SHY

Chapitre 19

Dès qu'ils eurent quitté l'allée, et quand j'entendis le grondement du moteur de la voiture, je sautai du lit.

-Le troisième homme, c'était mon père!

Je m'approchai de la fenêtre et me mis à guetter les environs. Plus personne n'était en bas. Les deux rigolos avaient surement suivi mon géniteur, en braves toutous qu'ils étaient. Je me dévissai le cou pour apercevoir où ils allaient, et eus à peine le temps de les voir tourner à droite.
La route qu'ils prenaient conduisait vers un terrain vague où...
Soudain, je sus quelle était leur destination.

-Ils vont vers l'entrepôt de mon père! Viens, il faut qu'on se dépêche!

Au même moment, la porte de ma chambre s'ouvrit, dévoilant sur son seuil une Athéna inquiète, le souffle court, talonnée de près par Noah.

-Qu'est-ce que?! Fit-elle en nous apercevant.

Noah dût dissimuler un sourire.

-Oh, ce n'est absolument pas ce que vois croyez! Me justifiai-je vainement en sentant que mes joues devenaient rouge tomate.

-Ouais, bon, changez-vous en vitesse et rejoignez-nous en bas, ordonna Noah.
-Une petite minute, je veux tout savoir! Le pourquoi du com...eh!

Elle n'eut pas l'occasion de finir sa phrase car Noah l'avait tirée par le bras, et la trainait à présent dans les escaliers, en ignorant des protestations.

Je rendis son t-shirt à Nathanaël, non sans lui avoir d'abord ordonné de fermer les yeux, mis ensuite un pull quelconque et un jean après l'avoir chassé de la chambre, puis rejoignis tout le monde en bas.

-Ils vont vers l'entrepôt de mon père, lançai-je, de but en blanc.
-Mais l'entrepôt de ton père est à trois kilomètres d'ici, on n'y arrivera jamais à temps!

Mon père m'y avait emmenée, une fois. La gouvernante était absente et il ne pouvait pas se permettre de me laisser seule chez nous. Du coup, il avait dû me trainer avec lui toute la journée, et je l'avais accompagné à cet entrepôt. Je n'avais pas plus de dix ans.
Pendant qu'il consultait des graphiques et qu'il discutait evec son manager au sujet du capital de ses entreprises, moi, j'explorais l'endroit. J'étais tombée sur un petit chemin biscornu qui m'avait ramenée vers la route principale. Quelques mètres plus loin, et j'étais à nouveau chez nous.
Comme quoi, même l'ennui pouvait servir à quelque chose!

-Je connais un raccourci! Dis-je.

Ma meilleure soupira avant de se résigner à me suivre. Nous marchâmes dans la pénombre, éclairant le chemin grâce à la lumière du téléphone de cette dernière.
Je les guidai sur la route, le coeur débordant d'appréhension. Le silence qui nous unissait était oppressant, mais heureusement, on fit devant l'entrepôt environ un quart d'heure plus tard.

La porte était ouverte et de la lumière en sortait.
J'avais raison, c'était bien là qu'ils allaient.
En fin de compte, peut-être que je connaissais mon père mieux que je ne le pensais.