Il était parfois difficile d'accepter sa différence. Il semblait parfois préférable de passer pour un râleur qu'un infirme. Et cela était aussi valable pour Hongust qui avait du mal à accepter une différence qui n'était pas la sienne, mais celle de l'être le plus précieux à ses yeux. Il ne cessait de tourner et retourner le problème dans sa tête, mais aucune solution ne se présenta. Après tout, il ne voulait pas faire d'Axa une bête de foire et l'envoyer en laboratoire pour chercher des solutions à son trouble biologique.
Hongust n'avait toujours pas accepté le sort qui avait été réservé à sa fille, il trouvait encore cela incroyablement frustrant. Il aurait pu la laisser vivre sa différence, l'aider à se découvrir, à connaître ses origines, mais il n'en avait fait, absolument rien. Il avait préféré depuis toutes ces années se forger un masque et se montrer strict et insensible. Il savait qu'agir ainsi ne changerait en rien l'état d'Axa, cela n'apaiserait aucunement cette lourde charge qui s'était déposée sur les épaules de sa fille. Mais il préférait qu'elle soit ainsi, il préférait qu'elle le déteste plutôt que de continuer à supporter toutes ces injures qui lui étaient adressées.
— Axa, que vais-je bien pouvoir faire de toi ?
Il se leva d'un geste nonchalant, terrassé par cette lutte mentale incessante, et souffla longuement pour se redonner du courage. Il avait murmuré cette phrase à peine audible avec tristesse et désespoir. Il voulait le meilleur pour Axa, il voulait qu'elle soit heureuse, mais qu'elle ne connaisse pas ses origines des plus spéciales. Qu'elle ne sache pas ce qui s'était réellement passé des années plus tôt. Il allait donc rester dur et intransigeant. Il savait ce que cela impliquait, sa fille ne le supporterait pas. Mais certains risques devaient être pris, pour la peine présente et le bien-être futur.
*
— On ne devrait pas être là.
Axa indiqua à son compagnon de se taire et continua à avancer lentement vers le petit laboratoire de M. Paul Jones, vice-gouverneur de la cité, personnage le plus important après le gouverneur. C'était aussi le père de Cody. Tout comme la Troïka, sa résidence disposait d'un laboratoire privé, lieu où se tenaient à présent Axa et Cody, seuls et à l'abri des regards. Axa avait insisté pour en savoir plus sur ce fameux liquide qui lui avait causé la blessure la plus douloureuse de sa vie. Elle fut donc conduite clandestinement par Cody dans le laboratoire des Jones pour en avoir le cœur net.
— Voilà, déclara-t-il en lui tendant un flacon identique à celui qu'elle avait vu.
Elle le prit doucement entre son pouce et son index en analysant minutieusement le contenu rouge vermillon du tube. Elle le déposa ensuite et ouvrit un bocal où se trouvaient des seringues pour s'en procurer deux.
— Tu peux me dire ce que tu veux faire exactement ? s'intéressa Cody en plissant les yeux.
— Tais-toi.
Il leva les yeux au ciel et haussa les épaules et se contenta de demeurer un spectateur. Elle se saisit d'une plaque microtitre qu'elle posa sur le comptoir.
— Assis, ordonna-t-elle à Cody sans le regarder.
— Oui, patronne, fit-il en insistant sur chaque syllabe du dernier mot.
Elle chercha rapidement les veines au niveau du poignet de Cody et fit une incision pour prélever quelques gouttes de sang. Le garçon grimaça.
— Une vraie gamine, se moqua-t-elle avant de se positionner pour faire de même sur son propre poignet.
Elle plaça les prélèvements dans les puits du microtitre. Elle remplit une pipette de la solution de cinabre, mit quelques gouttes dans le sang de Cody. Aucune réaction évidente ne se produisit. Elle fronça les sourcils et fit la même chose avec son sang. Soudain, la surface du contenu du puits fut parcourue de légères étincelles.
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La planète aux yeux verts
Ciencia FicciónAprès la 3 e guerre mondiale, presque toute la race humaine a été exterminée. Le petit groupe qui a pu s'échapper s'est réfugié sur une autre planète : la planète Nelca. Cette planète qui avait été exploitée par les humains pour la guerre, cette pl...