Il me regardait, et moi, je regardais le parquet. C'est fou ce qu'un parquet pouvait être intéressant!
-Hope, fit-il.
Je relevai le regard. Il me fixait. Un mélange indéfinissable de sentiments bouillonnait en moi. Comme à chaque fois que je retrouvais dans une situation délicate, mon subconscient se concentrait sur quelque chose de totalement incongru et qui n'avait aucun sens. Dans ce cas précis, j'avais dans la tete le refrain incessant d'une chanson insensée mais qui avait toujours su me faire rire: "César le magnifique, César le merveilleux..."
Abé, César!
Je détournai la tete. Maria parlait toujours.
-Hope, reprit-il.
Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi j'avais si peur de lui parler. D'éclaircir ce qui s'était produit il y a des mois de cela. Peut-être parce que j'avais peur de ne pas me contrôler. Je brûlais de l'intérieur.
-Je suis désolé, souffla-t-il.
-Désolé? Tu es désolé?! chuchotai-je.
Je n'avais pas pu m'empêcher de parler. Bizarrement, avec lui, j'arrivais toujours à être naturelle. A être celle que j'étais vraiment. Celle que seule Athéna connaissait.
Il replia ses jambes, mal à l'aise.
-Je t'en prie, excuse-moi, j'avoue que j'ai agi comme un con, et que tu as toutes les raisons de me haïr.
C'était effectivement là ou résidait le problème. J'avais beau avoir toutes les raisons de le haïr, je n'y arrivais pas. Je me sentais seulement atrocement nostalgique.
-Et il t'a fallu trois ans pour t'en rendre compte? Trois ans ?!
-Je sais, c'est beaucoup, mais j'avais besoin de ce temps pour prendre du recul, pour pouvoir voir notre relation d'un point de vue plus objectif, plus serein...
-Tu aurais pu m'en parler. J'imagine que c'est la moindre des choses.
-Ce n'est pas quelque chose de facile à raconter, le genre de choses qu'on sort nonchalamment au cours d'un dîner. C'est compliqué.
-Compliqué. C'est toujours compliqué avec tout le monde, de toutes façons. Sifflai-je. Et maintenant, est-ce que tu t'attends à ce que je te saute au cou en te pardonnant comme par magie?
-Non, ça serait trop beau...
Je m'assis et étendis le jambes devant moi. Je fus un instant prise d'inquiétude concernant mon poids. Je devenais un peu trop maigre, même pour une danseuse...
-Tu ne connais pas toute l'histoire, recommença-t-il en prenant place à mes cotés.
-Je connais la partie que j'ai vécue, répondis-je en me levant.
Première pirouette.
-Je veux seulement que tu écoutes ce que j'ai à te dire.
L'implosion était en chemin. Deuxième pirouette. J'aurais voulu le croire, si je n'avais pas eu peur de me faire mal. De me laisser trahir. Encore. J'étais tellement sous pression que j'en arrivais même à imaginer des scénarios dans ma tete. Je nous revis. Je revis le bon vieux temps, comme on dit. J'avais un mal de crane à force de penser.
-Non. C'est toi qui vas m'écouter, murmurai-je comme pour moi-même. S'il te plait.
Cette dernière phrase sonnait plus comme une supplication qu'un ordre. J'arrêtai de tourner. Il avait l'air d'être aussi blessé que moi. Mais je ne savais que croire.
-Je veux savoir une seule chose, fis-je, la gorge nouée.
-Laquelle?
-Pourquoi? lâchai-je alors qu'une larme coulait sur ma joue.
Pourtant, j'avais essayé de ne pas flancher. J'avais échoué. Je tremblais. Il me regardait. Il était désemparé.
-Pourquoi tu as fait ça? Réponds-moi. Tu me dois au moins ça.
-Tu ne comprendrais pas.
-Qu'est-ce que je ne comprendrais pas? Le fait que tu aies tout foutu en l'air?
-C'était une obligation que je m'étais imposé à moi-même. Ce n'était pas un choix.
-Tu viens de dire que tu avais choisi de te l'imposer à toi-même! Comment espères-tu me faire croire que ce n'était pas un choix?
Il sa rapprocha de moi, prit ma main dans la sienne. Je la retirai comme si le simple contact de sa peau m'aurait brûlée. Il déglutit.
-Si je ne l'avais pas fait, ça aurait tout ruiné.
-Mais tu as tout ruiné! explosai-je.
-Pas dans ce sens! reprit-il de plus belle. Je tenais à toi, énormément, beaucoup trop, même...
Soudain, je compris ou il voulait en venir. J'écarquillai les yeux, le rythme de mon cœur s'emballa. Je n'avais absolument pas anticipé cette possibilité.
-Ce n'était pas de l'abandon. Juste un peu d'éloignement, le temps que je puisse y voir plus clair, avec un peu plus d'objectivité.
Ma tête devint lourde. Je ne savais plus quoi faire. Si j'avais su, je n'aurais quand-même pas pu lui demander de faire comme si de rien était, cela aurait été cruel. Quoique j'aurais surement fait la même chose, si j'avais été à sa place. Tout n'était peut-être pas perdu...
-On peut recommencer, proposai-je, basculant de la colère à la compréhension.
Son visage s'illumina.
-On va recommencer, affirma-t-il.
Ce qui s'en suivit passa très vite. Je n'eus pas le temps de dire "ouf" que je me suis sentie entourée de ses bras pour la première fois depuis ce qui me semblait une éternité. Je ne saurais dire à quel point j'avais souhaité retrouver cette simplicité qui caractérisait notre amitié.
Pour l'instant, nous étions de nouveau amis -enfin, je crois- . Seul le temps allait nous informer des développements que suivrait notre relation.
*********************************
Oui! je suis de retour! Avec une surprise!
Surprise!
Bref, j'espère que ce chapitre vous a plu. Il reste environ six ou sept chapitres ( que je n'ai pas encore écrits, mais ça viendra) avant la fin de ce roman! J'aimerais savoir quel dénouement vous imaginez pour la fin. Qui sait, peut-être que vous me donnerez quelques idées qui modifieront le plan initial que j'ai en tete! (excusez-moi, mon ordinateur a un problème avec les accents circonflexes).
VOUS LISEZ
SHY
Teen Fiction《C'est bien connu, la complexité des rapports humains, qu'ils relient une personne à elle-même ou à une autre, varie selon plusieurs facteurs. Les sentiments, et les intérêts, sont souvent les seules raisons de l'existence de ces rapports plus ou mo...