Connexion #48

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On est dimanche. L'écrit, c'est pour demain ! J'ai reçu un message de Jonah dans la matinée. Il est allé faire un tour dans le sud de la France avec Sawyer et m'a fait un rapport complet de l'état de la propriété.

« Allô ? Bon, il est onze heures du mat', j'imagine que tu dois être en train de réviser assidûment ton BAC de Français, hein ? »

Il sait que je suis toujours couchée, à cette heure-là...

« On a vu un peu de quoi il en retournait. C'est pas mal du tout. Alors c'est paumé, en hauteur – tu as une vue magnifique – il y a une sorte de cimetière anglais juste à côté, tu vas adorer, c'est très pittoresque... »

J'ai entendu la voix de Sawyer. Il aime bien ces vieilles choses :

« Tu vas voir, il n'y a pas une tombe de moins de cent ans ! C'est génial ! – Oui, Sawyer, elle verra quand elle y sera ! Bref, la piscine est large, à découvert, donc elle prend bien le soleil. Il y a une forêt de pins et une jolie promenade avec pleins d'endroits sympa comme tout. Le château est pas mal non plus, il y a un patio, un baby-foot, un ping-pong. Tu vas bien t'amuser... »

Comprenez : « ON va bien s'amuser ».

« La maison où vous habiterez c'est l'ancienne bergerie du château. Le propriétaire a même accepté de nous la faire visiter – ouais, on s'est fait passer pour de potentiels locataires... – elle s'en doute, Saw. Je crois que c'est un marquis. C'est pour ça que le terrain est si grand ! Alors il y a neuf vrais lits. Si vous vous arrangez bien, on peut dormir dans la maison, parce que certaines chambres sont très éloignées les unes des autres. Il y a aussi une sorte de petit salon avec des canapés où on peut se coucher, et c'est pratique parce qu'il est relié au reste du bâtiment par un balcon seulement. Bon je te laisse. – Attends, passe-la moi. Allô ? Oui, c'est Sawyer, Ove m'a demandé de te prévenir qu'il passerait dans la soirée. Je viendrai sans doute avec Boyd demain matin. Bon courage pour les révisions ! »

Avant que la communication ne soit coupée, j'ai entendu un marmonnement frustré :

« Jo, comment tu arrêtes ce truc ?! »

Avant le repas, le Scandinave a pointé le bout de son nez.

— Alors ? Tu révises dur ?

Aha ! Je me suis laissé dire qu'il n'avait peut-être pas trop mal pris la blague de Jin...

— C'que t'as fait la dernière fois, a-t-il alors ajouté, le refais plus jamais.

J'ai failli avoir des remords...

— De toutes manières, entre nous, maintenant, c'est la guerre, j'préfère te prév'nir tout d'suite.

— Ah ouais ? Ben tant mieux, je m'en fiche.

— Qu'est-ce que t'es en train de faire ! Oh, mais c'est pas vrai ! Merde ! Tu bosses encore !

— C'est pour le Bac. L'écrit c'est demain. Si tu n'as rien de mieux à faire, aide-moi à réviser. Sinon, fiche le camp.

— T'es aimable... J'vois l'tableau. I' faut t'détendre, enfin ! Tu veux même pas faire un bisou à tonton Oveeee ?

Il a dit « Ove » avec mon accent. Je n'ai pas compris, d'habitude, il déteste ça.

— Non, tu pues trop.

— Et ça prétend passer le Bac de Français... Tu veux un massage ? Du champagne ?

— T'es bourré ou tu le fais exprès ?!

— À ton avis... ?

Il m'a souri de toutes ses belles quenottes blanches. J'aurais dû m'en douter. Je le savais. Premier acte offensif du camp Ove : me mettre la pression la veille d'un exam'. Je le hais.

L'EscorteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant