Présumé coupable [ terminé ]

Chapitre 8 : Une journée si parfaite...

♪ Smells like teen spirit - Nirvana

Douze ans plus tôt, chez Dylan – New Port

7h46

Dégoutée. Il n'y a pas d'autres mots. Cette journée aurait pu être parfaite si cette peste de Shelby n'avait pas lancé cette rumeur quelques semaines plus tôt. Capitaine des cheerleaders, cette garce est tout simplement jalouse du couple que Wade et moi formons. Je ne vois pas d'autre explication possible. Dire à tout le monde que je le trompe avec Logan dans l'espoir que Wade l'apprenne est juste dégueulasse. Quand j'ai eu vent de ses ragots, je n'y ai pas prêté attention. Avec Logan on est tout le temps fourrés ensemble et ce depuis l'âge de 4 ans. Certes lorsque Wade et moi nous sommes mis ensemble, il m'a demandé clairement les sentiments que j'avais envers mon meilleur ami. J'ai été honnête, comme toujours je n'ai jamais rien eu à cacher, je lui ai dit que je le considérais comme mon frère. Donc oui il nous arrive de nous enlacer mais c'est plus des câlins fraternels. Donc oui au début il a eu du mal de voir sa petite amie être proche d'un autre que lui mais il s'est habitué et est devenu ami avec Logan. Ce qui m'a ravie. Mais c'était sans compter sur la jalousie de Shelby. Je la comprends dans le sens où Wade est vraiment canon. C'est mon copain donc c'est normal que je dise cela mais bien avant que l'on sorte ensemble à chaque fois qu'il passait à mes côtés je bavais limite. Même à présent je ne réalise toujours pas que c'est mon petit ami. Je suis assez banale comme fille. Je ne me maquille pas et niveau tenue vestimentaire c'est toujours simple, ni trop sexy ni trop fade. Un juste milieu. Je suis juste la fille du Maire. Wade lui est capitaine de l'équipe de foot et son père est un prestigieux avocat tandis que sa mère est une pédiatre réputée. Donc quand j'ai su que les rumeurs venaient de madame la cheerleaders en chef, j'ai littéralement pété les plombs. Déjà je prenais sur moi quand elle collé un peu trop Wade en minaudant autour de lui. Mais là elle est vraiment partie trop loin. J'ai attendu la fin des cours hier pour mettre les points sur les « i » et lui dire ma façon de penser. Sauf que ça ne s'est pas du tout passé comme je l'avais prévu. Au lieu d'une confrontation verbale ça s'est fini avec Shelby à terre, moi sur elle en la giflant. Le proviseur est arrivé sûrement alarmé par l'attroupement des élèves autour de nous. Logan et Wade essayaient de me retenir mais j'étais dans une rage folle. Résultat mes parents ont été convoqués et j'ai été exclue du lycée pendant 3 jours. En rentrant hier soir, mon père n'a même pas osé me regarder. Je sais que je l'ai déçu mais sur le moment tout est allé si vite que je n'ai pas pu me maîtriser. On est donc samedi et je suis punie. Non mais franchement, punie à 16 ans ! J'aurai encore préféré faire des travaux d'intérêt général comme le font les petits délinquants ayant commis des délits mineurs et qui sont condamnés à ramasser les ordures sur les aires d'autoroutes. Bien évidemment Shelby s'est faite passer pour une pauvre victime dans l'histoire. C'est pourtant elle qui a commencé à raconter de la merde sur moi. Heureusement Wade n'en a pas cru un traître mot. Mais c'est le fait que tout le monde pense que je suis une traînée qui m'a mise en rogne. Bref, je suis coincée chez moi tout un week-end. Je trouverai bien un moyen de partir d'ici discrètement. Je sors de mon lit bien décidée à faire bonne figure et de me faire pardonner auprès de mes parents. Je n'ai jamais été le genre d'enfant à faire des histoires. Certes j'ai fait quelques bêtises avec Logan étant plus jeune mais jamais je ne me suis battue. Je ne savais même pas que j'avais cette force en moi. Cette hargne.

— Ta mère est partie au marché, maugrée mon père quand il me voit m'installer à table.

Je n'ose lui répondre. J'ai déçu mon père. Je m'en veux. Terriblement. On est une véritable famille. Soudée. Pas comme dans « 7 à la maison » non plus mais dès que quelque chose nous tracasse, ma sœur et moi, nous en parlons avec mes parents. Je me verse du jus d'orange dans un verre et le bois silencieusement. Un silence de mort s'abat entre nous. Je cherche une ouverture pour le rompre.