Ma Négresse des Antilles

Chapitre 16

Voltaire en média

Lorsque je me suis retourné,j'ai perdu mon sourire en voyant qui se tenait derrière moi. Mon père!! Depuis combien de temps il était là? J'espère simplement qu'il n'a pas entendu ma conversation. Il s'avança près de moi l'air on ne peut plus sérieux,ses yeux droits sur moi,sa main gauche dans son pantalon et l'autre main caressant son menton. Il s'arrêta à ma hauteur,me détailla de la tête au pied et sortit une cigarette qu'il alluma. Il se mit à mes côtés et feignit de regarder les quelques fleurs qui ornaient la cour en tirant une bouffé de fumée.

- Tu ne comptes plus arrêter de fumer papa?

- J'ai commencé depuis à mes 16 ans et maintenant j'ai 62 ans,cela fait 46 ans et tu espères que j'arrête?

- Tu sais,ça n'a jamais vraiment fait plaisir à maman.

Il me regarda longuement et secoua sa tête.

- Je pourrais aller le faire ailleurs,pour empêcher de blesser ta maman,mais je ne l'ai pas fait. Et tu sais pourquoi?

- Pourquoi?

- Parce que je suis un homme et j'assume!

Je ne fis aucun commentaire,et décidai de retourner à table.

- Tu sais Voltaire,quand j'étais encore dans le bourg avant d'arriver en ville,je travaillais dans les champs avec mon père. Un jour,un ami de la famille a réclamé ma présence pour garder sa terre parce qu'il serait en déplacement. J'ai accepté. Ce jour là mon père était parti dans les champs et moi j'étais resté avec ma mère parce qu'on devrait aller en ville vendre des vivres,des légumes au grand marché. Plus tard quand je suis rentré,j'ai dit à mon père que je serais en déplacement dès demain matin,je l'expliquai la situation et il m'a gueulé. Oh c'était plus que ça. Il s'est laissé aller dans une colère noire et ça m'a coûté une cicatrice dans le bas de mon dos à la naissance de mon derrière. Un coup de machette vlan,était parti. Il m'a blessé à mort,et m'a dit soit je reste ici ou si je pars que je ne remets plus les pieds sur son territoire.

J'étais étonné,stupéfait de ce qu'il venait de me raconter. Un coup de machette à son propre fils? Quel père pouvait infliger ça à son enfant?!

- Pourquoi il est allé jusque là et qu'est ce que tu as fait ensuite?

- À l'époque,un homme qui avait un fils avait un bras droit,quelqu'un capable de le remplacer quand il n'est pas là et qui devrait savoir se comporter en homme. Une semaine,pendant une semaine je suis resté au lit ma mère à me soigner. Elle me supplait de ne pas partir chaque fois que j'avais les yeux ouverts. "Je suis capable de prendre soin de toi jusqu'à ce que tu aies vraiment l'âge de partir,et jusqu'à la mort je serai là pour toi mon fils" voilà ce qu'elle me disait tout le temps. Une fois que je suis sûr que je pouvais marcher, je me suis levé,pris une sacoche,la remplir de vêtements et de quelques mangers et partis. C'était au beau milieu de la nuit,sur mon cheval que j'avais acheté.

- Tu as laissé ta famille juste pour aller veiller sur des morceaux de terre qui ne t'appartiennent pas?

- J'ai laissé ma famille parce que j'avais dit oui à cet homme et que je devrais y aller. J'ai laissé ma famille parce que j'ai le sens de l'honneur. Je n'allais pas laisser cet homme pensé le contraire de moi pour les caprices de mon père,pour l'amour de ma mère et les beaux yeux de ma petite soeur qui avait 6 ans à l'époque. Je suis parti en tant qu'homme de chez moi,et le monsieur m'a accueilli en tant que tel. C'est grâce à lui,8 mois à son retour,je l'ai suivi à Port-au-Prince,et il m'a laissé comme jeran lakou (garçon de cour) chez le père de Sarah qui est aujourd'hui ma femme,c'est avec honneur que j'ai obtenu sa main devant sa famille pas en la mettant enceinte,c'est avec honneur que je vous ai élevé,que je vous ai vu grandir tes soeurs et toi,c'est avec ce même honneur que j'ai réparé tes bêtises en te mariant avec cette fille. Et tout ça je l'ai fait parce que c'est dans nos gènes. De mon arrière arrière grand-père jusqu'à moi.