Interlogue : Prélude au chaos

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Ove s'étira longuement. À six heures du matin, fourbu de fatigue, il avait décidé de dormir sur le parking de l'hôpital, dans la voiture que Jin lui avait donnée. Le vieux Chinois avait grondé, éructé et menacé le Scandinave de lui briser les rotules à coup de barre à mine s'il ne la remboursait pas avant 2017, mais Jin savait pertinemment que jamais le Suédois n'aurait les moyens de rembourser quoi que ce soit. C'était bien pour cette raison que l'Asiatique lui avait donné les clefs de la décapotable rouge vif tout en râlant contre les délais de paiement que Ove ne manquerait pas de demander. Jin savait que le jeune homme ne supportait pas de demander la charité. La preuve : il ne passait que très rarement la nuit chez Boyd ou Jonah. Pourtant, depuis l'incendie, il n'avait plus de toit.

Dormir chez elle ? C'était le truc de Raven, ça. Il n'allait quand même pas lui piquer la place.

Et il avait peur, au fond. Il savait très bien que l'Autre, là, le Percé, n'attendait que ça.

Que Ove et l'Escortée finissent par se rapprocher.

Le Scandinave se retourna sur le siège du mort, qu'il avait allongé de façon à dormir. Il ne fallait pas qu'il pense à lui. Ce salopard avait déjà tenté de la tuer. Deux fois. La deuxième fois, Ove avait pu intervenir à temps. Mais... et s'il n'était pas intervenu à temps ?

C'était ça, aussi, que le jeune blond ne supportait pas : être responsable. Cette morveuse, là, elle ne pouvait pas se défendre toute seule ?! Une petite pimbêche, le nez retroussé, toujours le dernier mot. Une miss je-sais-tout abonnée à la Wrestle Mania, en plus ! Cette saleté lui avait quand même ouvert le crâne avec la lampe de chevet !

Ove se gratta le cuir chevelu. Il sentait les fils résorbables que Nuka lui avait posés. Ce schizo de toubib l'avait successivement plaint, engueulé, plaint, engueulé, jusqu'à ce qu'il ait eu fini de lui percer la peau avec son aiguille. C'est vrai, admit intérieurement le Suédois en se retournant sous une épaisse couverture en patchwork que Boyd lui avait offerte pour son anniversaire, il avait sacrément abusé. Mais ce qu'elle pouvait l'énerver, cette fille !

Et plus elle et lui se détesteraient, moins le Percé chercherait à la tuer. Enfin... c'est ce que Ove espérait.

Six heure et quart. Le jeune homme se retourna encore une fois, songeant à cet appartement, pas trop loin d'Orléans, qu'il allait enfin pouvoir louer. Il n'aurait pas tout de suite les moyens de s'offrir un vrai lit, mais un vieux matelas posé sur le sol suffirait amplement !

Le vieux Nokia du Scandinave vibra soudain furieusement contre le pare-brise. Ces portables étaient géniaux, on pouvait y jouer à Snake et le laisser tomber du haut du cinquième étage sans aucun souci. Celui-ci était même conçu pour plonger bravement dans la cuvette des toilettes et en ressortir sans anicroches. Un bref sourire passa sur le visage fatigué du Suédois en songeant au jour où cette petite peste avait jeté sans hésiter le Nokia par la fenêtre. Il l'avait asticotée sans se lasser, alors qu'elle bûchait sur un de ses devoirs. Sans doute des maths, vu le visage torturé qu'elle affichait. Le portable avait volé dans la haie et, sans pitié, le Viking avait pris en otage les feuillets sur lesquels les équations, les chiffres et les encadrés rouges s'alignaient. Sous les hurlements de rage et de désespoir de la gamine, il s'était enfermé dans les toilettes, avait jeté les feuilles dedans et avait tiré la chasse d'eau.

— J'suis vraiment un sale connard... marmonna Ove en tendant la main pour attraper le portable. Mais cette petite peste... Aaaaaallô ?

— Salut, toi.

Le sourire vague qui flottait un instant auparavant sur les traits du Suédois disparut aussitôt. La peur et la fureur l'envahirent de concert. Le Percé. Encore lui.

— Comment t'as eu mon numéro, espèce de...

— Parce que tu crois que tu as droit à une intimité, Ove ? siffla la voix du Percé, veloutée et cruelle. Tu crois ça ?

On avait beau lui avoir répété que le Percé était fou, qu'il avait perdu la raison, le Scandinave le haïssait de toute la chaleur de ses tripes. Il l'avait tant fait souffrir que le pardon n'était plus une option valable. Ove s'était redressé dans la voiture, tous les sens en alerte, l'adrénaline au plafond. Son cœur battait si fort qu'il était convaincu que son interlocuteur pouvait l'entendre.

— Tu te souviens, Ove, quand j'ai tout détruit ?

— Va t'faire foutre ! T'entends ?! Va t'faire foutre, espèce de fils de...

— Tout doux, Ove... cette fois, ce n'est pas à toi que je vais m'en prendre... Tu n'étais qu'un amusement. Tu ne vaux rien, à ses yeux. Elle, ce qu'elle veut... c'est la petite.

— Putain, merde ! jura le jeune homme.

Il raccrocha au nez du Percé, qui ricanait méchamment. Bondissant sur le siège conducteur sans prendre le temps de redresser celui sur lequel il avait tenté de piquer un somme, Ove fit rugir le moteur, se frottant le visage pour tenter de reprendre tous ses esprits. Il pianota rapidement sur le clavier du Nokia et une voix un peu traînante et très fatiguée s'éleva du haut parleur.

— Que puis-je faire pour toi, Ove ?

— Où est-ce qu'elle est, bordel ?! Où est-ce qu'elle est ?

*

Raaaaaah !!!

J'ai trop de travail.

Et pourtant... je trouve le temps de vous écrire ces petits chapitres inédits !

Est-ce que ça vous plaît ?

Si oui (CHANTAGE ÉMOTIONNEL EN VUE !!!!!!) : ça vous dit d'aller sur Booknode et de vous faire une petite biblio ? Et de mettre "Guess - L'Escorte" dans "En cours" ? Alleeeeeez :D

Et souhaitez-moi bonne chance : j'en ai juste ras-le-cul de tout.

Bisous !

Sea

L'EscorteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant