Chapitre 7

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POINT DE VUE DE SOPHIE.

09h05.
D'un pas pressé, je descendis les escaliers à la recherche d'un peu de dose de caféine. Lorsque j'entrai dans la cuisine, je découvris ma mère assise à la table à manger, accompagnée de mon père. Le salut poli que je leur adressai fut suivi d'une brève révérence, tandis que je me hâtais de faire demi-tour, désireuse de m'éloigner de leur regard perçant. Néanmoins, ma mère me rappela avant que je ne puisse quitter la pièce.
- Sophie ! Où t'en vas-tu ainsi ? interrogea-t-elle.
- Dans ma chambre, répliquai-je d'un ton las.
Je quittai la cuisine d'un pas déterminé, mon cœur alourdi par l'inconfort persistant causé par cet homme.
Une impulsion me fit diriger vers la chambre de Ilyan.
Je le découvris allongé sur son lit, absorbé par une série télévisée. Son visage s'illumina aussitôt lorsqu'il m'aperçut, se parant d'une joie pure qui rayonnait en ses traits. Je remerciais silencieusement le destin d'avoir placé sur mon chemin ce jeune frère si aimant et attentionné. Il veillait sur moi jour après jour, ne cherchant qu'à combler mon bonheur, sans même que je n'aie à exprimer mes tourments. En lui, j'avais trouvé un confident, un pilier solide sur lequel je pouvais m'appuyer dans l'océan tumultueux de ma vie.
Je m'installai gracieusement à ses côtés, me glissant délicatement sous les draps qui nous enserraient.
- Qu'avons-nous au programme ce soir ? lançai-je d'une voix douce.
- The Blacklist, répondit-il d'un ton nonchalant.
Un soupir léger m'échappa.
- Est-ce ainsi que tu envisages de passer tes vacances ? demandai-je.
- Comment les ai-je passées ? répliqua-t-il.
Je laissai échapper un sourire en coin.
- Où est Amina ? m'enquis-je.
- Elle va bien, répondit-il d'une voix mesurée.
Mon regard chercha à percer le sien.
- Êtes-vous ensemble maintenant ? demandai-je.
- Non, murmura-t-il, ses mots glissant sur ses lèvres avec une légèreté teintée de mélancolie.
Une lueur d'empathie s'alluma dans mon regard.
- Pourquoi ? Elle ne te plaît pas ? osai-je demander.
- Évidemment que si. Mais elle ne veut pas s'engager dans une nouvelle relation, d'après ce que j'ai pu déduire, répondit-il.
Mes yeux reflétaient une compréhension silencieuse.
- Elle sort d'une relation difficile ? Je présume qu'elle a beaucoup souffert, déduisis-je, partageant mes pensées avec une empathie profonde.
- On peut dire que ce n'a pas été une période facile pour elle, confia-t-il d'une voix chargée d'émotions.
Mon regard s'emplissait de compassion.
- J'espère sincèrement qu'un jour elle t'ouvrira les portes de sa vie, exprimai-je avec une tendresse enveloppante.
- Oui, espérons, murmura-t-il.
Soudain, il capta mon état d'anxiété, son regard perçant scrutant mon visage comme pour lire mes pensées les plus intimes.
- Tu sembles stressée. Y a-t-il un problème avec papa ou maman ? demanda-t-il d'une voix douce.
Un mois s'était écoulé depuis le retour de mon père à la maison, après des batailles incessantes pour obtenir les précieux permis nécessaires à son dernier projet. Malik, malgré ses plus de cinquante ans, refusait toujours d'être rappelé à l'ordre par ma mère. Il préférait affronter une armée de bureaucrates plutôt que d'admettre qu'il avait, d'une certaine manière, laissé sa famille de côté. Il était conscient que c'était la raison pour laquelle je lui en voulais. Il n'avait pas réussi à réparer les choses. Quel genre d'homme était-il donc ? Acclamé dans le monde entier en tant qu'entrepreneur accompli, mais incapable de sauver les liens familiaux qui se dégradaient.
- Avec papa, c'est toujours ainsi, répondis-je, laissant échapper une partie de ma peine.
- Quand est-ce que vous allez enfin régler votre problème ? souffla-t-il, désirant ardemment une réconciliation.
- Ce n'est pas facile, Ilyan, murmurai-je.

Nous partagions un instant de silence, nos pensées se mêlant dans l'obscurité de la pièce. À travers son regard bienveillant, je trouvai un réconfort inattendu. Peut-être, à travers nos liens indéfectibles, trouverions-nous le courage de surmonter les épreuves qui nous attendaient.

POINT DE VUE DE MARIAM,
MAMAN DE ILYAN.

- Malik, je veux que l'on se parle, déclarai-je, mon regard fixé sur cet homme dont l'absence avaient semé tant de douleurs.
Levant les yeux de ses affaires, Malik enfilait sa veste, arborant une expression empreinte d'impatience.
- De quoi voudrais-tu me parler ? rétorqua-t-il.
- De Sophie, évidemment, répondis-je.
- Est-ce qu'elle a des ennuis ? A-t-elle besoin d'argent ? De mes hommes ? De quoi ? Tu sais que je ferais tout mon possible pour l'aider. Elle n'a qu'à demander, répliqua-t-il.
Un lourd soupir s'échappa de mes lèvres.
- Malik, tu sais bien qu'elle ne le fera jamais, confiai-je.
- Mais pourquoi, bon sang ? Je suis son père, s'exclama-t-il, déconcerté par l'incompréhension qui régnait entre lui et sa fille.
- Elle essaie de te prouver des choses. Elle pense être responsable de ton départ, parce qu'elle posait trop de problèmes, murmurai-je, dévoilant les blessures profondes qui tourmentaient l'âme de Sophie.
- Sophie est une fille excellente, commença-t-il.
- Il faut que quelqu'un arrange les choses entre vous. Il est grand temps ! Quand comptes-tu retourner ? l'interpellai-je.
- Dans quelques semaines, voire moins, si tu me dis pas de quoi il retourne, dans un langage suffisamment clair pour mon cerveau d'homme obtus ! répliqua-t-i.
- Ne le prends pas sur ce ton avec moi, répliquai-je d'une voix empreinte de fermeté.
- Mariam, s'il te plaît ! implora-t-il, réalisant l'urgence de la situation.
- Pourquoi ne l'appelles-tu pas pour parler avec elle ? proposai-je, sachant que Sophie refusait catégoriquement de prendre l'initiative.
- Elle n'acceptera jamais et tu le sais, rétorqua-t-il.
- Tu sais, c'est son anniversaire dans quelques semaines. Tu n'as jamais assisté à l'une de ses fêtes qu'elle organisait. S'il te plaît, fais l'effort d'assister à celle-ci, plaidai-je, espérant susciter en lui une étincelle de réconciliation.
- Mariam, toi-même tu sais que je n'ai pas beaucoup de temps, même pas pour moi, répliqua-t-il, saisissant ses clefs et son sac, prêt à se plonger à nouveau dans l'engrenage de son travail.

La Chanson Du SouvenirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant