L'Escorte

Connexion #61

Aujourd'hui, on va fêter l'anniversaire de Jin dans le vieux château. J'espère qu'il va être de meilleure humeur qu'hier soir, sinon, on n'est pas sorti de l'auberge, c'est moi qui vous le dis ! En fait, en fin de soirée, avec Ove, on s'est encore pris la tête, ce qui a empêché l'Asiatique de dormir. Là, c'est entièrement le Scandinave qui est à mettre en cause. J'étais bien tranquille en train d'écouter mon lecteur mp3, dans le noir, à la limite du sommeil, lorsque le Viking a commencé à donner des coups de pied dans mon matelas. Après quelques échanges de bordées d'injures bien nourries, j'ai voulu descendre de ma couchette. Au moment où j'ai posé le pied sur le sol, j'ai senti une poigne d'acier m'attraper un bras et une jambe pour me propulser sans ménagements sur mon lit. Du côté de Ove, j'ai entendu un « Oj ! », et le bruit mat que fait le corps de quelqu'un qui retombe sur son matelas. Résultat des courses, on n'a plus rien osé dire. Jin – il y a de grandes probabilités pour que ce soit lui qui nous ait empêchés de nous battre – a grogné :

— Navré d'interrompre vos petits jeux tout à fait puérils mais je suis fatigué.

— Tu n'as aucun humour, Jin, lui ai-je répondu.

— Tu veux que je me relève, gamine ?!

— Non, ça ira.

— Et je n'ai pas besoin, j'espère, de te rappeler comment ça s'est terminé la dernière fois que tu as voulu te frotter à Ove.

J'ai perçu un petit rire narquois, un mètre plus bas. Bon, okay, Jin n'avait pas totalement tort.

Le lendemain, j'ai cru que mes parents ne partiraient jamais. Ils ont pris la route à la même heure que d'habitude, mais j'avais vraiment envie d'aller voir mes Oncles ! Dès que j'ai été persuadée que mes parents ne feraient pas demi-tour, je me suis ruée au château. Ouf, pour une fois, ils m'avaient attendue ! Oublions le fait que Nuka effleurait langoureusement du doigt la surface d'un saladier de mousse au chocolat. En plus de la mousse, Docteur House et Jo avaient commandé un grand gâteau aux fruits confits. Rien de plus diététique.

Nous avons en conclusion dignement fêté la je-ne-sais-combientième année de présence sur terre de notre cher et estimé Chinois – au moins soixante. Jonah n'a pas voulu que je prenne du champagne. Il m'a dit qu'ils m'avaient acheté de la limonade et que j'aurais largement le temps d'apprendre à me saouler. Évidemment, je me suis faite chambrer par le reste de mes Oncles, mais Nuka m'a laissé boire en douce dans son verre, en levant les yeux au ciel.

Lorsque Jin a ouvert son cadeau, un miracle s'est produit. Il a été SATISFAIT. Non, sans rire.

— Oh. Aaaaaaah, ça, c'est une bonne idée ! C'est bien.

— C'est moi qui ai eu l'idée la première.

— Menteuse ! Sale petite garce de menteuse ! C'est Boyd qu'a vu les SmartBox en entrant dans la Fnac !

— Boyd ne savait pas ce que c'était, et tu peux me dire qui a eu l'idée d'entrer dans la Fnac ? Hein ? Sans moi, on serait encore dehors en train de...

— Mais c'est sûr ! Mademoiselle la Meilleure ! Le monde tourne autour de toi, c'est bien connu ! Putain, tu peux pas arrêter de tout ramener à toi ?! Y'en a marre à la fin ! Ras-le...

— Parfait, a finalement sifflé Jin, vous ne me réservez aucune surprise, au final ? Si vous avez fini votre show habituel, je crois qu'on va passer à la table de baby-foot, n'est-ce pas, Jo ?

Le géant et l'Asiatique ont eu un regard de connivence. Ils manigançaient quelque chose. J'étais à vrai dire un peu gênée de la tournure des événements. Surtout que Ove n'avait pas forcément tort...

Je ne m'étais pas trompée lorsque j'avais cru entrevoir une étincelle entre Jin et Jo. Pas du tout.

— Voilà ! a clamé Jonah une fois que nous avions tous formé un cercle autour du plateau de baby-foot. Pour l'anniversaire de Jin, on a pensé que ça serait sympa de faire un genre de tournoi baby-foot et ping-pong. Vous êtes partants ?