L'Escorte

Connexion #36

On est vendredi ! Ça veut dire que ce soir, c'est le week-end ! Ouuuuuais. Sauf que là, il est une heure du mat', j'ai loupé le train du sommeil et je viens de bosser pendant des heures et des heures sur un dossier au sujet d'Adolf Hitler. La grosse marrade. En plus, devinez qui est-ce qui est venu me rendre visite aujourd'hui ? C'est grand, blond, aux yeux bleus, et c'est Vous avez cinq secondes, parce que c'est vraiment facile. Ouais, gagné.

— Alors, p'tite peste ! Tu rentres tôt, dis-donc ! T'en glandes pas une, c'est dingue, ça !

À tous les coups il était sur mon lit en train de manger un truc salissant. Ben tiens, moi aussi je suis douée au jeu des devinettes : il se tapait une boîte de surströmming.

Le surströmming, pour ceux qui tiennent absolument à savoir de quoi il s'agit, c'est du poisson pourri suédois comestible en conserve. Ça pue. C'est dégueulasse. Et j'ai dû changer entièrement les draps et les couvertures parce que ce crétin d'Ove en a badigeonné MON lit1. Je ne comprends pas comment Jin, qui travaillait sur mon bureau, fait pour tolérer cette odeur exécrable...

— Ove, tu te rends compte que je vais devoir faire cinq lessives au minimum pour ôter cette odeur de mes draps.

— Pour enlever la tienne, il en faut dix, alors comme ça t'auras d'jà fait la moitié du travail !

— Très spirituel.

— Merci.

— Bon, je vais travailler. Bonjour, Jin, excuse-moi, je vais devoir prendre le bureau pour... OVE ! TU NE PEUX PAS FAIRE ATTENTION JUSTE TRENTE SECONDES ?!

— Je sais pas...

Après avoir laissé tomber la boîte de surströmming en plein sur les draps, il s'est approché de moi et m'a collé un baiser sur la joue. Ou plutôt il m'a léché la partie droite du visage. Cette odeur... j'ai cru que j'allais vraiment vomir. Le Scandinave s'est rendu au rez-de-chaussée pour se connecter sur l'ordinateur familial.

— Eh ! Pourquoi y'a un contrôle parental maintenant ?!

— Parce que mes parents ont mystérieusement reçu des publicités pour des rencontres sexuelles avec tous les septuagénaires de la région, pauvre débile !

— Je ne te savais pas porté sur les vieux messieurs, Ove, a grogné Jin.

— Si j'monte, ça va saigner !

— Bah monte pas.

— Ne l'agace pas trop, petite, je ne me mêlerai pas de tes problèmes s'il s'énerve vraiment, m'a tout de même prévenue le Chinois.

— J'mets d'la musique, j'ai l'droit ?! m'a crié le Viking.

Un son punk-rock, les Offsprings, je crois bien, est monté jusque dans ma chambre.

— Oooooooveeeeeee ! Je BOSSE ! Mets les écouteurs, s'il te...

Et c'est le drame.

La sonnerie de l'entrée a retenti. Jin a froncé les sourcils en m'interrogeant du regard.

— Tu attendais quelqu'un ? m'a-t-il demandé.

— Non. Je ne sais pas qui c'est.

J'ai empoigné une bouteille de déodorant qui traînait et en ai aspergé la chambre. J'ai ensuite défait les couvertures de manière à ce que les taches ne se repèrent plus. Je me suis ruée en bas et ai empoigné Ove par la manche. Il s'était immobilisé devant l'ordinateur, et m'a suivie sans opposer aucune résistance.

— Allez ! Allez ! Sous le lit ! Tout de suite ! Magnez-vous ! Je me fiche de tes rhumatismes, Jin ! Ove, ferme-la, je ne veux rien entendre. Si quelqu'un monte à l'étage vous vous tassez contre le mur, il ne faut surtout pas qu'on vous voie.

— Tu n'ouvres pas si c'est un étranger, petite !

— Et si c'est ton copain, venez pas faire des cochonneries sur le lit, sinon je sors et j'vous sépare ! Ouch ! Tu l'as fait exprès !

Je lui avais écrasé la main par mégarde. Il a tenté d'émerger de sous le sommier, certainement pour m'assassiner, mais Jin lui a fait une prise chinoise. Enfin je crois, parce que j'ai entendu un râle d'agonisant et puis plus rien. Je suis allée ouvrir la porte : c'était P¤¤¤¤¤¤, ma meilleure amie. Elle vit à cent mètres de chez moi et je la connais depuis très longtemps. Presque plus longtemps que Boyd !

— Excuse-moi, mais j'ai oublié mes clefs et il n'y a personne chez moi pour m'ouvrir...

On a rigolé. Elle est entrée. J'ai montré l'ordinateur du doigt :

— J'étais en train de me détendre un peu avant de bosser.

Le clip de Pretty Fly se terminait. Étant donné que nous avions toutes deux du travail jusque par-dessus la tête, nous nous sommes installées chacune dans une pièce différente pour éviter de trop papoter. Mais tout d'abord, mes nerfs ont dû subir une épreuve : elle m'a suivie au premier lorsque j'ai voulu aller chercher des affaires. Elle a jeté un coup d'œil au lit défait – ça va, l'odeur n'était pas trop forte. J'ai ardemment espéré que Jin ait assommé Ove pour qu'il n'y ait aucun dérapage.

Mais pour cette fois, c'est passé comme dans du beurre. Ils n'ont pas bougé jusqu'à ce qu'elle parte. C'est-à-dire pendant une sacrée heure. Ove nous menaçait, Jin et moi, tant qu'il pouvait, mais rien n'y a fait.

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1 - Il mangeait sur mon lit et a fait tomber la boîte de surströmming dessus, mais ça revient au même. NdN

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😱😱😱
Merciiiiii pour toutes ces reviews, toutes ces étoiles !!!
Vous
Êtes
Les
Meilleurs !!!!!
Avez-vous déjà senti du surströmming ??
Bon dimanche ;-)
Et encore merci !
Sea