Chapitre 9.

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Il est l'heure de se lever, alors je secoue doucement John. Je sais que cet homme dort beaucoup, beaucoup trop, alors ça fait partie de mon travail de le réveiller.

-Je ne veux pas bouger.

-Monsieur...

-Je ne veux pas bouger

Il dit ça à chaque fois que j'essaie de le réveiller, et je trouve ça attendrissant. Il fait toujours cette moue boudeuse pour rester plus longtemps au lit, et à chaque fois, ça me rappelle ma petite sœur.

-Encore cinq minutes, dit-il en m'attirant vers lui.

C'est la première fois qu'il me fait ça et c'est bizarre. Peut-être qu'il se le permet parce que j'ai dormi dans son lit ce matin. En tout cas, ça ne devrait pas lui donner le droit de m'attirer vers lui quand il veut, surtout que ça me gêne. J'ai n'ai pas l'habitude d'avoir de tel proximité avec des gens, surtout pas avec des hommes. Je n'avais même pas l'habitude d'être proche avec une fille, que ce soit intimement ou amicalement. Bien sûr, je me suis déjà touché, mais c'étaient des moments rapides et honteuses que je faisais dans les bois. J'avais trop honte de le faire dans ma maison, et maintenant que j'y pense, je n'ai jamais imaginé quelqu'un pendant ces moments-là. Est-ce normal ?

-Tu bouge trop ! Grogne John.

Je n'ai pas compris ce qu'il a dit, mais la façon dont il me retient m'indique que je bougeais trop. Ce n'est pas évident de rester immobile alors que le corps d'un homme est collé contre moi. Pourtant, je n'ai pas détesté ça hier soir, j'ai plutôt aimé ça, mais je ne peux plus me le permettre. Je ne peux pas aimer quelque chose qui vient de mon maître alors que je suis littéralement sa chose. Il peut faire ce qu'il veut de moi et personne ne prendra ma défense, alors je dois faire en sorte qu'on ne franchi pas la limite maître-esclave. Ce n'est pas mon ami, ni mon amant et il doit le comprendre.

-Monsieur, levez-vous, dis-je en me dégageant de ses bras.

Il a l'air surpris par mon geste puisqu'il se réveille aussitôt en me regardant.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Moi, travail à faire.

-Ouais, bien sûr, tu dois travailler.

Il me fait signe de quitter la chambre, et c'est ce que je fais rapidement, soulagé d'être loin de lui. Je descends aussitôt dans la cuisine pour aider les cuisinières, et mon aide semble être la bienvenue. Je les aide donc à laver les ustensiles et les essuyer, puis on me congédie pour rejoindre John. Je le retrouve dans la salle à manger, en train de finir son petit déjeuner. Il ne m'a même pas attendu pour le goûter. Qu'est-ce qui lui prend ? Je croyais qu'il ne voulait pas mettre sa vie en danger.

-Tu as déjeuner ? Me demande-t-il.

-Pas encore.

-Alors déjeune, on va sortir.

Je n'ai pas compris le sens de sa phrase, mais j'ai compris que je dois manger. Alors je quitte John pour rejoindre la cuisine, mais un bras me retient aussitôt. John me dévisage et moi aussi. Je ne comprends pas pourquoi il me retient, ni pourquoi il me regarde de cette façon. Son regard est intense et franchement intimidant, mais je ne lui montre pas le pouvoir de ses orbes bleus sur moi. Je ne peux pas, pas à l'ennemi.

-Tu vas où ?

-Moi déjeuner.

- Je sais ce que tu vas faire, je te demande où tu vas.

-Cuisine.

-Tu peux manger avec moi.

Cet homme est fou ? J'ai juste le droit de goûter son déjeuner avec lui et non de manger avec lui. Je crains que son père me voie, car je ne sais pas de quoi cet homme est capable. Je sais qu'il ne me porte dans son cœur, alors que ferait-il s'il me voit manger avec son fils ?

-Non.

-Mboutu, tu manges avec moi.

-Non.

Comment lui expliquer que je ne veux pas prendre ce risque ? Je peux, mais je ne connais pas les mots exacts en anglais, alors je lui dis non. Ma réponse n'a pas l'air de lui plaire puisqu'il saisit mon poigné et m'avance brusquement vers lui. Et voilà qu'il utilise encore son pouvoir de maître sur moi. Je déteste quand il fait ça.

-Je t'ai dit que tu vas manger avec moi, alors tu vas accepter. C'est compris.

Non je n'ai pas tout compris, mais j'ai saisi le sens de ses propos.

-Oui maître, répondis-je en baissant la tête.

Il dépose aussitôt son index sous mon menton pour me forcer à le regarder. Son pouce vient délicatement se poser sur ma joue et il la caresse doucement. Je ne peux ignorer les frissons qui me saisissent, ni les accélérations de mon cœur, mais j'essaie tout de même. Je ne peux pas ressentir ça quand il me touche, je n'ai pas le droit.

-Ne baisse pas la tête devant moi.

Je n'ai pas compris ce qu'il a dit, mais je ne le montre pas. Je n'ai pas envie de comprendre de toute façon.

-Assis toi !

-Oui maître.

Je baisse aussitôt la tête et m'avance vers ma chaise. Je déteste me courber devant cet homme, devant mon ennemi, mais je dois laisser ma fierté de côté et le faire. Je ne veux pas paraître désobéissant au risque qu'il ne tienne pas sa promesse. Alors même si je dois me courber devant lui jusqu'à ses pieds, je le ferais. Ma famille compte plus que ça.

John appel quelqu'un, qui d'après moi est Maïa, et la jeune femme apparaît aussitôt dans la pièce. John lui dit quelque chose et la jeune femme acquiesce avant de quitter la pièce. Je me retrouve encore une fois seul, avec mon ennemi. Il me regarde avec ce sourire que je déteste tant, et son regard est toujours aussi intimidant. Heureusement, Maïa revient assez rapidement avec mon repas, ce qui met fin à mon malaise.

-John veut que tu arrêtes de baisser la tête devant lui.

-C'est mon maître, alors je me soumets. C'est ce qu'il veut non ?

-Non.

-Eh bien il est bizarre cet homme, j'aimerais bien comprendre ce qu'il veut.

-Il te veut Mboutu.

-Dit lui d'aller...

-Fini pas ta phrase, tu risques de le regretter.

-Eh bien dit à ce cher John qu'il est blanc, mon maître, un homme, mon ennemi, donc il ne m'intéresse pas.

-Tu ne crois vraiment pas qu'il soit différent pas vrai ?

-Il n'est aucunement différent, tu veux la preuve ? Regarde mon dos.

-Très bien.

John nous regarde bizarrement et appel Maïa. Il lui demande ce que je lui ai dit, et d'après ce que j'ai compris, Maïa ne lui a pas répéter ce qu'on s'est dit.

-John veut faire une balade avec toi à cheval après ton déjeuner. Sache qu'il ne se promène jamais à cheval avec un esclave, seulement avec des invités.

-Et alors...

-Tu verra par toi-même, de toute façon je t'en ai trop dit.

Elle quitte aussitôt la pièce et me laisse encore une fois avec John. J'essaie de toutes mes forces de ne pas le regarder, surtout pas après ce que je viens d'apprendre, mais je ne peux pas m'en empêcher. Les questions qui se bousculent dans ma tête me donne la migraine, et ça m'énerve encore plus de ne pas pouvoir m'exprimer. J'aimerais tant libérer la haine que j'ai pour lui, j'aimerais tant lui faire mal avec mes propos, mais je ne peux pas et ça me tue.

-Moi... ne vous aime pas, réussi-je à dire après quelques minutes d'hésitation.

-D'accord, répond le blond comme si de rien était.

D'accord ? C'est tout ce qu'il trouve à me répondre ? Sa réponse me donne envie de me lever de ma chaise et de le gifler. J'ai envie de laisser les traces de ma main sur son visage, tout comme il a laissé ses traces dans mon dos. Mais je ne peux pas, alors j'encaisse en silence.

Let me break your chains... [bxb, terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant