l'enfilai pour descendre rejoindre ma famille. Je me demandais si ma mère était là, mais j'en doutais. Depuis que j'étais revenue à la maison, je ne l'avais pas vue une seule fois. Pourtant je savais qu'elle était là, le soir quand j'étais allongée en boule dans mon lit, cherchant désespérément à m'endormir. Habitude si difficile car j'étais hantée par sa voix provenant du salon. Cette voix si dure, celle qui avait réussie à m'arracher de tout repères. Je n'arriverai donc jamais à oublier ces mots ? 

Je descendis doucement les escaliers, contrairement à mon frère. Mon père était seul dans la cuisine, sirotant son café matinal pendant qu'il cherchait un article intéressant dans le journal. Je m'assis à ses côtés sans rien dire, il était si concentré dans sa lecture qu'il ne me remarqua pas. Je me servis d'une pomme dans le bol de fruits et me tournai vers mon père pour lire avec lui le journal. Je pus voir rapidement, avant qu'il ne tourne la page, qu'un homme de quarante ans avait tué sa femme pour cause d'adultère, et l'amant avec. Ce n'était que pure vengeance, disait l'accusé. Je me demandais alors si je serais capable d'un acte si cruel, car mon cœur avait été brisé. Je pensais à Ella, mais ce serait au dessus de mes forces physiques mais aussi mentales. Après la soirée, nous n'avions pas eu l'occasion de se parler. J'avais essayé un maximum de l'éviter. Axelle m'avait aidé pour ça, elle était restée avec moi toute la nuit car elle avait jugé que je me mettais trop à l'écart du groupe et qu'elle ne voulait pas que je me sente seule. Je lui avais rapidement parlé de ce qu'il s'était passé dans la salle de bain, elle m'avait simplement écouté et ne m'avait rien dit. Elle n'avait pas insulté Ella, ni même moi pour la bêtise humaine que j'étais. Bien trop désespérée pour oser me poignarder, avait t-elle dû penser. Et moi, bien trop brisée pour aimer correctement. Il fallait m'y faire, l'amour sous toute ses formes, n'était pas fait pour moi. Je ne saurais aimer quelqu'un à cause de ma mère et personne ne saurait m'aimer car... La raison m'était inconnue. Je n'avais juste, aucune chance. Aucune chance pour que mon pauvre cœur soit calmé par de chaudes mains.

" Ta mère est là."

Je ne m'attendais pas à ce que mon père prenne la parole. J'étais si concentrée dans mes pensées que je n'avais pas entendu la porte s'ouvrir et les lourds talons de ma mère claquer contre le carrelage de la cuisine. 

" Je pense que vous devriez avoir une conversation sérieuse."

Il se leva sans même me regarder et jeta sa tasse dans l'évier avant de quitter la pièce. Je me retrouvais alors seule avec ma mère qui ne tarda pas à me rejoindre. Elle n'avait pas changé, toujours ce regard affreux porté sur moi. Le même qu'elle avait quand elle m'a exclu de la maison. Aucune de nous ne parlait, et je ne comptais pas faire le premier pas. Ce n'était pas à moi de m'excuser d'aimer, mais plutôt à elle de ne pas accepter sa fille comme elle est. J'aurais pu lui dire qu'à cause d'elle et de sa non-tolérance, j'avais perdu toute confiance en moi et tout bonheur envisageable. Mais tout ce qu'elle entendrait, c'était que je n'étais plus en couple avec une fille. Je ne la regardais même pas dans les yeux, mais je savais qu'elle, elle me fixait. Je pris mon téléphone qui était sur la table devant moi et ne me cachai pas pour regarder les messages non lus qu'Ella m'avait envoyé. Ma mère s'était faufilée à une vitesse folle vers moi pour m'arracher mon téléphone. Elle ne prit pas la peine de le regarder et le posa sur le plan de travail. Une chose avait changé, elle ne fouillait pas dans mes affaires.

Laissez Moi Aimer - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant