40 - Cinq avatars

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12e jour de la saison de la mort 2448

Une secousse éveilla les sens de l'archère, mais son corps refusait de suivre. Une perle de sueur roulait lentement le long de son front accablé par la chaleur torride. Pourtant, elle se rappelait bien s'être installée à l'ombre. D'ailleurs, combien de temps s'était écoulée depuis? Elle poussa un gémissement et ouvrit un œil pour apercevoir le désert qui était maintenant bercé dans la pénombre de la nuit. Attendez un instant... Pourquoi avait-elle si chaud dans ce cas? Elle réajusta son corps endoloris par sa position inconfortable. Une masse bloquait son mouvement. Lorsqu'elle se tourna vers l'arrière, elle aperçut Baldur qui était accoté contre elle. Il ne bougeait pas, à peine qu'il respirait. Les deux jeunes dragonniers étaient dos-à-dos.

- Il en dégage de la chaleur corporelle celui-là, murmura Azéna.

C'était un peu étrange de le voir si affectueux si on pouvait appeler ça comme ça. Enfin, venant du gamin, c'était le mieux qu'on puisse espérer; il était si antisocial.

- Allez, le deuxième soleil vient de se coucher, indiqua Reaginn qui était en train de réveiller l'escouade en secouant ses membres un à un.

Alors, c'était lui le coupable.

Azéna examina les environs. Morcan était déjà prêt semble-t-il; c'était probablement lui le dernier guet. Sanah était en train de s'étirer tandis que Trish buvait une gorgée de sa gourde, toujours assise dans le sable avec les jambes croisées.

- Baldur, chuchota Azéna dans l'oreille du gamin. Hé, réveille-toi.

Soudainement, le garde du corps se leva d'un bond en dégainant ses deux haches. Il adopta une position défensive et tenta de trouver l'ennemi qui n'était pas là.

- Eh? dit-il avec confusion.

- Tout doux soldat, dit Azéna avec une pointe de moquerie. C'est juste moi.

- Toutes mes excuses m-mademoiselle, répliqua Baldur en détendant ses muscles.

Capable de décapiter une tête en l'espace d'un instant, mais aussi de faire preuve d'une politesse presque innocente, Baldur était unique en son genre. Azéna n'était pas certaine de comment elle se sentait par rapport à lui. Dans tous les cas, s'il était de son côté, ça la rassurait sur le champ de bataille.

- Bah ça alors, dit-elle tout bas.

Une paire de bottes en cuir et une longue cape noire bloqua momentanément son champ de vue et s'arrêtèrent à la droite de Morcan qui observait le camp de l'ennemi.

- La nuit est de notre côté, souligna l'élémentaliste en faisant référence à la lune qui était présentement de teinte charbon. Il n'y a presque plus de luminosité.

Son compagnon et capitaine hoche de la tête, son visage aussi sévère que sa voix.

- Je vous accorde cinq minutes pour terminer vos préparations, informa-t-il.

L'escouade s'exécuta promptement. De son côté, Azéna frissonna alors qu'elle s'équipe de ses armes. Les brises étaient particulièrement mordantes. Ses poils hérissées, l'archère essayait tant bien que mal de détendre sa mâchoire raide, habituée à la chaleur insupportable du jour.

- J'en ai m-marre de c-ce désert, siffla-t-elle entre ses dents tremblantes.

Elle avait l'impression qu'elle n'était jamais confortable avec cette température qui passait d'une extrême à l'autre. Elle trouva un minimum de paix intérieure en se disant que c'était un mal pour un bien; la noirceur presque totale allait leur apporter un grand avantage.

2 - L'union des ÂmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant