Chapitre 10

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-C'est ce qu'on va devoir découvrir...

Un interminable silence suivit mes paroles. Athéna y mit fin, décidant, toujours avec sa subtilité remarquable, d'émettre une hypothèse farfelue:

-Est-ce que certaines des personnes travaillant avec ton père connaissent ses mots de passe? Sa secrétaire, quelque chose dans ce genre-là?

-Non. Mon père garde toutes les informations concernant les détails du fonctionnement de la compagnie confidentiels.

-Comment connais-tu le mot de passe de son ordinateur alors? Reprit ma meilleure amie.

-Tu me connais, je suis extrêmement douée pour être invisible. Cela n'aurait pas constitué un problème de le voler, mais en réalité, je l'avais vu le taper une seule fois par pur hazard, et depuis, je m'en suis souvenue.

-Très bien. Épluchons ces documents alors...

Le spectacle qui prit place ensuite était encore plus risible. Trois adolescents penchés sur l'écran d'un ordinateur, aux mines tellement concentrées qu'on croirait qu'ils étaient entrain de figurer un moyen pour arrêter la violence dans le monde.

En levant le regard, je me rendis compte avec frayeur que la fenêtre était grande ouverte. Je m'empressai alors de fermer les volets et les rideaux, plongeant le bureau dans une semi-obscurité qui gênait nos recherches. Après une protestation éloquente de la part de ma meilleure amie, je me résolus à allumer la lumière avec lassitude.

-Tiens tiens... fit-elle aussitôt.

Je me penchai par dessus son épaule, et Noah en fit de même. Quand son épaule effleura la mienne, ce ne furent pas des frissons qui me parcoururent, mais toute une décharge d'électricité. Ce fut à partir de ce moment là que je pris la ferme résolution de me mettre au yoga.

-Qu'as-tu trouvé? Demandai-je.
-Tout d'abord, ton père n'est pas à la tête de simples sociétés. Il tiens des sociétés écrans.
-En français, cela donne quoi?
-Que ses sociétés ne font pas réellement ce qu'elles sont censées faire légalement.

Je poussai un soupir en m'écartant. Je n'avais toujours pas compris où elle voulait en venir. Je repris, au risque de paraître totalement idiote:

-C'est-à-dire?
-Que sa société actuelle en cache une autre. C'est comme si je tenais une fabrique de balais officiellement mais qu'en réalité je fabriquais des cocottes minutes. Et que personne n'en était au courant.

Je compris finalement ce qu'elle voulait dire, cependant, je ne voyais pas le rapport avec ce que trafiquait mon père.

-Et où est le problème?
-Officiellement, ton père tient une immense société de télécommunications internationales, c'est ça?
-Exactement.
-Mais ça, c'est ce qu'il fait paraître aux yeux de la loi, ajouta Noah.
-Déjà, ceci est une infraction à la loi. Précisa Athéna.

Je déglutis. Je savais que mon père n'était pas une personne exemplaire -je l'avais su le jour où j'avais découvert la manière dont il esquivait habilement les impôts et autres- mais de là à tenir une société écran...

-Et la réelle société est...
-J'y travaille toujours. Marmonna ma meilleure amie.

Ses doigts fins tapaient d'un geste professionnel et avec une rapidité hallucinante sur les touches du clavier. Sur l'écran, une multitude de fenêtres noires parsemmées d'écritures vertes apparurent. J'hallucinais. Je savais que ma meilleure amie était callée en informatique, mais à ce point...

Soudain, elle recula promptement, sous le choc.

-Oh mon dieu... Balbutia-t-elle.
-Qu'y a-t-il? La sermonnai-je.
-Hope... ton père tient une fabrique d'armes nucléaires et...

La nouvelle me frappa de plein fouet. Je n'arrivais pas à y croire. Je mis un moment à m'en remettre, essayant de rétablir un minimum de lucidité dans mes pensées pour me concentrer sur la suite. J'avais une irréprimable envie de rire, et ce, malgré la gravité de la situation.

-Et? Fis-je d'une voix tremblante.
-Et il fournit des particuliers avec une quantité industrielle d'armes biologiques...

Ma vie venait de prendre un tournant plus que surprenant.

-Le plus intriguant dans cette histoire, c'est que les transactions sur le compte bancaire de ton père ont toujours lieu, la dernière date d'il y a à peine vingt-quatre heures.
-Ça veut dire qu'il est toujours en vie. Déduit Noah.

SHYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant