Cinq jours plus tard.
10h00.
Le dimanche s'étendait devant moi tel une toile vierge, offrant l'opportunité idéale de vaquer à quelques courses. Mon premier arrêt était chez mon ami Moussa. Près de trois jours s'étaient écoulés depuis notre dernière rencontre, à l'exception des échanges téléphoniques qui parvenaient difficilement à combler le vide de nos retrouvailles. Je montai sur ma moto, faisant vrombir le moteur, et pris la direction de sa demeure.Une fois sur place, je découvris Moussa occupé à finir ses dernières réalisations. Assis à ses côtés, j'observai avec fascination la maîtrise avec laquelle il effectuait ses ajustements. Au départ, les subtilités de son travail m'échappaient, mais il prit soin de m'expliquer les effets visuels et les nuances chromatiques qu'il soignait avec minutie. Son talent m'émerveillait, et je ne pouvais que saluer son travail avec admiration.
- Comment te portes-tu ? m'interrogea-t-il une fois son ordinateur éteint.
- À merveille, répondis-je d'un ton enjoué. Ne le vois-tu pas ?
- Certes, acquiesça-t-il. Te souviens-tu de Fatma, par ailleurs ?
- Fatma ? Ce nom m'échappe totalement, en toute franchise, avouai-je, perplexe.
- C'est la fille que j'ai rencontrée lors de l'anniversaire d'Amina.
Amina ! Rien qu'à l'évocation de son nom, mes pensées se tournèrent irrémédiablement vers elle. Malgré tous mes efforts pour l'effacer de ma mémoire, elle persistait dans mon esprit, telle une présence indomptable.
Moussa m'arracha brusquement à mes divagations.
- Ilyan, es-tu encore avec moi ? s'enquit-il, cherchant à capter mon attention.
- Oui, répondis-je, me recentrant sur la conversation. Et comment va-t-elle, Fatma ?
- Elle se porte à merveille, révéla-t-il avec assurance, avant d'ajouter :
- Elle souhaite même que nous nous retrouvions ce soir.
- Ce soir ? Mon frère, tu as gagné le gros lot ! m'exclamai-je.
- Serait-ce trop te demander de m'accompagner ? sollicita-t-il, l'espoir perceptible dans son regard.
- Mais ne devrait-ce pas être une soirée en tête-à-tête ? m'enquis-je.
- Certes, mais j'ai évoqué ta présence pour qu'elle puisse faire ta connaissance, m'expliqua-t-il.
- Très bien, finis-je par concéder. J'y serai.21h00.
Lorsque nous pénétrâmes dans l'enceinte majestueuse de la demeure de Fatma, tout était orchestré à la perfection. Elle rayonnait d'une élégance exquise, vêtue d'une robe noire à la coupe raffinée qui descendait jusqu'à ses genoux. Les perles scintillantes semblaient danser sur le tissu sombre, ajoutant une touche de mystère à sa tenue. Ses cheveux courts encadraient gracieusement son visage, accentuant sa beauté saisissante. Elle avait préparé une table somptueuse dans la salle à manger, regorgeant de mets délicats qui éveillaient nos sens.
Nous prîmes place autour de cette table opulente, nous préparant à savourer un festin tant gustatif qu'émotionnel. Les discussions animées et les rires remplissaient la pièce, créant une ambiance chaleureuse et conviviale.Après avoir dégusté les mets délicieux, Fatma fit taire la cacophonie en lançant une mélodie douce qui se répandit dans l'air. D'un geste gracieux, elle invita Moussa à la rejoindre sur la piste de danse improvisée. Il acquiesça, captivé par son charme indéniable. Quant à moi, je demeurai assis, mon regard oscillant entre leur complicité naissante et les ombres qui dansaient sur les murs, reflétant mes pensées tumultueuses. Fatma, percevant mon trouble, interrompit leur danse en éteignant la musique d'un geste délicat.
Elle revint s'installer à sa place, aux côtés de Moussa, avant de poser sur moi un regard empreint d'une sollicitude.
- Est-ce que tu penses à elle ? murmura-t-elle d'une voix à la fois douce et inquiète.
- Désolé, dis-je. Je ne te suis pas.
- Je parle d'Amina, lança-t-elle.
Surpris, je restai silencieux un instant, cherchant mes mots dans un mélange de confusion. Comment se faisait-il que cette énigmatique jeune fille fasse partie de l'entourage d'Amina depuis si longtemps, sans que je n'en aie jamais eu connaissance ?
- Vous vous connaissez ? demandai-je.
- Oui, répondit-elle. C'est ma meilleure amie.
- Elle ne m'a jamais dit qu'elle avait une meilleure amie.
- Ça fait à peu près trois ans qu'on s'est connu.
- Tu es amie avec elle depuis trois ans ? demandai-je, cherchant à comprendre la portée de leur lien.
Elle acquiesça légèrement, révélant une profondeur de complicité entre elles qui m'était étrangère. L'idée qu'Amina puisse évoquer notre histoire avec une autre personne m'emplissait d'un mélange d'inquiétude.
- Elle me parle de toi souvent, déclara Fatma, laissant planer une ambiguïté troublante dans l'air.
Ma perplexité grandissait tandis que je tentais de percer le voile de mystère qui entourait leur amitié. Les mots de Fatma semblaient indiquer qu'elle était au courant des événements qui se déroulaient entre Amina et moi, bien que je n'aie jamais eu la moindre indication de la part d'Amina quant à leur relation.
- Que sais-tu exactement ? m'enquis-je.
- Je ne peux pas tout te révéler, répondit-elle énigmatiquement. Mais je peux te dire qu'elle ne t'a pas menti au sujet de son petit ami. Il fréquente le même lycée que vous.
Cette révélation soudaine provoqua une onde de choc à l'intérieur de moi. Je me sentais confus et perdu dans un labyrinthe d'émotions contradictoires.
Perdant peu à peu l'élan qui m'avait poussé à assister à cette soirée, je jetai un coup d'œil à l'horloge murale et réalisai que les heures s'étaient envolées, emportant avec elles une part de mon enthousiasme. Il était temps pour moi de quitter ce tumulte d'émotions et de rentrer chez moi.
- Je suis désolé de devoir quitter cette belle soirée, annonçai-je. Ma mère doit m'attendre.
Moussa sembla enclin à rester, captivé par la présence envoûtante de Fatma, mais il comprit ma détresse et se leva pour me suivre.
- Nous nous reverrons bientôt, n'est-ce pas ? lança Moussa, cherchant à préserver les liens tissés durant cette soirée.
- Cela me convient parfaitement, répondit-elle avec un sourire aimable.
Alors que nous quittions la demeure de Fatma, prêts à affronter les ténèbres de la nuit, elle m'interpella une dernière fois.
- Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à m'appeler, offrit-elle d'une voix empreinte de compassion.
Je lui adressai un regard reconnaissant, sentant que ses paroles allaient bien au-delà des simples politesses.
- Merci, vraiment, murmurai-je, exprimant ma gratitude sincère.
Ainsi, nous nous enfonçâmes dans la nuit, portant avec nous le poids des révélations et les promesses de lendemains incertains.
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La Chanson Du Souvenir
RomanceDans la charmante ville côtière de leurs enfances, Ilyan et Amina ont tissé une amitié unique, pleine de rires et de complicité. Mais le temps les a séparés, et Amina a dû partir loin, laissant Ilyan avec leurs souvenirs. Quand Amina revient, des an...