Je me trouvais devant la porte du bureau de mon père, admirant la serrure avec une réflexion feinte. Cette porte était constamment fermée à clé, et je n'avais aucune idée de ce qui pouvait se trouver de l'autre côté.
Outre le fait que la serrure dorée semblait me narguer avec hautaniété, le vacarme des maisons en rénovation alentours contribuait également à mon irritation.
J'avais l'impression de me trouver devant un problème de maths dont la solution nécessite la découverte des solutions de plusieurs autres embûches avant de finalement y parvenir.
Je poussai un soupir de découragement et posai ma main sur la poignée en espérant que cette dernière s'ouvre toute seule comme une grande.
A ma grande déception pourtant attendue, la porte en question ne bougea pas d'un poil, obstinée à garder le contenu de cette pièce un secret pour moi.Je n'étais pas une experte en serrures, et je n'allais tout de même pas la forcer.
Je retournai alors d'un air penaud à mon bureau, reporter mon attention sur des équations qui ne me serviront surement pas à trouver comment ouvrir une serrure.L'encre s'écoulait sur les feuilles, traçant des x et y dont je distinguait à peine la signification, la majeure partie de mon subconscient étant obsédée par cette porte.
Mes parents me cachaient des choses, et pas des choses futiles que tous parents avaient le droit de garder secrètes, mais des choses beaucoup plus importantes, et sûrement beaucoup plus graves.
Depuis un certain temps, je commençais à me sentir étrangère dans ma propre maison. Il ne s'agissait pas d'une question de mobilier, je connaissais pourtant l'emplacement de chaque chose et je pourrais m'y retrouver même en étant aveugle. C'était plutôt une impression. Avoir l'impression que sa propre vie vous filait entre les doigts, plus glissante que de l'eau. Avoir l'impression d'être spectateur de sa propre vie.
On croyait tout contrôler, nous voilà controlés à notre tour.
Au lieu de chercher des solutions à mes problèmes de mathématiques, mes engrenages étaient plutôt occupés à chercher des excuses bidons à mes parents. Je me dopais moi-même de mensonges, comme les poules dopées d'OGMs.
Ce n'était pas grave, car de toutes façons, apparemment toute ma vie a été ponctuée de mensonges aussi gros les uns que les autres.
Je me retrouvais à courir après une époque où tout était encore simple, essayant de rattraper le bon temps.
Le temps où j'avais encore confiance en mes parents, où ces derniers souriaient encore, bien que ce ne fut rare.Malgré que mes parents ne soient pas exemplaires, ils en étaient même très loin, c'était le seul pilier auquel je me raccrochait désespérément. Le seul pilier sentimental qui m'empêchait de sombrer.
Et si tout n'était que mensonges?
C'était impossible. Ils n'avaient pas le droit. Mes parents étaient honnêtes, n'est-ce pas?
Des tremblements avaient commencé à secouer mon corps par moments, et ma vue s'embrouillait petit à petit. Une silhouette noire se dessina devant moi, et une voix que je reconnaissais retentit.
-Mademoiselle, vous allez bien?
-Oui, ne vous inquiétez pas. Répondis-je, toujours un peu sonnée. Qu'y a-t-il?
-Il y a quelqu'un pour vous dehors.Quelqu'un? Je n'attendais pourtant personne...
À moins que ça soit Athéna. J'avais oublié chez elle quelques cahiers...
Je me levai de mon bureau, le corps tout courbaturé à cause de la mauvaise posture dans laquelle j'étudiais.
Trainant des pieds, je me dirigeai vers la porte où une jeune fille de grande taille semblait m'attendre. Ah, Athéna! Elle avait encore mis ses talons en velours bleu malgré le fait qu'elle savait qu'en portant des talons, et spécialement ceux-là, elle me faisait paraitre encore plus petite. Son sadisme n'avait pas de limites, mais il était acceptable, et c'était la principale raison pour laquelle les gens l'appréciaient.Elle se tenait bien droite, en jean et tailleur. Je n'ai jamais compris son amour pour les styles sévères qui la faisaient paraitre encore plus mature, mais c'était ce genre de petites différences qui faisaient notre amitié hors du commun.
-Bonjour ma jolie! Lança-t-elle avec enthousiasme. Tu m'as manqué!
-On s'est vues il y a à peine vingt-quatre heures!
-Je sais. Mais ce n'est jamais drôle quand tu n'es pas là.
Je souris face à son compliment, puis elle me demanda avec subtilité si mes parents étaient là. Je répondis à sa question par une négation.
Elle s'avança, faisant comme chez elle. Je l'incitais tout le temps à se mettre à l'aise chez moi. Toutes ces étiquettes imposées étaient bannies lorsqu'elle venait me voir. J'en avait assez d'en faire usage avec mes propres parents. J'avais besoin de liberté, et cette liberté, je l'avais à longueur de temps lorsque j'étais avec elle.
Je poussai mes affaires de côté, et lui intimai de s'asseoir. Elle romput le silence en allant droit au but, qualité qu'elle possédait, mais qui virait souvent au défaut selon moi.
-Alors, est-ce que tu peux m'expliquer ta réaction l'autre jour?
-Comment ça?
-Le nouveau m'a tout raconté.
Mes yeux ne pouvaient être plus écarquillés à cet instant précis.
Que lui avait-il raconté à mes propos?-Pourquoi tu as fui l'autre jour?
C'est un cauchemar.
Je n'aurais jamais pensé qu'il aurait pu avoir recours à ma meilleure amie pour comprendre ma réaction. Remarque, peut-être qu'après tout c'était tout à fait logique.Je poussai un soupir d'exaspération en roulant des yeux. Athéna avait pris l'habitude de me gronder comme le ferait une mère avec son enfant.
-Et si tu m'aidais plutôt avec mes maths? Fis-je.
-N'essaie pas de changer de sujet.
Sa capacité à me cerner parfaitement m'énervait. Je plissai exagérément les yeux en soufflant bien fort.
-Je ne sais pas. Répondis-je en lui faisant face.
En réalité je savais, je savais parfaitement pourquoi.
J'avais paniqué. Je ne savais pas ce qui me prenait, mon corps avait des réactions que je ne comprenais pas. C'était fort. C'était dangereux. Et ça me faisait peur.
Alors j'ai fui.
Oui, c'était lâche.
Et aujourd'hui je m'en veux.
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SHY
Teen Fiction《C'est bien connu, la complexité des rapports humains, qu'ils relient une personne à elle-même ou à une autre, varie selon plusieurs facteurs. Les sentiments, et les intérêts, sont souvent les seules raisons de l'existence de ces rapports plus ou mo...