20.Famille divine

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— Fiona...

Elle avait longuement prononcé le prénom de Fiona. Pourquoi ? Elle ne savait pas trop. Elle ne savait plus ce qu'elle disait. Elle pensait peut-être que Fiona constituait son seul recours. Axa se redressa difficilement et rampa jusqu'à un mur en verre contre lequel elle s'adossa. Elle était assise, fatiguée. Ses cheveux blancs tachés de sang couvraient une partie de son visage et ses lèvres gercées tremblaient légèrement. Elle se demanda où se trouvait Cody. Pourquoi ne l'avait-il pas sauvée, pourquoi les avait-il laissés lui faire autant de mal ? Mais en fait, elle savait qu'il n'aurait pas pu faire grand-chose si elle-même, avec ses pouvoirs, n'avait rien pu faire.

Elle fixait un point devant elle, espérant entendre des bruits de pas puis voir Cody apparaître à l'autre bout de la pièce pour la réconforter, pour lui redonner cet espoir qu'elle avait perdu, pour lui promettre qu'il resterait son allié à jamais. Mais à force d'attendre pendant des heures, des jours dans cette prison, elle se résigna. Personne ne la sauverait, elle comptait beaucoup trop sur les autres et cela lui nuisait. Pourtant, ce soir-là, elle se leva en vacillant. Elle marcha comme un être possédé vers le mur en verre en face d'elle, y colla son front et respira doucement.

— Fiona, reprit-elle d'une voix graveleuse, vinutu (Viens).

Elle murmura ensuite des paroles qui n'avaient aucun sens logique, des sortes d'incantations. Quelques instants après, des marques sombres, semblables à des cernes, se dessinèrent sous ses yeux et elle se sentit revigorée.

Glami. Sò quì per voi (Je suislà pour toi), souffla une voix éthérée.

Un rictus mauvais se dessina à la commissure des lèvres d'Axa qui continuait de prononcer des paroles qui semblaient confuses. Elle poussa un long et puissant cri. Le vent se mit à souffler violemment à l'extérieur, le sable virevoltait et les verres de sa prison se brisèrent, s'éparpillant dans la salle. Des soldats firent irruption dans la pièce, coururent vers elle pour l'arrêter. Elle releva la tête et son sourire s'accentua. Bientôt, les éclats de verre se logèrent dans la peau des soldats qui s'écroulèrent. Chaque pas qu'elle faisait était plein d'assurance, ses cheveux volaient sur sa tête, ses yeux verts ne témoignaient que de la haine. Dès qu'elle fut à l'extérieur, plusieurs autres soldats s'avancèrent vers elle, mais ils furent rapidement projetés vers l'arrière par un puissant vent. Tous les humains étaient dans un état de panique et plus encore lorsqu'elle se retrouva à l'extérieur du bâtiment. Paul Jones, Cody et toute une armée se retrouvèrent en face d'elle. Elle s'arrêta et les observa avec dédain.

— Où crois-tu aller, petite sorcière ? s'insurgea Paul Jones.

Cody était silencieux, plutôt content qu'elle se soit échappée, mais encore plus effrayé face au côté d'Axa qu'il voyait à présent.

— Axa le démon, je vais en finir avec toi, continua Paul d'un ton sûr.

Il se saisit d'une arme avec des balles spéciales faites avec du cinabre et tira sur Axa qui les esquiva parfaitement. Son visage se ferma et elle lança un regard sombre à Paul Jones en marchant vers lui.

— Mon... nom... est... Luz, articula-t-elle d'une voix impérieuse en faisant une pause entre chaque mot.

Elle tendit sa main dans la direction de Paul Jones puis la ramena vers elle, l'attirant par la même occasion, comme un aimant attire une aiguille. Il tomba à genoux devant elle. Elle eut un petit sourire. Paul Jones sentit son cou se serrer, ses os craquer.

— Axa, arrête, s'il te plaît. Tu n'es pas une meurtrière, cria Cody.

Elle leva son regard vers lui et s'adoucit un peu. Pourtant, elle continua, pendant que Paul Jones hurlait de douleur.

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