1.Axa

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Plus de dix-sept années étaient passées depuis leur arrivée sur la nouvelle planète. Les humains avaient réussi à s'y implanter. Le mode de vie était considérablement différent de celui d'autrefois, la majorité des innovations scientifiques avait été anéantie. Le Nouveau Monde avait un nom : la cité. L'immense cité s'étendant sur des milliers de kilomètres et délimité par d'imposants murs possédait aussi un toit fait d'une grande plaque en verre, faisant office de couche d'ozone. 

Ainsi, l'air qui y pénétrait était purifié et laissait clairement passer les rayons de soleil. Nul n'avait le droit de la quitter parce que l'extérieur de la cité était considéré comme dangereux. C'était un fait et la loi le recommandait : « Aucun habitant ne doit quitter la cité sauf les troupes choisies par le gouverneur. » Une vie communautaire s'était installée où les technologies ne servaient qu'à des fins utiles et importantes.

Les humains avaient à présent des habitations quasi identiques, mais différentiables et il n'y avait plus réellement d'école. Les enfants, dès leur septième anniversaire, recevaient la formation académique nécessaire et, selon leur potentiel, étaient redirigés vers un métier pour servir la cité. Il n'y avait plus réellement de classes sociales. Personne n'était riche, personne n'était pauvre. Tous étaient surveillés par peur qu'un nouvel affrontement ne se déclenche et n'entraîne une quelconque nouvelle guerre. Le problème de la pauvreté ou des classes sociales avait certes disparu, mais un autre problème s'était ancré dans la vie des humains : le vide. Oui, ils étaient vides de l'intérieur et n'arrivaient pas à oublier cette guerre qui leur avait laissé trop de séquelles. 

Dame guerre avait posé un voile taché de sang sur le cœur des Hommes. Malgré les obstacles auxquels ils avaient dû faire face, les humains avaient repris le contrôle de leur existence. Dans la cité, tout était réglementé, de sorte que l'intelligence humaine ne prenne pas le dessus sur l'éthique, qu'elle ne mène plus à l'extinction de la race humaine. 

Le gouverneur Hongust Val était à l'origine de cette loi, il était passé de l'homme joyeux et altruiste à un individu plus sombre, bien que toujours habité par le désir d'aider son prochain. Son sourire s'était éteint depuis la disparition de sa famille, enfin presque. Ses lèvres s'étiraient parfois dans la plus grande discrétion lorsqu'il apercevait Axa, sa fille.

Axa Val, la fille à la peau dorée, comme aimaient l'appeler certains, était sortie de sa chambre depuis une demi-heure. Elle se trouvait à présent debout sur la grande terrasse de la Troïka, la principale maison de la cité, celle du gouverneur Hongust. La Troïka était un bâtiment à plusieurs étages qui surplombait toutes les résidences de la cité. 

Elle pouvait passer des heures à admirer le travail qu'avaient accompli les membres de la cité, mais elle ne pouvait s'empêcher de jeter de longs regards pour tenter de voir à l'extérieur des murs Axa décroisa ses bras pour les placer sur la rambarde avant d'inspirer une longue bouffée d'air. Le vent caressait ses longs cheveux noirs aux reflets blancs. Elle portait sa tenue habituelle, une combinaison noire aux manches semi-longues. Elle pointa ses yeux bicolores sur l'homme à la silhouette élancée qui se tenait près d'elle ; un des agents de son père.

— Où est mon père ? lui demanda-t-elle d'un ton monotone.

— À une réunion, lui répondit l'agent.

Elle soupira avant de se rendre à l'intérieur de sa chambre.

*

L'une des équipes de sécurité s'entraînait comme à son habitude dans la pièce construite à cet effet. Les équipes de sécurité de la cité — junior comme sénior — jouaient un rôle important dans la vie des humains : ils devaient les protéger face au danger, survivre à une formation digne de l'armée afin d'exceller à leur tâche. L'un des chefs des équipes se rapprocha du groupe à la fin de la séance.

La planète aux yeux vertsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant