Chapitre 23

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La porte de ma cage s'ouvre enfin. Il doit être six heures du matin et tout le village est rassemblé pour assister à mon exécution. Le blond de la veille me force à sortir et tous les habitants me huent. Je regarde le sol pour ne pas affronter leurs regards désapprobateurs qui me transpercent sans pitié.

Je cherche dans la foule mon frère et ne le vois pas. Je crains qu'il lui soit arrivé quelque chose en se rendant de l'autre côté de l'île. Peut-être qu'après tout, Julian et Aquila ne l'ont pas cru ou bien, mon frère est tombé dans un piège. Je ne peux exclure aucune possibilité, à mon immense regret. Il faut que je garde espoir et que je ne flanche pas. Garder la tête haute est un devoir que je dois accomplir pour mon frère, pour Julian et pour mon enfant.

Quelqu'un me tire les cheveux et je laisse échapper un cri ce qui entraîne l'agitation imprévue de la foule. L'homme blond menace quelques habitants et le silence règne de nouveau. On me demande de m'adosser à un haut piquet en bois et on me lie les mains pour que je ne puisse pas m'enfuir. Les cordes serrent mes poignets et ma respiration s'accélère dangereusement. Des gouttes de sueurs perlent sur mes tempes et mon front devient pâle. C'est donc cela que provoque l'approche de la mort, une angoisse grandissante qui supplierait presque qu'on l'achève le plus rapidement possible.

-Nous allons d'abord féliciter ce héros qui a dénoncé cette traîtresse, déclare le blond en désignant mon père. 

Un héros ! C'est donc comme cela qu'on appelle les salops de son genre qui dénoncent leur propre enfant pour les envoyer à une mort certaine. Je n'ose même pas le regarder et préfère jeter un crachat à ses pieds en signe de mépris. Au point où j'en suis, l'élégance m'importe peu. Si j'avais pu vomir, je l'aurais fait volontiers.

Mon père saisit le long poignard que le blond lui tend puis approche la lame glacée le long de mes bras. Je comprends qu'il souhaite me trancher les veines comme on l'a fait à ma mère plus tôt. La panique me gagne mais je ne laisse rien paraître. J'aperçois Lia dans la foule qui pleure à chaudes larmes et je parviens un lire sur ces lèvres un "pardonne-moi" et je hoche la tête pour lui indiquer que je lui accorde.

Mon père a un moment d'hésitation. Il me dénonce sans la moindre hésitation mais il n'avait peut-être pas prévu de me saigner comme un vulgaire porc qu'on envoie à l'abattoir. 

-Arrêtez ! hurle une voix lointaine.

Une vingtaine d'homme accourt et je reconnais parmi eux mon frère et Julian. Enfin, les nuages se dissipent et l'espoir me gagne à nouveau.

InfranchissableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant