Connexion #13

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Nouvelle journée. Je me suis réveillée en nage ce matin, j'avais fait un sale cauchemar. C'est le stress de ces derniers jours qui remonte, j'imagine. Me détendre, surtout, me détendre. J'ai été à deux doigts de me laisser submerger par l'émotion (ça veut dire que j'ai failli lui rentrer la tête dans le mur) lorsqu'une amie m'a fait répéter trois fois ce qu'était une synecdoque. Je pense que le regain de tensions entre Ove et moi n'y est pas pour rien et d'ailleurs, ce qui s'est passé ce soir n'a rien fait pour améliorer les choses... Voilà ce qui s'est produit : la prof d'Anglais était absente, on a pu sortir une heure plus tôt. Ce n'est pas extraordinaire, mais c'est mieux que rien.

En théorie.

Parce que : qui dit rentrer « une heure plus tôt », dit « changement d'horaire », c'est-à-dire « présence inhabituelle dans un lieu habituellement désert », d'où « rencontres inattendues », ce qui revient dans l'équation à quelques événements non-négligeables. NOTAMMENT remarquer qu'un certain Ove vous attend, adossé au portail, en train de se curer les ongles avec un couteau. Là, vous comprenez ; niveau vision d'horreur, il ne me l'avait encore jamais faite, celle-là. Le Viking m'attendait, ostensiblement. Je ne sais pas comment il avait été mis au courant, mais il savait que je rentrerais plus tôt. Et que les autres Oncles ne seraient pas là pour me défendre.

Là, j'ai senti mon sang faire un tour. Pas deux. Je me suis tout de suite dissimulée au coin de la rue. J'étais mal : je n'avais pu prévenir aucun autre de mes oncles de l'absence de mon professeur. Donc qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que la personne au Q.I. d'huître perlière que je suis FAIT ?! Au lieu, tout simplement, de me mettre à l'abri chez une amie, j'ai fait le tour de la ville.

Si, si. On ne sait jamais, hein ? Peut-être qu'il est très, très bête et qu'il va rester scotché au portail toute son existence ? Bref, comme une idiote (Raven a raison, au final), j'ai effectué un grand détour, découvrant des lieux inédits de ma ville. Sauf que Ove devait avoir compris que la petite fifille bien sage était trop en retard pour que ce soit normal. Je passais lentement devant les boulangeries et j'étais à environ à cinq mètres d'un virage qui menait au pont lorsque j'ai vu une silhouette peu avenante se profiler comme une lame juste au croisement. Impossible de faire demi-tour, impossible d'accélérer, impossible d'appeler la police (plus de batteries) et impossible d'appeler Zorro le vengeur masqué (il n'existe pas et je n'ai pas eu suffisamment de cours d'Espagnol pour pouvoir dialoguer avec lui). Il ne me restait plus qu'à prier Dieu de bien vouloir ouvrir une porte transpatiale sur une quatrième dimension pour que je me sente ENFIN en sécurité quelque part...

Ove s'est rapproché vite et j'ai compris, à son regard, qu'il ne venait pas forcément pour m'inviter à prendre un verre. À ce moment précis, j'ai entendu un klaxon tonitruant trouer le silence morbide qui venait de tomber. Mon père. Je ne sais pas par quel miracle il avait décidé de passer par la grand'rue, ni par quel autre miracle il ne rentrait pas du boulot à huit heures passées, mais c'était bien lui.

En tout cas, je n'ai jamais eu aussi chaud(1).

J'espère que ça ne se reproduira pas. Je vais encore mal dormir cette nuit... Qu'est-ce que je donnerais pour que Ove disparaisse de ma vie !

*

(1) À part peut-être dans un hammam, en Turquie, entourée de femmes aussi énormes que la nouvelle Fiat Panda, mais ce n'est pas comparable, Note de la Narratrice.

*

Voilà ! J'espère que ça vous plaît ! N'hésitez pas à laisser une petite trace de votre passage, tel un gracieux tag sur mon mur décrépi... #mélancolie #spleen #jaimalpartout


L'EscorteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant