Ça fait plusieurs minutes qu'on est sur le lit et on ne sait pas quoi dire, en tout cas, moi je ne sais pas quoi dire. En plus, il y a la barrière de la langue qui nous empêche de communiquer alors on se tait. Cheveux dorés me regarde, et je le regarde aussi, plus précisément ses cheveux. J'ai envie de savoir la couleur exacte.-Vous cheveux... quel couleur ?
Ma question à l'air de le surprendre puisqu'il fronce les sourcils et se touche les cheveux.
-Mes cheveux ?
-Oui couleur.
-Blond, mes cheveux sont blonds. C'est beau ?
-Blond, oui beau.
Maintenant je pourrais l'appeler cheveux blonds au lieu de cheveux dorés. Je les trouve fascinants, surtout à la lumière du soleil où ils donnent carrément l'impression de briller. C'est probablement la seule chose qui m'obsède autant chez lui. Depuis mon arrivé je ne pouvais détacher mes yeux de ses cheveux. J'avais déjà vu des roux, des châtains, des bruns mais jamais des blonds, et c'est beau.
-Tu aime ?
-Oui beau.
Il sourit et passe encore une fois sa main dans ses cheveux. Ce geste rend ses cheveux encore plus attrayants. La couleur de sa peau et ses cheveux dorés presque caramélisé crée un contraste qui ne cesse de me plaire. Sa peau aussi est belle, elle est blanche mais légèrement doré par le soleil d'été. Ça se marie parfaitement avec ses cheveux.
-Toi peau belle.
-Ma peau est belle ?
-Oui.
-Merci.
Je ne sais pas ce qui me prend ce soir pour lui faire des compliments, mais je suis d'humeur joyeuse et bavarde. Je n'ai plus mal et mon sommeil s'est envolé, alors pourquoi ne pas discuter avec lui. Ça ne me fera pas de mal et de toute façon, je ne le verrais plus dans quelques mois. Je serais de retour en Afrique.
-Ta peau aussi est très belle, on dirait du café au lait, c'est magnifique.
-Merci.
Je n'ai pas compris tout ce qu'il a dit, mais j'ai compris qu'il complimentait la couleur de ma peau. Je pensais que ça le dégoûtait ou qu'il le rejetait parce qu'il a des esclaves, mais ce n'est peut-être pas le cas. Après tout, il a déjà eu un amant à la peau noir, Maïa le touche et il est à l'aise avec les autres habitants de cette maison. Peut-être qu'il aime vraiment ça.
-Vous pourquoi avoir esclave ?
-C'est mon père qui l'est a acheter, mais je les prends en charge sinon mon père va les maltraiter.
-Moi pas comprendre.
-Je te le dirais un autre jour.
Je n'ai pas vraiment compris ce qu'il a dit, mais j'approuve quand même. Je suis impatient de savoir pourquoi il a des esclaves, mais je dois attendre. Les autres m'ont expliqué que John n'agit pas du tout comme les autres maîtres. Il ne frappe pas, il nous paie et il donne des bonnes cabanes pour vivre. Je ne comprends pas pourquoi il est si gentil avec nous. Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres ?
-Tu est beau Mboutu.
Ce qu'il me dit me fait froncer les sourcils. Pourquoi il me dit ça ? Je sais que je ne suis pas mal physiquement. Je suis plutôt beau, grand sans pour autant être imposant, et mon corps est bien dessiner. Je ne comprends pas pourquoi lui, un homme, mon maître, doit me dire que je suis beau. Je sais qu'il a un vice, alors est-ce une façon d'essayer de m'attirer ? Veut-il devenir mon amant ou est-ce juste un compliment sans arrière-pensée ?
-Merci.
-Tu peux te coucher ici avant que le jour se lève.
-Moi pas comprendre.
-Toi coucher ici.
-Non, moi coucher là, dis-je en désignant la chambre.
-Reste avec moi ici.
Encore une fois, je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il veut ? Je m'allonge tout de même au pied du lit et quelques secondes plus tard, il se couche à son tour. Quel genre de maître accepterait que son esclave dorme dans le même lit que lui ? Quel genre d'homme est- il ? Je commence sérieusement à croire que cet homme me veut pour amant et ça me dérange. C'est vrai qu'il est beau, que ses cheveux me fascinent et que je commence à croire qu'il est moins strict que les autres maîtres. Mais cet homme m'a battu, il m'a lacéré la peau, il m'a humilié alors comment pourrais-je envisager de devenir son amant ? En plus, c'est un homme, mon maître, celui qui me tiens comme esclave. Je ne peux tout simplement pas.
Je sursaute lorsqu'une main caresse doucement mes cicatrices et qu'un murmure s'élève dans la chambre. Je sais qu'il va dire désolé, et c'est exactement ce qu'il dit. Je ne sais pas comment réagir. Je ne sais pas quoi faire quand sa voix s'élève et que le poids de ses remords sabbat sur moi. Je ne peux pas le pardonner, alors je le laisse se punir à chaque fois qu'il me touche le dos.
C'est ce qu'il fait, je le sais. Un des frères de Maïa m'as avoué que John venait me voir à chaque fois que je dormais, et qu'il me touchait le dos. Ces doigts tracent une cicatrice particulièrement grosse et encore une fois, il murmure désoler. Je l'entends renifler et sans même comprendre ce qui me prend, je me rapproche de lui. Même si je ne le vois pas, je sais qu'il pleure et c'est la première fois que ça me touche de savoir qu'il a des remords. Je suis particulièrement bien placé pour savoir à quel point les remords sont douloureux. Après tout, c'est ma faute si mon frère est mort.
À cette pensée, une larme coule sur mon visage et je l'essui aussitôt. Même si j'en veux à John pour ce qu'il m'a fait, je suis assez humain pour lui accorder un peu de réconfort. Après tout, j'aime recevoir un peu d'affection lorsque le poids des remords sabbats sur mes épaules. Bizarrement, je me sens assez proche de lui en ce moment, et pas seulement physiquement. Pour la première fois depuis trois ans, j'ai l'impression que quelqu'un comprend ce que je vis, et même si c'est cruel, ça me fait plaisir. Je sais qu'il pleure encore, alors je me retourne vers lui pour essuyer ses larmes. Il essaie de cacher son visage dans le drap, mais je ne le laisse pas faire. Il a honte et c'est un sentiment que je connais parfaitement bien. J'essuis son visage et lui sourit. Il a du mal à me regarder, et même si ça aurait dû me faire plaisir de le voir souffrir, ça me fait mal. Alors je ne fais rien quand il caresse mon visage à son tour, ni quand il passe ses bras autour de moi. Ce moment est intime, tellement intime... On n'utilise pas de mots pour dire ce qu'on ressent, nos gestes et nos regards suffisent et ça fait du bien. Je me sens bien.
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Let me break your chains... [bxb, terminé]
Ficción históricaEn 1858, pendant la période de l'esclavage, un jeune Sénégalais nommé Mboutu se fait capturer clandestinement. En voulant échapper à son destin, il finit par rencontrer John, son maître. C'est un homme pas comme les autres. Il n'a pas honte de chéri...