Partie 1 la rencontre

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Il y a 20 ans...

Brian point de vue

Il m'a encore frappé. J'ai peur et je n'ai qu'une envie, celle de m'enfuir. Depuis des années à présent il a pris l'habitude de me frapper pour un oui ou pour un non avec n'importe quel prétexte fallacieux. Ma mère elle reste impassible, je pense que c'est sa manière à elle de se faire oublier afin de ne pas prendre de coup. C'est aussi une forme de lâcheté. Mais je ne peux rien faire...

La dure réalité me ramène au présent. «Brian, combien de fois je t'ai dit de nettoyer le garage, bordel, espèce de bon à rien !». À peine ai-je eu le temps de me protéger que j'ai senti sa grosse main me heurter sur la tête. Le coup est tellement fort que je suis parti me fracasser l'épaule contre le bahut ; j'essaie de parler mais je n'ai que des cris et des larmes. «File dans ta chambre je ne veux plus te voir sinon t'en a une autre» me gueule mon père. Je me relève péniblement et je me faufile tant bien que mal dehors dans la forêt adjacente.

Mes parents habitent dans la banlieue de Pitt mais assez loin du centre-ville. Mon père travaillait dans l'usine de métallurgie qui a fermé depuis, nous laissant sans véritables ressources. Ma mère a essayé de faire des ménages à droite à gauche, mais mon père a toujours été frileux à la laisser partir chez des gens. Il pensait sans doute qu'elle risquait de parler et dévoiler ce qui se passait chez elle. Mais ma mère n'a jamais eu ce courage. Elle s'est enfermée dans la ferveur catholique. Une grosse merde à laquelle je ne crois pas. C'était bien pratique pour elle, elle pouvait ainsi se porter en victime et avoir la conscience tranquille. Après, mon père s'est mis à boire et tout a basculé. Plus rien n'a été comme avant. Au début, je me souviens qu'il tapait ma mère quand vraiment il avait touché le fond, whisky après whisky, et puis vraisemblablement elle ne lui suffisait plus puisqu'il a commencé à me frapper, j'avais 8 ans je crois. Une claque par-ci une claque par-là, et il a pris de l'assurance voyant qu'il pouvait continuer, plus fort. Par moment je crois que je ne disais rien par peur qu'il s'acharne sur moi ; plus je continuais à pleurer plus il s'acharnait avec les pieds, ou la ceinture. Je ne compte plus les fois où ma mère a été obligée de m'amener à l'hôpital car je ne pouvais pas manquer l'école sans véritable prétexte, elle disait que je tombais souvent. Je ne sais pas ce que pensaient les médecins à l'époque mais je ne crois pas que cela était possible. En grandissant, je me suis juré de ne plus rien montrer, de ne plus lui montrer ma douleur même si parfois c'est dur, comme aujourd'hui. J'ai envie de m'allonger, de creuser un trou et m'y enfoncer pour toujours.

J'essuie mes larmes. Je me suis allongé dans l'herbe dans une petite clairière qui borde la rivière. Je viens souvent là quand ça ne va pas. Après un certain temps où il a fallu que je me calme, mes larmes se sont arrêtées, je croise mes mains derrière ma tête et je regarde le ciel. Les nuages passent et l'air frais me fait du bien. Je ferme les yeux et j'essaie de faire le vide. Je ne sais pas combien de temps je suis resté là allongé. Soudain j'entends des craquements autour de moi, quelqu'un est là. Je relève mon torse et je vois devant moi un jeune garçon, blond avec de grands yeux bleus qui me regarde. C'est la première fois que je le vois ; il est plus jeune que moi. Je n'arrive pas à me détacher de ses yeux. Il est si beau, comme dans mes rêves les plus fous...un chevalier qui viendrait me sauver ?

«Bonjour» me dit-il «je m'appelle Justin et toi ?»,

«Moi c'est Brian», je le regarde qui s'avance et s'assoit à côté de moi. Il prend ses genoux dans ses bras.

«Qu'est-ce que tu fais ?»,

«Rien » je lui dis. Il me regarde de plus près, « t'as pleuré ?? », j'essuie mes joues rapidement et je détourne ma tête «non c'est rien», il avance sa main et me touche le bras. Je le regarde et je me détache « laisse-moi, qu'est ce tu veux ?»

Il y a 20 ans...20 ans aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant