SHY

Chapitre 21

Je me demande pourquoi je l'avais fait. Sans m'en rendre compte, ces mots s'étaient échappés de ma bouche. Tous seuls. Ma voix s'était répétée en écho dans l'espace de l'entrepôt. Mon père avait tourné la tête, puis avait sursauté en m'apercevant, sous le choc. L'autre homme avait alors levé les mains en l'air, confus et désorienté. Ma mère, elle, me toisait d'un air incompréhensif.

Je brûlais intérieurement.

Le moment de la confrontation était enfin arrivé.

-Hope...qu'est-ce que tu fais ici? balbutia mon paternel.

-Je devrais te poser la même question, répondis-je le plus calmement possible.

Le regard de mon géniteur se fit sévère.

-D'où te vient cette insolence? Hope Reylons, je t'ordonne de rentrer immédiatement à la maison!

Je frissonnai, mais pour la première fois, j'osai tenir tête à mon géniteur.

-Non, répondis-je.

Mon père rougit de fureur.

-Ne m'oblige pas à descendre cet homme devant tes yeux, reprit-il.

-Je suis sure que tu ne le feras pas.

J'affrontai mon père du regard, et c'était bien la première fois que cela arrivait. Je ne réussissais même pas à croire que cela était réel. Quelques semaines seulement auparavant, je ne me serais absolument pas crue capable de faire cela.

-Je veux des réponses, papa.

Il resserra sa prise sur son arme. Je ne déviai pas la mienne de son torse. Je sentais le regard d'Athéna, Noah et Nathanaël sur moi.

-On en rediscutera, Hope. Maintenant, pose ton arme.

Une forte colère prit possession de mon être. Ma prise était tellement ferme sur mon arme que c'en était douloureux. J'avais l'impression que mon âme se déchirait à l'intérieur de moi, puis retombait en lambeaux à mes pieds. C'était la première fois que mon père prononçait mon prénom en entier depuis des années.

-Non, répondis-je, pose la tienne.

-Ne m'oblige pas à te faire du mal. N'agis pas comme quelqu'un de bête.Tu es intelligente, très intelligente.

-En tout cas, plus intelligente que les deux mammouths qui te servent d'hommes de main. Leur capacité de réflexion est visiblement restée à l'ère glacière, papa.

A ces mots, l'un d'eux grogna, et serra les phalanges. Je fis signe à mes amis de reculer, et les rejoignis.

-Ça a faire boom...murmurai-je, une fois à proximité.

-Quoi?! fit Athéna.

-A trois, je veux que vous preniez la fuite.

-Il n'en est pas question, s'opposa Nathanaël.

Autour de moi, il n'y avait plus que des regards à la résignation peu commune.

-Très bien, capitulai-je. Athéna, tu as toujours ton téléphone?

-Oui, me répondit-elle.

-Alors appelle la police.

Elle s'exécuta, mais à peine lui répondit-on à l'autre bout du combiné, qu'une arme vint se poser contre sa tempe. Elle déglutit. Heureusement pour moi, l'homme qui la tenait en joue se trouvait à proximité des barils.

Je pivotai et pointai ces derniers de mon arme.

-Athéna, jette ton téléphone! fis-je. 

Elle le fit.

- Tout le monde à terre! 

Avec un dernier regard entendu, je tirai.

L'explosion fut d'une violence sans précédents.