Chapitre 17

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Heureusement pour moi, Athéna avait accepté de rester chez moi pour la nuit. On avait eu beaucoup de mal à faire semblant de ne rien savoir pendant le reste de la journée.

Sortant de la cuisine, deux tasses de chocolat chaud à la main, je la rejoignis au salon. On craignait qu'il y ait aussi des micros quelque part. Celui qui prenait la peine de m'observer n'avait pas lésiné sur les moyens. Il y avait une nouvelle caméra dans chaque pièce.

Elle venait de reposer son téléphone. Quand je fus près d'elle, elle me chuchota:

-J'ai prévenu Noah. Et Nathanaël. Je lui ai tout raconté. Depuis le début.

Je me figeai. Je ne tenais absolument pas à le mêler à ce triste bazar. Mais elle m'avait devancée, et l'avait fait. Nous étions quatre dans la confidence.

-Pourquoi tu as fait ça ? Fis-je.

-Je croyais que Nathanaël et toi aviez convenu de tout recommencer sur la base de la confiance mutuelle.

Elle avait raison. Mais maintenant, il était autant en danger que nous trois.

-Ils sont en route, reprit-elle.
-Quoi?!

Quelques minutes plus tard, que j'avais passées à fusiller Athéna de mon regard le plus assassin, la sonnette retentit. Ils étaient arrivés. Je me pressai d'aller ouvrir, sachant pertinemment que j'étais tout sauf présentable.
Je ne savais si je devais en vouloir à Athéna ou lui être redevable de les avoir prévenus.

-Salut! Fis-je. C'est génial que vous ayez pu venir! On va enfin pouvoir finir notre projet!

Ils ouvrirent grand les yeux. Nathanaël savait que je jouais la comédie, mais ne semblait pas comprendre pourquoi.

Moi: Il y a des micros et des caméras partout

Quand ils reçurent mon message, Noah pâlit et la mine de Nathanaël devint incrédule. Je le comprenais. On l'avait propulsé si vite dans une affaire aussi compliquée que les histoires d'amour d'Athéna.

-Vous venez?

Mon air, qui se voulait naturel, ne pouvait pas être plus faux.
On alla s'asseoir sur les fauteuils du salon. J'étais tendue à l'extrême. Je fixais la porte d'entrée.
J'avais peur.
Peur.
Peur.

-Les caméras, fit Nathanaël à ma droite, ce sont celles de ton père?
-Non, celles de mon père ont été désactivées...
-Putain... jura-t-il.

J'avais les larmes aux yeux. Et peur. Très peur. Une angoisse saisissante avait pris le contrôle de mon être. J'étais dépassée.
Il devait être vingt-trois heures. Peut être plus.

- Qu'est-ce que vous avez dit à vos parents? Dis-je aux garçons.
-Urgence pour un ami, répondit Noah.
-Et toi? Demandai-je à Nathanaël.
-Ils ne sont pas au courant.

Je soufflai pour essayer de garder mon calme. Ilé tait quand-même venu. Pour moi.

Soudain, dans le silence de la nuit, le bruit d'une voiture nous alerta. J'entendis le grincement du portail qui s'ouvrait. Mon coeur commença à battre la chamade. Athéna jeta un regard affolé sur nous tous. Tout le monde était horrifié.

Je dus faire quelque chose de vraiment regrettable. Mais c'était notre seul moyen de défense.
Je me levai violemment et m'élançai vers l'une des vitrines du salon. Dans l'un des bibelots qu'elle abritait se trouvait l'une des armes de mon père.
Il croyait que je n'étais pas au courant de son existence, alors que je savais tout ce qui se tramait sous mon toit.

Je la posai au milieu de la table basse. Athéna sursauta et se retint de crier. Les autres étaient tétanisés. Et moi, j'étais apparemment froide, alors que je bouillait de l'intérieur.

-Qu'est-ce que tu comptes faire avec ça ? Fit Nathanaël d'une voix blanche.
-On ne sait jamais, répondis-je.

Je savais exactement où se trouvait chacune des armes de mon père. Il y en avait trois dans le salon. Une dans son bureau, entre ses dossiers, deux dans la bibliothèque.
Je me dirigeai vers celle-ci, et en sortis avec un autre pistolet argenté. Puis un troisième vint rejoindre les deux autres sur la table basse. Tous sans exception étaient chargés.

-Tu sais t'en servir? Chuchota Athéna.
-J'ai assez vu mon père s'entrainer au tir pour savoir où se trouve le bouton marche-arrêt. Répondis-je.
-Ces trucs ne possèdent pas de bouton arrêt, déclara Noah.

Je pris une arme, les autres en firent autant. Des bruits de pas résonnèrent dans le jardin. On éteignit les lumières. À l'aide de celle de mon téléphone, nous remontâmes les marches, puis Athéna proposa qu'on se sépare.

Nathanaël et moi primes la direction de ma chambre. Je refermai la porte avec minutie, tandis que les bruits de pas s'accentuaient.
La pièce était plongée dans le noir, mais les rayons des lampadaires qui pénétraient à travers la fenêtre jetaient sur elle une lumière blafarde.

Nathanaël se dirigeait vers l'armoire.

-Qu'est-ce que tu fais?! Lui dis-je, au bord de la crise de nerfs.

SHYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant