Chapitre quinze

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Le bébé pleurait. Encore.

« J'ai tout essayé, Sky ! » Explosa Slender, et la jeune humaine de cinq semaines dans ses bras se mit à pleure encore plus fort. « A chaque fois que je la tiens dans mes bras, A CHAQUE FOIS, elle se met à crier ! »

Soucieuse, je lui prenais Robin des mains, la berçant doucement pour essayer la calmer. Ses cris n'était clairement d'aucune aide pour mon mal de tête. « Elle est tout le temps en train de pleurer, Slender. C'est un bébé. C'est ce que les bébés font : ils pleurent. » Je soupirai.

Il secoua la tête. « Toi au moins tu sais la calmer ! » Il grogna de frustration. Ironiquement, les pleurs de Robin se calmèrent à cet instant précis, laissant place à de petits bruits ensommeillés.

Je levai les yeux au ciel. « Appelle ça l'instant maternel ou une connerie du genre. » Répondis-je, tout en continuant de bercer doucement le nourrisson.

Slender grogna en passant sa main sur son visage, il semblait tellement vulnérable, je pensais ne l'avoir jamais vu dans cet état. L'atmosphère autour de nous avait changé, je pouvais sentir à quel point il était frustré par la situation. Je pouvais de nouveau voir en lui cette âme perdu, son côté inhumain qu'il ne laissait jamais paraître devant moi. En devenant un couple, il avait apprit à vivre comme un humain auprès de moi. Il agissait tel quel. Mais dans ces rares moments où il baissait sa garde, je pouvais voir à quel il était tout sauf humain, et à quel point c'était difficile pour lui. Je pouvais le voir tel qu'il était à notre rencontre : Sauvage, indomptable, incompréhensible,déconcertant, inhumain.

Être parent était une expérience aussi inédite pour lui que pour moi, mais je voyais très bien qu'il avait tout de même plus de mal que moi à s'en sortir.

Quelques temps avant la naissance de Robin, alors que nous ne savions même pas si elle aurait une apparence humaine ou non, Slender m'avait expliqué les particularités des enfants de son espèces, et comment ils étaient élevés. L'histoire en elle-même avait suffit à me faire accrocher, mais le fait qu'il ne me parlait jamais de son passé, de sa famille ou rien que des gens de son espèces accentuait encore plus mon intéressement.

« Les enfants de mon espèce sont très différents des enfants humain, en dehors des tentacules et des traits inexistant, » M'avait-il dit. « Mon espèce...Nous naissons forts. Assez forts pour tuer, et nous naissons avec une intelligence développée. Notre sens de l'intuition est lui aussi beaucoup plus développé que chez les humains. Notre nature de chasseurs rivalise avec celle des prédateurs. Nous sommes nés pourchasser nos proies. Même si il faut quelques années d'entraînement avec que nous puissions chasser avec succès. Il faut du temps pour acquérir les compétences nécessaires. Nous sommes également très...caractéristique. Chaque personne vient au monde avec un trait de caractère qui la caractérise, c'est très souvent génétique. Le plus commun, bien sur, est l'amour du sang. Ceux qui ont ce trait de caractère sont comme moi, » Il m'avait brièvement adressé un sourire, découvrant ses dents pointues. « Ensuite,il y a ceux comme Splendor, qui sont connus pour leur charisme et leur énergie incontrôlable. Ou ceux comme Trender, qui ont certains talents ou compétences. »

« Tu parles comme si vous trois vous n'étiez pas les seuls. » J'avais répliqué, lentement, mon esprit ayant du mal à assimiler l'idée qu'il existait peut-être d'autre personnes de son espèce.

Il avait le regard, un air presque triste sur le visage. « C'était le cas avant, il y a bien longtemps... »

Je me mordais la lèvre, me demandant ce qui avait pu arriver de si grave pour qu'il paraisse aussi triste.« Qu'est-il arrivé ? » J'avais demandé, doucement.

Il soupirait. « Je ne sais pas...Mes parents n'étaient pas assez là pour me l'expliquer, ni même à mes frères d'ailleurs. Avant leur mort, ils n'étaient pas exactement le genre de parents à raconter des anecdotes. Aucun parent de mon espèce n'est de ce genre, à vrai dire. Cela va à l'encontre de notre nature, de notre instinct. C'est pour rendre les enfants plus forts, il paraît. Les parents de mon espèce aident leurs enfants à chasser jusqu'à ce qu'il sachent le faire eux-même.Ensuite, ils les abandonne. » Slender passait sa main sur son visage d'un air stressé. « Ce n'est pas dans notre nature d'être de bons parents. » Il avait ajouté.

Cette dernière phrase me frappait de plein fouet. Voilà ce qui dérangeait tant Slender, il avait peur de ne pas être un assez bon père pour Robin. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il faisait puisque personne ne lui avait jamais apprit comment faire. J'ai grandi dans une famille aimante, et j'ai toujours vu mes parents s'occuper de mon petit frère. Slender était d'ailleurs le plus jeune enfant de la famille, il n'avait donc jamais eu d'exemple à suivre. Ses parents n'étaient clairement pas des modèles d'amour parental et ils étaient mort trop tôt pour lui apprendre quoique ce soit. Si ce qu'il avait dit sur les gens de son espèce était vrai, alors lui non plus n'avait pas d'instinct paternel.

Je m'avançais avant de me pencher vers lui, notre enfant entre nous. « Ça ira, » Je tentais de le consoler. « On va apprendre à s'en sortir tous les deux. »

« Mais ma toute petite, et si...Et si elle ne m'aimait pas ? » Il murmura. « Et si c'était la raison pour laquelle elle crie tout le temps lorsque je la tiens dans mes bras ? »

« Slender, ne sois pas ridicule. »

« Je suis un tueur d'enfants, Sky. Et si elle le sentait ? »

« Elle ne peut pas le sentir... »

« Je suis un monstre. Et sic'était la seule chose qu'elle voit en moi ? C'est peut-être pour ça qu'elle pleure sans arrêt ? »

J'ouvrai la bouche, prête à répliquer, mais la refermai aussitôt. Je n'avais rien à répondre.Bien évidemment, je savais que Slender n'était pas un monstre. Mais comment pouvait-il croire qu'un enfant pouvait sentir que l'homme sans visage qui semblait si drôle ne l'était pas tant que ça ?

« Tu dois te sortir ça de la tête,» Je répliquai finalement. « Peu importe comment elle te voit à cet instant, elle est trop jeune pour comprendre. Quand elle sera plus âgée, elle t'aimera. »

« Comment le sais-tu ? »Demanda t-il, d'un air sombre.

Sur la pointe des pieds, je venais planter un baiser sur sa joue. « Parce que tu es son père.C'est dans sa nature de t'aimer, » Répliquais-je. « Tout comme c'est dans ma nature de t'aimer. »

A mon plus grand soulagement, un sourire prenait enfin place sur son visage. « Je t'aime aussi, ma toute petite. »

Je lui glissais le bébé dans les bras, cette dernière ne pleurant plus. Il regardait Robin, et celle-ci le regardait. Les yeux de fantômes face aux yeux inexistants. Doucement, comme si elle était en verre et prête à casser à tout moment, Slender la déposa confortablement contre sa poitrine. « Et toi aussi je t'aime, ma plus petite des toutes petites. Même si toi tu ne m'aimes pas. » Il murmura avant devenir déposer un baiser sur le sommet de son crâne.

Malheureusement, c'est à ce moment que Robin se mit de nouveau à pleurer.


ENCORE.  

A Slender Child / Traduction française.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant