Chapitre 7

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Non, jamais mon peuple n'aurait tué une femme de la sorte. Nous ne sommes pas des barbares. Je ne peux pas le croire, je refuse d'écouter de telles absurdité.

-C'est impossible, je lâche.

Ses yeux m'assassinent comme des poignards. Ils sont rouges, remplis de colère et de larmes. 

-C'est pourtant vrai. Ils l'ont tuée.

-Mais pourquoi s'était-elle aventurée chez Ixora ? je demande, toujours mal à l'aise.

-Elle était chez elle. C'est son peuple qui l'a assassinée quand ils ont découvert notre liaison. C'est son mari lui-même qui lui a tranché les veines, à contre-cœur car il l'aimait sincèrement.

Je veux dire quelque chose mais il m'ordonne de me taire. Il appelle de nouveau la femme pour qu'elle ramasse les morceaux de verres jonchés sur le sol. 

Aquila sort de la pièce et je reste assise sur ma chaise, les mains toujours solidement attachées. Julian entre et me détache. 

-Tu dois avoir faim. Tu n'as pas mangé depuis combien de temps ?

-Je dirais deux jours.

-Seulement ? Dans ce cas, tu peux tenir une journée de plus.

Je lui jette un regard menaçant. Ses yeux sont rieurs mais il n'a pas l'air pour autant de plaisanter. Mon ventre gronde et je rougis, légèrement honteuse.

-Belle musique de la faim, remarque-t-il.

-Merci, je lâche d'un ton sec.

-Oh, ne le prends pas mal. On va aller te chercher un truc à manger. 

Nous arrivons, après de longues minutes de marche, aux abords de la forêt et Julian grimpe dans un arbre pour décrocher un fruit étrange. Je n'en avais jamais vu avant.

-Quoi ? T'as jamais mangé de noix de coco ?

-Des quoi ?

Il éclate de rire et saisit une pierre qu'il écrase sur la lourde coquille de sa "noix de coco". A l'intérieur, un jus blanchâtre coule sur ses parois de la même couleur. Il me tend un morceau.

-Tiens, tu peux boire le lait et manger le reste. Sauf la coquille évidemment.

Il en croque un bout et je l'observe attentivement.

-C'est pas empoisonné, tu peux manger, je t'assure.

Je bois un peu et le goût me donne mal à la tête. Je trouve ça infecte mais j'ai faim et je commence à croquer un peu de chair blanche pour reprendre des forces. Heureusement que nous n'avons pas ce genre de choses immonde à Ixora. Je crois que je vais vomir.

-Alors ? me demande-t-il.

-Je trouve ça dégueulasse, je réponds en toute honnêteté.

-Tu ne connais pas les bonnes choses.

Un haut-le-cœur gronde dans mon ventre. Je marche un peu et me mets à vomir tout le contenu de mon estomac. 

-Merde, qu'est-ce que t'as ?

-Je crois que je ne supporte pas ton truc.

Il me regarde et je lis de l'affolement sur son visage.

-Quoi ? C'est rien, tout le monde a déjà eu la gastro un jour.

-Moea, c'est pas une simple intolérance alimentaire. Je crois que tu es allergique. Regarde comme tu gonfles. 

Je sens ma gorge me brûler et je me mets à tousser bruyamment. 

-Mon père y est allergique aussi. On a un remède au village. On doit se dépêcher sinon tu vas finir par t'étouffer !

Il me demande de grimper sur son dos et cours à toute vitesse.

InfranchissableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant