32.

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Je posai mon dernier vêtement dans ma valise avant de la boucler définitivement sous le regard attentif de mon frère. C'était la deuxième fois que cela se produisait, que l'on m'arrachait à mes repères. Cette fois-ci était cependant moins brutale que la première puisque désormais une partie de ma vie était niché chez ma cousine. Je reviendrais, du moins j'espérais. Si je suis encore en vie, si mon coeur tiendra le coup, après tous ces coups de poignards.

Axelle avait prit la peine de se déplacer sur le quai de la gare pour me voir partir. Elle était en compagnie de mes parents et Gauthier. Je n'avais pas reparlé avec ma mère depuis notre discussion de l'autre jour, je n'en avais pas eu envie, et j'imaginais qu'elle non plus. J'aurai aimé parler plus avec Dimitri durant cette semaine, mais je n'avais pas eu l'occasion. De plus, j'avais peur de le briser plus qu'il ne l'était déjà. Quand je l'avais pris dans mes bras, il tremblait comme un chien qu'on aurait battu à mort.

J'étais dans le train, Axelle était venue me faire un dernier câlin me promettant qu'elle reviendrait passer un week-end chez Amélie. Je lui souris avant de la voir disparaître. Le train avança, laissant dernière moi, ma famille et le souvenir de mes larmes coulant lorsque je les ai quitté la première fois. J'aurai aimé rester un peu plus longtemps avec eux, mais ma cousine me manquait également.

Je repensai alors à ce que m'avait dit ma cousine au téléphone l'autre jour, suite à ma conversation avec ma mère. Elle m'avait conseillé de lui dire, avant de partir, que je préférais les filles d'une façon crue. C'était une bonne idée de lui dire clairement que j'aimais les filles, mais pas de cette manière bien trop déplacée pour ma mère. Je sortis mon téléphone et laissai les doigts pianoter sur le clavier.

Sacha: Il est peut-être trop tard pour te le dire mais, j'aime les filles. Je les aime comme n'importe quelles adolescentes pourraient aimer un garçon. Et peu importe ton avis, tu devras t'y faire. Tu m'as déjà arraché à mes amis, ma petite amie mais tu ne pourrais détruire éternellement l'amour que j'éprouve.

Je n'avais pas hésité à appuyer sur envoyer. Tant pis si elle ne répondait pas, tant pis si elle le prenait mal. Je n'en avais plus rien à faire. Je voulais vivre ma vie, pas survivre. Je posais ma tête contre le dossier du siège et fermai les yeux pour les reposer. Dans cinq heures, je serais de retour à l'appartement et je devrais faire face à de nouvelles choses.

*

Mes paupières se mirent à bouger doucement, réveillées par la sensation d'une main sur ma joue. Elles s'ouvraient complètement quand j'entendis la voix d'une mère reprendre son enfant.

" Julie, laisse cette jeune fille tranquille s'il te plaît."

Je frottai mes yeux pour remarquer, à ma gauche, qu'une enfant d'environ quatre ans bien agitée, avait essayé de me réveiller. Sa mère s'excusa pour son comportement et je lui dis que ce n'était rien, que sans elle je ne me sans sûrement pas réveillé et aurait raté mon arrêt. En effet, le train s'était arrêté et je pus voir ma cousine sur le quai, avec un grand garçon à ses côtés qui n'était autre que Hayden.

Je descendis les quelques marches difficilement à cause du poids de mon bagage. Hayden accourut afin de m'aider à porter. Je le remerciai en lui faisant le plus beau des sourires, faux. Amélie nous rejoignit, en sautillant presque tellement elle était heureuse de me revoir.

"Ma cousine préférée, s'écria t-elle faisant se retourner toutes les personnes présentes sur le quai, ne repars plus jamais, c'est si ennuyeux sans toi !"

Laissez Moi Aimer - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant