8.Possesion

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Les nelcaliens obsédaient Luz. Elle désirait atrocement la vérité. La phrase du nelcalien tournait en boucle dans sa tête depuis la question de Cody.

— Quand je le voudrai, je trouverai le chemin, répliqua Axa en fixant un point invisible.

— Hum ?

— Le nelcalien que j'avais croisé dans la forêt m'a dit que lorsque je le voudrai, je trouverai le chemin, je les retrouverai, expliqua-t-elle.

— Bien sûr que tu ne l'as jamais voulu ! ironisa Cody.

— Arrête de te foutre de moi, j'essaye de deviner ce qu'il voulait dire par là. Tu viens de me parler de patience, je crois que je serai patiente cette fois pour ne laisser échapper aucun indice, le tança-t-elle.

— Bravo, tu fais des efforts, la félicita-t-il.

Axa ne répondit rien, le visage neutre et les jointures brûlantes. La douleur à ses mains était croissante et elle se sentait de plus en plus faible. Sa chaleur corporelle croissait lentement et elle avait un léger tournis. À cela s'ajoutaient des bourdonnements à ses oreilles, semblables à des chuchotements. Mais dans ce cas, et contrairement à ce qui s'était passé durant toutes les années précédentes, elle ne percevait que des ondes négatives, des présences comme impures, voire démoniaques, mais ne révéla rien à Cody qui l'observait d'un œil inquisiteur.

— Axa ?

La voix de Cody était à peine perceptible par Axa dont la vision devenait trouble. Les bourdonnements se multipliaient. N'ayant reçu aucune réponse, il se risqua à toucher l'épaule d'Axa, mais retira aussitôt sa main. Le corps d'Axa était terriblement chaud, sa température était extrême.

Sì u mio (Tu es à moi), murmura une voix métallique à l'oreille d'Axa, elle faisait froid dans le dos

Axa se leva doucement, marcha vers un lieu inconnu. Cody se leva brusquement et l'appela vainement. Pour ne pas éveiller les soupçons, il marcha près d'elle dans le silence. Ils pénétrèrent dans une pièce sombre après plusieurs minutes de marche dans la cité. Cody ne connaissait pas cet endroit. Le lieu était semblable à un laboratoire, une base militaire de recherche. Axa se dirigea vers les panneaux de commande et fixa du regard l'écran jusqu'à ce qu'il s'allume. Sur la première image était inscrit : « Archives ». Des images horribles défilaient. Cody n'avait jamais vu autant de sang, autant de morts. Des têtes par-ci, des corps par-là. L'une des images attira son attention, une jeune femme aux yeux verts miroités, aux cheveux blancs et à la peau brillante : une nelcalienne. Elle était en pleurs, à genoux et ligotée. Juste en dessous de l'image était écrit : « Cobaye 1 ». Cody plissa les yeux et analysa l'image qui traduisait la peine et la souffrance de la créature à ce moment-là. Axa, elle, avait perdu le contrôle de son être. Elle se sentait dirigée, menée, possédée.

 Elle se voyait agir, mais ne pouvait pas se contrôler. Elle voyait les images, tout comme Cody. L'image suivante montrait la même créature en morceaux, comme si elle avait simplement explosé. La seconde suivante, Axa entendit des bruits croissants d'explosions accompagnés de chuchotements plus fréquents. Elle n'arrivait à rien saisir complètement et se sentait de plus en plus tourmentée. Elle posa ses mains de part et d'autre de sa tête et hurla. Nul ne pouvait l'entendre de l'extérieur, ils étaient dans un laboratoire du sous-sol abandonné dix ans après l'arrivée des humains sur Nelca. Ce laboratoire avait été conçu au sous-sol pour préserver le secret et l'anonymat.

— Arrêtez, s'il vous plaît, suppliait Axa.

Avete bisognu à mè (Tudois m'obéir), continua la voix à l'oreille d'Axa.

Elle était perdue et désorientée, ne comprenant rien à ce qui se passait. Elle avait des envies meurtrières. Une puissance étrangère éveillait des désirs sombres en elle, et elle luttait contre toutes ces sensations désagréables. C'était comme se battre contre elle-même. Cody était impuissant et ne bougeait pas d'un cil, il observait Axa. Les images qu'il avait vues plus tôt étaient déjà assez perturbantes, mais le spectacle auquel il assistait maintenant l'était encore plus. Axa hurlait, mais ses cris étaient nuancés, comme si deux êtres hurlaient simultanément. Comme si elle était en pleine bataille. 

La planète aux yeux vertsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant