Chapitre 13

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Le lendemain, Aquila m'envoie aider les femmes à laver le linge. Je suis vraiment heureuse de pouvoir m'intégrer avec des gens qui ne m'aiment pas. Quel bonheur !

Heria m'appelle et je m'avance prudemment vers elle.

-Tu peux laver ce panier, ordonne-t-elle sèchement.

Evidemment, elle désigne du doigt le plus gros. Quelle peste. J'ai très envie de me venger mais ce ne serait pas très judicieux de ma part. Aquila avait déjà fait beaucoup pour moi. Je ne pouvais pas en redemander davantage.

J'agrippe les poignées du panier et m'approche du point d'eau. La plupart des femmes ont terminé et sont en train d'étendre le linge plus loin. Je me retrouve donc seule avec Heria. Quand je pense que mon collier est sensé me porter chance. Ce n'est pas le cas dans toutes les situations. J'observe ma rivale attentivement et tâche d'imiter ses gestes pour ne pas qu'elle m'accuse de bâcler mon travail. Ses cheveux roux sont tressés et son regard vert m'assassine.

-Je ne sais pas pour qui tu te prends mais tu devrais laisser Julian tranquille.

-Je ne vois pas de quoi tu parles.

Elle laisse échapper un petit rire ironique et je souris pour tenter de chasser mon envie de lui jeter un panier.

-Oh tu crois ça. Nous allons nous marier dans peu de temps. Tout est prévu. Il te dit qu'il n'en a pas envie pour profiter de toi mais il ne restera jamais avec une étrangère. Que ferais ta famille si elle apprenait que tu avais une liaison avec un Aislado ? Elle te tuerait ?

Jamais mon père ne ferait une telle chose. Même si il apprenait cela, il me défendrait. J'en suis sûre.

-Tu peux laver ton linge en silence ? Je déteste les bruits parasites.

-C'est moi le parasite ? hurle-t-elle en tirant mes cheveux.

-Lâche-moi ! 

Elle me tient fermement les poignets et veut me faire basculer dans l'eau.

-Allez tombe tombe ! 

Je lui fais mon plus beau sourire et me dégage rapidement de son emprise. A ma grande joie, elle chute dans le bassin à ma place. Le bas de sa robe est humide et elle grogne silencieusement entre ses dents. Un fou rire incontrôlable me gagne ce qui intensifie davantage sa rage.

-Tu trouves ça drôle ? Rira bien qui rira le dernier.

Je la regarde avec étonnement en tentant de deviner ce qu'elle mijote.

-Ah ! Pour qui tu te prends ? Ma robe !

Toutes les femmes se retournent et plusieurs accourent pour sortir Heria de l'eau. Des larmes de crocodile dégoulinent le long de ses joues rosées. J'ai envie d'écraser mon poing dans sa figure mais je me contente de plaider ma cause.

-C'est une menteuse !

-Tais-toi l'étrangère ! Aquila aurait mieux fait de te tuer. Je ne sais pas ce qu'il te trouve, tu n'es qu'une vulgaire gamine inutile, dit une grande femme blonde.

Ses mots sont durs à encaisser et me percent en plein cœur car au fond de moi, je me dis qu'ils sont peut-être justes.


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