Chapitre 6.

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Les larmes continuent de tomber sur mon dos, et même si cheveux jaunes les essuie, je sais qu'il pleure. Je ne comprends pas pourquoi cet homme pleure devant moi. Il a peut-être un problème qui n'as aucun rapport avec moi, mais c'est peut-être aussi le cas. Il se sent peut-être tellement coupable qu'il se sent obligé de pleurer pour que je lui pardonne. Il joue sûrement la comédie. En tout cas si c'est le cas, ça ne fonctionnera pas. Il me faut des paroles et des gestes francs pour me faire changer d'avis sur lui. De plus on m'a confié que c'est la première fois qu'il frappe un de ses esclaves, et j'aimerais comprendre pourquoi je suis l'exception à la règle. C'est plutôt son père, monsieur Barimore qu'il faut éviter d'après ce qu'on m'a rapporté. Nara m'a avoué que cet homme est cruel et que si son fils n'était pas là, les choses ne seraient pas aussi faciles pour eux. Maïa m'as dit qu'ils sont même payés deux dollars à chaque fin de mois, et qu'elle est certaine que c'est le seul maitre aux environs qui fait ça.

J'ai également appris quelque chose qui m'as un peu bouleversé pendant que j'étais cloué au lit : John à une vice. Il aime intimement les hommes. J'avais déjà entendu parler des gens comme ça, mais je n'en avais jamais vu. Je croyais que c'était un mythe quand j'étais enfant, mais ma mère m'a dit qu'elle avait déjà vu deux hommes s'embrasser dans les bois. En général ces gens se cachent, car ils ont peur de se faire bannir des villages. Personnellement, je ne sais pas quoi en penser. Je ne sais pas si c'est normal, si c'est une maladie, si c'est un choix ou si les gens naissent ainsi. Je pense que deux hommes peuvent s'aimer, car on ne choisit pas de qui on tombe amoureux, mais je ne sais pas si c'est sain. Je ne me permets pas de juger, mais j'espère simplement que John ne me touchera pas intimement. Je ne veux surtout pas finir comme son ex amant, qui d'après ce qu'on m'a dit, a fini poignardé par monsieur Barimore.

Encore une fois, je me suis perdu dans mes pensées. C'est quand Maïa accourt vers John pour le prendre dans ses bras que je reviens à la réalité. John se laisse aller et se laisse bercer par Maïa. C'est la première fois que je le vois sans son masque d'homme arrogante et c'est bizarre. Je pense que je comprends pourquoi Maïa le défend autant, elle est probablement amoureuse de lui. C'est peut-être aussi son cas malgré son vice, sinon je ne crois pas qu'il aurait laissé une esclave le réconforter. À moins qu'il ne soit vraiment pas comme les autres, mais ça j'ai du mal à le croire.

John dit quelque chose à Maïa et cette dernière hoche la tête avant de le lâcher. Je ne comprends pas ce qui se passe, ni pourquoi John reviens vers moi. J'ai un mouvement de recul lorsqu'il prend mon visage entre ses mains et me fixe intensément. C'est déstabilisant . Il est doux, ces yeux sont étranges, mais pas d'une mauvaise façon. Ce qui me déstabilise à ce point est la réaction de mon corps : j'ai des frissons. Sa main laisse des picotements sur mon visage et des frissons me parcours l'échine. Je ne comprends pas ce qui se passe. C'est agréable, mais je ne comprends pas. Le plus étonnant c'est que je ne recule pas, je ne comprends toujours pas pourquoi je ne réagis pas d'ailleurs. Comment est-ce que je peux laisser l'homme qui m'as fouetté, m'as humilié et m'a marqué me toucher. Qu'est-ce qui m'arrive ?

Cheveux jaunes me dit quelque chose, mais je ne comprends pas. Je suis perdu, alors je demande l'aide de Maïa.

-Il te dit qu'il est désolé, qu'il ne pensait pas que tu allais refuser malgré sa menace. Il n'avait pas l'intention de te frapper, mais il était obligé de le faire pour montrer son autorité, dit Maïa.

Quelle audace ! Il ose s'excuser après ce qu'il a fait et il croit que je vais le pardonner ? Ça ne se passe pas comme ça. Ça m'agace plus qu'autre chose, et je le lui fais bien comprendre en me dégageant de sa main.

-Dit lui de garder ces excuses pour lui, rien n'effacera ce qu'il m'a fait.

Maïa traduit mes propos, et John réplique aussitôt.

-Il veut savoir s'il peut faire quelque chose pour que tu le pardonne.

-Je ne veux rien.

-Mboutu, tu as une chance inouïe, dit Maïa, plusieurs aimeraient avoir cette chance. Tu pourras lui demander de te rendre libre et tu pourras retrouver ta famille.

Je n'avais pas pensé à cette possibilité. Je pourrais retrouver ma famille, retrouver mon pays et ma liberté. Mais c'est injuste pour les autres. Ils sont là bien avant moi, certains sont même née dans ce système, alors qui suis-je pour mériter ça plus qu'eux ?

-Je ne peux pas.

Maïa traduit et encore une fois, John réplique. Ça devient lassant tous ces traductions.

-Il accepte de te faire affranchi si tu apprends l'anglais, dit Maïa.

-Qu'est-ce que tu lui as dit Maïa ?

-Que tu veux être libre.

-Comment ose-tu ? Je ne peux pas demander ça alors que des dizaines de personnes ici veulent ça. Tu trouves ça juste ?

-Non mais ce serait plus injuste d'avoir cette chance et de la refuser. Les gens ici t'en voudront parce que tu leur prendras comme excuse au lieu de te libérer.

-Je ne peux pas.

-Tu n'as pas le choix, je le dirais aux gens si tu refuses. Je ne te donne pas le choix.

-Pourquoi ?

-Parce que tu le mérites.

-Et vous non ?

-Oui, mais ça ne veut pas dire que tu dois endurer les mêmes choses que nous. Fais-le pour nous donner un peu d'espoir, je t'en prie.

Je me sens mal d'accepter, mais je serais malhonnête de dire que je n'en ai pas envie, alors j'accepte. J'accepte d'apprendre l'anglais en échange de ma liberté.

-Et une dernière chose, ta chambre est à côté de la sienne maintenant, ajoute Maïa en désignant John.

-Je peux savoir pourquoi il fait tout ça ?

-Beaucoup de choses ont changé en quinze jours, tu le comprendras très bientôt.

Let me break your chains... [bxb, terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant