Je finis la dernière suture de ma patiente, puis pose un pansement dessus pour protéger la plaie. Je lui explique en détail les gestes qu'elle devra avoir pour nettoyer la blessure, puis appelle l'interne de garde pour qu'il vérifie mon travail. Une fois qu'il a validé ce que j'ai fait, je vais remplir le dossier afin que la quinquagénaire puisse partir en toute sécurité.
En regardant l'horloge qui se trouve au dessus du bureau des infirmières, je remarque qu'il est plus de six heures du matin. Je vérifie qu'il n'y ait plus besoin de moi auprès de mon interne avant de m'éclipser vers les vestiaires pour récupérer mes affaires. Je viens d'enchaîner vingt-quatre heures de garde et je suis totalement exténué, alors je ne perds pas de temps et rejoins ma voiture pour rentrer chez Chris.
J'adore ce genre de garde aux Urgences. Réellement, c'est passionnant. Éreintant, mais passionnant. Je m'entends très bien avec la plupart des internes et, comme ils savent que je suis bon dans ce que je fais, j'ai un peu plus de libertés que d'autres. On est trois ou quatre à avoir ce privilège. On ne fait pas grand chose à vrai dire, on s'occupe uniquement des petits traumas, mais c'est excitant. On est jetés dans le grand bain et j'aime pouvoir m'occuper des gens, aussi minimes soient leurs problèmes. Cette nuit par exemple, je me suis occupé d'une dizaine de patients qui avaient besoin de sutures, de dix-sept entorses et de six fractures, ainsi que d'une adorable petite fille de quatre ans qui était tombée de sa balançoire la tête la première. Ca lui a valu une demi douzaine de points car sa dent avait transpercé sa lèvre. Marie-Alice. Elle pleurait au début, mais dès que je lui ai dit qu'elle pourrait manger de la glace pendant une semaine grâce à ça, elle m'a écouté sans broncher. Et elle m'a même fait un câlin en partant. Adorable.
Je me gare devant chez Chris et sors de la voiture tel un zombie. J'utilise la clé qu'il m'a donnée pour rentrer chez lui et dépose mon sac dans le hall. Pilou, son chien, vient immédiatement à ma rencontre pour me quémander des caresses. Je me baisse pour le prendre dans mes bras. Il est si petit par rapport à mon chien, c'en est presque ridicule. Je vais dans la cuisine pour boire un peu et, dès qu'on passe devant sa gamelle, il commence à gesticuler dans mes bras pour descendre. Je souris et me penche pour lui servir des croquettes, qu'il s'empresse d'engloutir. Je remplis son bol d'eau et me sers un verre au passage, puis je vais directement dans la salle de bain me laver, le plus discrètement possible.
Une fois ma douche prise, j'enfile un boxer propre que je récupère dans mon sac et rejoins la chambre de mon petit ami, plongée dans le noir. Il n'a jamais cours le mercredi, alors il s'autorise une grasse mat' à chaque fois, pour couper sa semaine. Normalement, il est toujours levé à six heures du matin. Je peux concevoir qu'il veuille se reposer quand il en a l'occasion, mais ses partiels arrivent dans moins d'un mois alors je ne comprends pas comment il fait. Si c'était moi, je dormirais à peine quatre heures par nuit, alors que je connais déjà tout le programme pour mes examens de janvier. Chacun son truc.
Je me glisse lentement dans les draps pour éviter de le réveiller, mais évidemment c'est un échec. Dès que je suis installé, dos à lui, je sens son bras passer autour de mes hanches pour me ramener vers son corps. Il pose son nez dans mon cou qu'il embrasse avant de parler d'une voix toute endormie et réellement sexy.
_Tu sens bon mon Coeur.
Je me tourne pour être sur le dos et il vient directement se coller contre mon flanc et enfouir sa tête dans mon cou, mon bras autour de lui.
_Je viens de prendre une douche, je réponds en baillant. J'ai donné à manger à Pilou, au fait.
_Merci, t'es parfait.
Je souris et le serre un peu plus contre moi.
_Ca s'est bien passé ?
_C'était trop bien, mais je suis exténué sérieux. Rien que dans les six dernières heures j'ai vu plus d'une quinzaine de patients.
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À pas de loup - Tome 2
أدب الهواةDepuis tout petits, on nous dit qu'il faut croire en ses rêves. Que tout est possible. En grandissant, on comprend qu'il y avait une part de mensonge. N'y en a-t-il pas toujours une dans ce que les adultes disent aux enfants ? Parfois, les rêves se...