Chapitre 7

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-Maintiens la position! Encore! Fais preuve d'un peu de patience!

Je détestais quand ma professeur de danse se chargeait personnellement de mes échauffements. Je haïssais cela.

Je me trouvais dans une position extrêmement inconfortable, la jambe presque collée à mon dos, tandis que Maria Parker continuait à appuyer toujours plus fort, faisant accentuer la douleur.

Mes mains agrippaient la barre, et mon dos était tellement courbé que mon visage y était presque collé.
Maria Parker était selon moi une personne sadique.

Cette dernière relacha enfin la pression, et ma jambe retomba le long de mon dos, jusqu'à ce que mon pied droit touche le parquet en bois clair de la salle.

-Bien! L'autre jambe maintenant! Lança-t-elle avec enthousiasme.

La partie de souffrance venait à peine de commencer...
Cela continua pendant presque une heure, où des positions aussi complexes que douloureuses les une que les autres s'enchainaient successivement. J'étais presqu'à bout. Et dire que ce n'était que le début...

-Ah, tu es enfin là! S'exclama-t-elle.

Qui est enfin là?

Je me retournai, et très vite, je regrettai mon geste.
On aurait dit que les astres avaient formé un pacte et s'étaient alliés tous contre moi.

J'avais envie d'ignorer cette sensation d'oppression qui comprimait ma poitrine. J'avais envie d'ignorer ce coeur qui hurlait sa rancune à travers mes tempes. J'avais envie d'ignorer cette rage meurtrière, résultat d'une rancune trop longtemps enfuie en moi qui menaçait d'éclater au grand jour.

J'en avais désespérément envie.
Et je luttais pour ne pas exploser.

J'avais profondément espéré ne plus jamais avoir à recroiser cette personne dépourvue de conscience. Cette même personne qui ne s'était pas gênée à tout écraser sur son passage pour arriver au sommet. Même notre amitié n'y avait pas survécu.

Ce n'était pas une amitié à proprement parler.
C'était une relation. Une relation d'affection et de confiance. Ressetiments que j'étais la seule à fournir pendant longtemps, avant de me faire poignarder en plein dos.

J'avais l'impression d'être dans un instant de flottement, un instant où mon corps semblait aussi léger qu'une plume, mais où l'air était pourtant plus lourd que le poids de tous les fardeaux du monde.

J'aurais voulu le haïr, mais la seule chose dont j'étais capable était de ressentir de la rancune. Une profonde rancune et une désolation sans précédent.
Il m'avait déçue.
Il m'avait trahie.
Et je lui en veux.

Nous nous toisions chacun de son côté, son visage familier dont je n'avais pas vu les détails depuis si longtemps devant moi, exprimant une profonde surprise, et un soupçon de culpabilité.

Mais cette fois-ci, je ne savais que croire.
J'hésitais à lui faire confiance.
J'hésitais à lui parler.
J'avais peur d'être à nouveau trahie.

Il se mordit la lèvre inférieure, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il était nerveux.
Je le connaissais si bien...
Du moins, je croyais bien le connaitre.

-Salut... Souffla-t-il.

J'aurais voulu lui poser cette question, cette question qui me torture l'esprit : tu es gêné de me voir?
Sauf que je suis restée là à le regarder, impassible, le visage fermé, pour éviter de lui cracher toute ma haine à la figure. J'aurais voulu lui demander ce que ça faisait de vivre en haut de la hiérarchie sociale. J'aurais voulu savoir s'il n'éprouvait aucun ressentiment vis-à-vis de ce qu'il m'avait causé, mais je suis restée silencieuse. Car parfois, le silence est aussi éloquent que le plus travaillé des textes.

-Bien, maintenant que tout le monde est là, on va pouvoir commencer l'entraînement!

Il n'en était pas question. Je refusais de l'approcher. Il me dégoûtait. Il me rappelait des souvenirs douloureux. Des souvenirs datant de l'époque où ses bras protecteurs se posaient toujours sur mes épaules, de l'époque où nos rires résonnaient dans les couloirs du collège, faisant grincer les dents des élèves jaloux de notre amitié qui avait l'air si bien fondée.
Tout n'était qu'un simple jeu pour lui.

Et Maria Parker demandait de faire comme si de rien n'était, après trois ans d'ignorance...
Danser avec lui.
C'était impossible.

-Non.

-Comment ça, non? Répliqua la blonde. Écoutez mademoiselle Reylons, vous n'avez pas le choix, et on ne demande pas votre avis. Alors vous allez mettre vos différents de côté et répéter cette fichue chorégraphie, est-ce clair?

Quand il s'agissait de répétitions, ma coach devenait vite brutale. Elle me poussait toujours à dépasser mes limites. Elle voulait surpasser la perfection, et moi, je n'en étais pas capable.

Je hochai la tête et soupirai, consciente de la complexité de ce que j'entrevoyais de faire. Finalement, danser n'allait peut-être plus être une partie de plaisir.

Je connaissais la chorégraphie qu'on'devait répéter par coeur, et, quand nos mains s'éffleurèrent, un bruit de ressac retentit entre mes tempes.

C'était une journée d'été, sur le chemain du retour. Nous marchions tous les deux, chacun heureux par la simple présence de l'autre.
Une journée parfaite.
Nous nous sommes rendus au parc. Il était à quelques pas de l'endroit où nous nous trouvions. Nous avions partagé un banc, et très vite, nos rires avaient commencé à se répandre par de-là le clapotis de l'eau de la fontaine.
C'était merveilleux.
Mais peu de temps après, tout ceci ne me sembla plus qu'une vulgaire illusion, plus qu'un lointain souvenir...
Car il était le seul qui pouvait apporter de la couleur à mon quotidien gris et fade, et il ne s'en rendait apparemment mémé pas compte.
Et même après ce qu'il m'a fait, une partie en moi refuse de lui en vouloir.

Quand je repris conscience de mes actes, je fus frappée d'un violent vertige. Une main rattrapa la mienne de justesse, et me tira vers l'avant.
Devant moi se tenait Nathanaël, il me regardait, incertain, et , sortant brutalement la sa torpeur, il demanda, un soupçon d'inquiétude dans sa voix lointaine:
-Hope, est-ce que ça va?

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Alors, surpis ou pas?
Je parie deux kilos de chocolat que la plupart d'entre vous étaient sûrs que ça serait Noah Hamilton.
Niark.
Alors j'ai l'honneur de vous présenter Nathan al,  l'ex-meilleur ami de Hope.
Que pensez-vous de cette partie?
Laissez votre avis en commentaires, j'aimerais bien que vous me fassiez part de vos impressions.
Ah ouais, et j'ai terminé cette partie à exactement 2h08 du mat.
Voilà!
Hiba, tu es sûreque tu n'oublies rien?
Oui, pourquoi?
Ton absence!
Ah ouais.
Pardon pour l'absence. Voilà, t'es content, Jean-Choucroute?
Tu es incorrigible...

SHYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant