Chapitre 18

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- Je me cache. Ou préfèrerais-tu que je les accueille en souriant?

-Non, fis-je. C'est le premier endroit logique où ils iraient chercher!

Je devais les empêcher de chercher. Mais corporellement, je ne faisais pas le poids.
Soudain, j'eus une révélation. Comme quoi, une idée germait encore de temps en temps dans mon cerveau à la retraite.

-J'ai une idée, chuchotai-je.
Nathanaël me regarda en biais:
-Et en quoi consiste-t-elle ?

Les pas se rapprochèrent encore plus.

-Pas le temps de t'expliquer. Passe-moi ton t-shirt.
-Quoi?!

Exaspérée, je le pressai:
-Fais ce que je te dis!

Dans la pénombre, il me passa ce que j'avais demandé.
-Ferme les yeux, allez!

Il souffla puis s'exécuta. Je me débarrassai de mon débardeur et mis son t-shirt. Son odeur musquée enveloppa mon corps. Il m'arrivait à mi-cuisses. Parfait.

Je détachai mes cheveux et les ébouriffai légèrement. Nathanaël comprit ce que j'allais essayer de faire croire.

-C'est pas vrai, pesta-t-il.

La poignée de la chambre grinça. Nous nous dirigeâmes vers le lit. Je m'allongeai et il fit de même. Il prit ma main dans la sienne. Je brûlais au contact de son torse contre mon dos.

-Maintenant, murmurai-je, on n'a plus à prier qu'ils soient assez cons pour y croire.

La porte s'ouvrit. Je me raidis et fermai les yeux. La crosse de mon arme était glacée contre ma hanche, contrastant avec la chaleur brûlante de mon corps.

Un halo de lumière vive pénétra la pièce. Je fermai les yeux et tentai vainement de contrôler mes tremblements. On fit semblant de dormir. Il y eut un instant où le temps arrêta de couler.

-Hé, fit une voix, elle n'est pas seule, la gamine.
-La ferme! Chuchota une autre. Tu vas finir par les réveiller et on sera obligés de les assomer tous les deux!

Par les bruits qu'ils faisaient, je compris qu'ils fouillaient la chambre. J'entendis la porte de l'armoire s'ouvrir. Si on avait décidé de s'y cacher, je ne donnerais pas cher de nos peaux à l'heure qu'il est!

-Je me demande toujours pourquoi le patron a voulu qu'on fouille la chambre de sa propre fille...

Mon père?!

Soudain, je me figeai. Mon souffle se bloqua. J'étais tétanisée. Quelque chose venait de me revenir en mémoire : les dossiers. S'ils tombaient dessus, nous étions bel et bien foutus.

-Connaissant son père, elle ne doit pas avoir une vie bien joyeuse, la p'tite!
-Mais tu vas la fermer, oui?!

J'entendis des tiroirs s'ouvrir, mes habits de faire jeter à terre et mes livres également.
Mon Dieu, faites qu'il soient assez cons pour ne pas tomber dessus...

-Rien ici.
-Ici non plus.

On referma les tiroirs et autres. Je perçus du mouvement à travers mes yeux clos.

-Bon, ben, fausse alerte, fit l'un d'eux.

Oui, c'est ça, maintenant allez-vous en !

Un silence lourd s'abattut sur la pièce. Il me sembla que mon coeur y causait un vacarme insoutenable par ses battements incessants. On ouvrit à nouveau la porte de ma chambre.
Les deux hommes sortirent. J'entendis leurs pas sur les marches. Pourtant, on ne bougea pas. Des voix se firent entendre depuis le rez-de-chaussée. Soudain, quelqu'un parla. Au son de cette voix, mon sang se glaça. Nathanaël se crispa contre moi.

-Vous les avez trouvés?
-Non monsieur, la fille ne sait rien.

Il souffla, puis on entendit des pas. Les trois hommes quittèrent la demeure après avoir claqué la porte.

Le troisième homme, c'était mon père.

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