La planète aux yeux verts

28.Etoile

Ses poumons se remplirent d'air, ses muscles se détendirent, son corps retrouva des couleurs et elle se réveilla, les yeux grands ouverts, et inspira une longue bouffée d'air. Elle se redressa brusquement et sentit une main dans son dos. Lorsqu'elle tourna la tête, son regard se posa sur Célesta, le visage calme mais tout de même surpris.

— Luz, s'esclaffa Célesta.

Luz, qui était à présent assise sur un amas de feuilles, sauta au cou de Célesta et l'étreignit. Une joie intense avait pris possession d'elle. Elle avait réussi à revenir et elle revoyait Célesta qui lui avait tout de même manqué.

— Tu es vivante, se réjouit Luz en se détachant d'elle.

— Oui, glami, répondit Célesta.

Luz jeta un regard aux alentours et découvrit qu'elles se situaient dans un coin reculé de la forêt bordant le village. Elles étaient dans une petite grotte d'où on apercevait le paysage végétal extérieur. Luz se leva ensuite, suivie de Célesta.

— Que faisons-nous ici ? Où sont les autres ? demanda Luz.

Célesta soupira lourdement et replaça une de ses mèches de cheveux blancs derrière son oreille.

— Je ne sais pas trop. Tout s'est passé si vite. Les humains ont pris l'avantage, j'ai été obligée de m'échapper avec toi. Ton seul bien-être comptait pour moi. Quand j'ai vu tout ce sang... expliqua Célesta, émue.

Heureusement pour elle, Luz ne portait plus aucune trace de son agression. Elle se plaça une main sur le front en soupirant.

— Tu les as abandonnés ? demanda Luz en fronçant les sourcils.

— Je n'aurais rien pu faire d'autre, Nerdy avait disparu et je devais te protéger.

Bien que Luz désapprouvât le choix de Célesta, elle lui était reconnaissante d'avoir sauvé son corps, sans quoi, peut-être que Jones aurait décidé de la brûler ou de lui faire subir un des sorts tordus qu'il avait en tête.

— Maintenant que je vais bien, on peut y retourner pour les aider, continua Luz en sortant de la grotte d'un pas décidé.

Célesta la retint par le bras et l'obligea à se retourner vers elle.

— Ce serait de la folie, Paul Jones est actuellement trop fort. Nous devons élaborer un véritable plan, ma Luz, et non nous jeter dans la gueule du loup, conseilla Célesta de sa douce voix maternelle.

« Ma Luz... » Ce petit nom lui rappelait Cody. Qu'en était-il de lui ? Et de Hongust ? Les deux dernières personnes qu'elle avait vues avant de sombrer dans un sommeil temporaire. Elle savait que Célesta avait raison et qu'il ne fallait pas agir impulsivement contre un ennemi qui préparait chaque coup de la manière la plus perspicace qui soit.

— J'ai vraiment cru que tu allais y rester, continua mélancoliquement Célesta en tenant affectueusement la main de Luz.

— Moi aussi. Mais heureusement que papa m'a sauvée. Puis je suis revenue grâce au cercle de la dérision. Un vrai marathon, proclama Luz.

Célesta fit les gros yeux en fixant Luz.

— As-tu bien dit le cercle de la dérision ? questionna-t-elle.

— Oui, j'ai même rencontré Wiki. Il est absolument fou, ce petit bonhomme. Pourquoi me regardes-tu ainsi ?

— Rien, je suis contente que tu aies survécu, se contenta de répondre Célesta qui sourit faiblement.

Elle connaissait bien le fameux cercle et était très fière de Luz. C'était un exploit dont elle n'avait peut-être pas conscience, mais qui faisait d'elle une personne extrêmement forte mentalement. Décidément, les plus vulnérables d'aspect pouvaient être de vrais rocs mentaux.