Chapitre 12.

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Il fait jour et il est l'heure de se réveiller. Les coqs chantent et j'entends du bruit dans la maison. John n'est toujours pas réveillé, alors je m'extirpe doucement de ses bras pour aller me préparer. Il est beau, là couché avec les cheveux en pagaille, mais moins beau avec le filet de bave qui mouille l'oreiller. J'ai envie de passer mes mains dans ses cheveux pour les dompter et même d'essuyer sa bouche. Le voir couché avec ce visage si innocent, si détendu me donne envie de prendre soin de lui. C'est extrêmement étrange comme sensation, mais je ne peux pas l'oublier, ni l'ignorer. Je ne peux pas non plus oublier la sensation de ses bras autour de moi, de la chaleur de son torse contre mon dos, de la douceur de ses mains sur mon ventre, de l'ivresse de ses lèvres tièdes contre les miennes, et de ses brèves caresses qui m'apportent le sourire.

Je sors de sa chambre et va prendre une douche dans sa salle de bain. C'est encore une chose qu'un maître n'accepterait pas qu'un esclave fasse, que ce soit son esclave personnel ou non. C'est pour ça que je me demande autant ce qu'il a de plus que les autres, ou ce que j'ai de plus que les autres. Il est tellement difficile à cerner !

Je prends une douche rapide avant de remettre les mêmes vêtements que hier. Je n'ai pas encore reçu ma paie de trois dollars, alors je ne peux pas acheter plus de vêtements. Je suis donc obligé de remettre les mêmes vêtements plus qu'une fois. Ce n'est vraiment pas hygiénique. Après ma douche, je me faufile dans ma petite chambre pour déposer mon caleçon sale, puis je descends à l'étage inférieur. Je trouve quelques femmes qui font le ménage, d'autres qui mettent le couvert et font la nourriture. Aujourd'hui, elles font quelque chose qu'on appelle des crêpes, et c'est plutôt bon. Je n'avais jamais goûté ça avant de venir en Amérique et j'aime beaucoup. Apparemment, c'est ce que John préfère manger le matin.

Après la préparation du déjeuner, je me dirige vers la salle à manger pour attendre John. Je sais qu'il dort beaucoup et qu'il se réveille tard, alors je suis vraiment surpris de le voir habiller et près pour déjeuner. Il me regarde bizarrement et s'assoit à son tour. Je ne sais pas ce que ce regard signifiait, mais elle m'a envoyé des frissons partout dans le corps.

-Tu t'es levé avant moi.

-Oui, moi...

Je ne sais pas comment exprimer mes pensées alors je ne continue pas ma phrase. John me regarde toujours aussi intensément et ça commence à me mettre mal à l'aise. Ce n'est pas parce que j'ai dormi dans ses bras, ou parce que je l'ai embrassé qu'il doit me regarder de cette façon.

-Toi quoi ?

-Moi ne sait pas comment dire.

-D'accord.

Je suis surpris qu'il n'insiste pas pour savoir le fond de mes pensées, mais je le suis encore plus lorsqu'il prend un morceau de crêpe dans son assiette et l'apporte à ma bouche. Je suis tellement surpris que je le regarde les yeux ébahis sans ouvrir la bouche. Mais quel genre de maître ferait une chose pareille ? Pourquoi il a des esclaves ?

-Ouvre la bouche.

Je réagis aussitôt et ouvre la bouche pour accueillir la crêpe. Je prends du temps de bien mastiquer tellement que je suis sous le choc, mais je le suis encore plus lorsqu'il apporte la fourchette qui venait de ma bouche à ses lèvres. Il n'a même pas attendu avant de manger. Il a directement apporté une bouché de la crêpe dans sa bouche, avec la fourchette qu'il vient de me donner à manger. Ce geste peut paraitre anodin, mais ça ne l'est pas pour moi. John n'est pas n'importe qui, c'est mon maître et l'homme qui me veut. Je trouve que c'est intime, tellement  intime que mon bas ventre réagis aussitôt. Je bande. Je n'arrive pas à le croire. Mon maître, celui qui m'as fouetté me donne une érection. J'ai honte et je m'en veux. Je ne peux pas réagir comme ça, pas pour l'homme qui m'a marqué à vie.

Je me lève aussitôt et cache mon érection avec ma main. Je n'ai pas de caleçon et mon pantalon de mauvaise qualité montre tout mon anatomie. Je n'ai pas été assez rapide puisque John voit très bien ce que je cache. Il n'a pas l'air surpris, il a plutôt un petit sourire tendre sur les lèvres. Je sors aussitôt de la maison et je me dirige vers le champ de coton. Je ne pense pas aux conséquences qui pourrait avoir, je veux juste m'éloigner le plus loin possible de John. Je ne veux plus avoir ce genre réaction pour lui. Pas pour un blanc, pas pour mon maître, pas pour l'ennemi.

Je trouve rapidement les hommes en train de travailler. Il n'y a pas d'homme muni de fouet pour les surveiller, ce qui est encore étrange pour un maître.

Les hommes travaillent tandis que Ayat leur distribue de l'eau, de l'alcool. Il est trop âgé pour travailler la terre, alors il encourage ceux qui le font. Je me dirige vers eux et les salue. Ils me saluent en retour et ils ont l'air surpris de me voir là, surtout après avoir été fouetté pour ne pas travailler avec eux. Je leur ai donc menti en prétextant prendre une pose, et ils m'ont cru. Je rejoins le groupe pour leur donner un coup de main, mais Ayat m'arrête aussitôt. Il me donne plutôt de l'eau à distribuer. Il ne veut peut-être pas que John me punisse. Après une quinzaine de minutes, le vieil homme me renvoie vers John accompagné d'un des frères de Maïa. Je suis partagé entre l'envie de lui dire ce qui s'est passé avec John et la peur de me faire rejeter, alors je ne dis rien. J'arrive finalement à la maison principale et malheureusement, John m'attend sur le pas de la porte avec une mine sévère. Il me fait peur.

-Suis moi.

Le frère de Maïa me jette un regard soupçonneux avant de partir. Pour ma part, j'obéis en le suivant et bizarrement, il entre dans sa chambre. Je trouve ça encore plus bizarre lorsqu'il ferme la porte derrière lui.

-Pourquoi t'es parti ?

-Moi mal au ventre.

-Tu veux dire que tu avais mal là ?

Je n'ai pas tout à fait compris ce qu'il a répondu, mais je suis pétrifié lorsque sa main caresse mon torse et trace un chemin pour arriver jusqu'à mon sexe. Je n'arrive pas à le croire, John ose me toucher. Mon corps réagit lâchement lorsque ma virilité tressaute et qu'un soupir franchi mes lèvres. John à un sourire aux lèvres lorsqu'il bouge lentement sa main sur moi et que ses lèvres rencontrent les miennes. C'est bon, extrêmement bon. Tellement bon que je ne trouve ni la force, ni la volonté nécessaire pour le repousser. Je ne peux pas laisser cet homme me toucher, je ne peux pas aimer ça, et je ne le dois pas. Cet homme m'a humilié, il m'a séparé de ma famille et il me prive de ma liberté. Que penserais ma famille s'ils me voyaient là, gémissant et en train d'embrasser mon maître ? Je suis sûr qu'ils auraient honte de moi, et pire encore, ils me renieraient. Moi-même j'ai honte de moi, et je me dégoûte car j'aime ça. Je n'aime pas seulement ça, c'est plus que ça. Tous mes sens sont en alerte et je m'abandonne complètement à lui. Je lui fais confiance au point de le laisser me toucher là où personne ne l'avait fait auparavant. Et j'ai eu raison de lui faire confiance puisque la chaleur et la douceur de ses mains me font gémir, crisper lorsqu'il augmente la cadence et que j'atteins le plaisir ultime en jouissant entre ses doigts. Mais malgré cette première fois jouissif, je ne peux empêcher les larmes de honte et de rage envahir mon visage. Je me retourne face au mur. J'ai trahi ma famille. J'ai trahi la promesse que je m'étais fait. J'ai délaissé mon orgueil et ma pudeur pour avoir du plaisir avec cet homme. Il n'y a pas pire trahison envers moi et ma famille.

-Mboutu ?

-Moi rester seul.

J'ai honte de pleurer devant lui. Il n'y a que cet homme qui a réussi à me mettre dans ces états en si peu de temps, et je veux définitivement rester loin de lui. Il a vu mes faiblesses, il m'a touché, il m'a marqué et c'est assez.

-Ok, répond-il en quittant la pièce.

Je ne peux m'empêcher de pleurer encore plus. Je ne pleure pas parce que je suis en colère, je pleure parce qu'il y a deux choses que je ne pas ignorer.

J'ai aimé ça et j'en veux plus.

Let me break your chains... [bxb, terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant