24.

8.7K 756 189
                                    

Morgane enleva le noeud de ma cravate et laissa pendre les deux parties du tissu à mon cou. Elle déboutonna le col de ma chemise et, réalisant la situation, je plaçai mes deux mains sur ses épaules et la poussa en arrière. Manquant de tomber suite à la force que j'avais émise, elle se retint à la poignée de la porte.

Les images de la matinée me revinrent à l'esprit, l'impression de revivre ce douloureux instant. Mais ce n'était que Morgane, je savais qu'elle ne me voulait que du bien, alors pourquoi avait-elle commencé à me déshabiller ?

Je tremblai tellement que le tabouret sur lequel j'étais assise cognait contre le sol de la salle. Morgane revint vers moi et posa sa main sur ma joue en la caressant avec son pouce. Elle me dit, avec sa voix si douce et j'eus comme une flamme grandissant à l'intérieur de ma cage thoracique, ces quelques mots:

" Ne t'inquiète pas."

J'avalai difficilement ma salive, une boule d'angoisse s'étant créé depuis ce matin dans ma gorge. Mon amie prit un tabouret sous un bureau et l'installa à mes côtés pour s'y asseoir. Elle me regarda avec ses yeux sombres mais si brillants, semblables à un ciel de nuit étincelant d'étoiles. Elle profita de mon moment d'égarement causé par la beauté de son regard pour soulever doucement le bas de ma chemise. Je me rapprochai d'elle, et me blottis contre elle, plongeant ma tête dans son cou. Elle enroula un de ses bras autour de moi, et entreprit des caresses sur ma hanche. Je me mordis la langue quand elle toucha une brûlure.

"Qui t'a fait ça ? s'exclama t-elle."

Je ne répondis pas et me contentai de pleurer, à croire que je ne savais que faire ça. Elle me repoussa un peu et enlevai la totalité des boutons de ma chemise, mes joues virant aux rouges tant la gêne était présente. Je la laissai faire, j'avais comme confiance en elle. Elle ne souhaitait que regarder mes brûlures, en comprendre la raison.

" Qui a fait ça Sacha? Bordel, réponds ! s'écria t-elle en me secouant légèrement.

- P-personne, je réussis enfin à dire un quelque chose."

Elle soupira fortement et me quitta du regard, elle semblait énervée et je la comprenais. Pourquoi réagissais-je toujours de cette manière ? Pourquoi évitais-je sans cesse les questions qu'on me posait ? On s'inquiétait pour moi, et je n'osai même pas faire part de mes souffrances. Je préférais rester cacher dans l'ombre de ma douleur. Mais je devais arrêter et me livrer. Je me rappelais soudainement de ma vie d'avant, car oui elle appartenait désormais au passé. Quand je me faisais harceler par Dimitri, j'aurai dû en parler à Ella. Celle-ci savait très bien que quelque chose n'allait pas, mais je mettais toujours ça sur le dos de la fatigue. Soudain, Morgane me prit dans ses bras et me serra si fort que le contact de son corps contre le mien, pourtant bondé de marques douloureuses, me faisait du bien et me rassurait. Elle me caressa frénétiquement le dos, tentant de me réconforter. Pourquoi s'intéressait-elle à moi ? Qu'avais-je de si spécial pour qu'elle veuille m'aider ? J'étais si stupide de baisser les bras.

"Je veux mourir, j'en peux plus,  chuchotai-je à bout de force.

- Est-ce que c'est Ella, ou Dimitri ? Qui t'a fait du mal ? Dis moi, répondit Morgane en encerclant toujours plus fort mon pauvre corps dépourvu de force.

- Tout le monde Morgane, tous me font du mal, tous violent mon esprit."

A ce même moment, la sonnerie retentit et Morgane, sans un mot, se détacha de moi pour se pencher et prendre sa veste qu'elle avait récemment enlevée. Elle s'apprêtait à l'enlever quand je la tirai par la manche de sa chemise. Je ne voulais pas qu'elle reste trop loin de moi, qu'elle s'en aille, qu'elle m'abandonne. C'était peut-être, voire sûrement, la personne que j'appréciais le plus ici, celle avec qui je me sentais le mieux. Quand je voyais cette lueur dans son regard, je voyais l'espoir s'offrant à moi. Elle tourna sa tête vers moi et me sourit en me tendant la main. Je devais encore une fois prendre mon courage et me lever pour aller en cours. Je soupirai puis souris en coin en attrapant sa main, que je ne quittai pas jusqu'à notre sortie de la salle de classe. C'est plutôt niais ce que je vais dire mais, il n'y avait pas une seule seconde où je n'avais pas eu envie de poser mes lèvres sur les siennes. 

Laissez Moi Aimer - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant