Butterfly [Ana]

Chapitre 5

Je me lève ce matin avec difficultés. Après deux semaine sans être allée en cours, j'ai décidé d'y remédier. Je ne supporte plus de rester chez moi à rien faire à pars pleurer. Adam a repris les cours il y a une semaine alors que moi je n'ai pas eu le courage. J'ai passé ma semaine dans ma chambre à pleurer devant des photos de mon frère, à écouter des chansons qu'il aimait... Une semaine que je vis avec le fantôme de mon frère après son enterrement. Ma mère s'est reprise en main, elle a repris le travail il y a quelques jours, elle recommence à se maquiller. Malgré cette apparence, je sais qu'elle ne va pas bien. Chaque soir je l'entends pleurer seule dans sa chambre. Ça me fait de la peine de la voir comme ça mais j'ai l'impression d'être impuissante.

Je suis enfin prête et descend les escaliers pour partir. Je décide de prendre le bus ce matin. Adam m'a proposé de venir me chercher pour m'emmener mais j'ai refusé pour ne pas lui faire perdre de temps. Après plusieurs contradictions de sa part, j'ai fini par obtenir gains de cause. C'est donc la boule au ventre que je me dirige vers l'arrêt de bus à quelques rues de chez moi. Lorsque j'arrive là bas, le bus est déjà là. Je prend une grande inspiration et monte à bord. Lorsque je passe dans l'allée centrale, certaines personnes étudient mon visage. D'autres m'envoient des regards de pitié et j'ai juste envie de leur lever mon majeur pour leur montrer que je n'ai besoin de personne. Je m'installe au fond et visse mes écouteurs dans mes oreilles.

Nous arrivons devant le lycée dix minutes plus tard et j'attends que tout le monde sorte du bus avant d'en faire autant. Je me dirige directement vers l'entrée du bâtiment la tête baissée. J'arrive dans le hall et y trouve mes deux meilleures amies. Je ne les ai pas revu depuis les obsèques et je ne sais pas si je dois aller les voir ou pas. Je prend mon courage à deux mains et me plante devant elles. Elles me gratifient d'un faible sourire que je leur rend. Briana me prend dans ses bras et je la sers a mon tour avant de faire de même avec Ashley. Après avoir échangé quelques mots, nous nous dirigeons vers notre prochain cours qui est Philosophie. Je prend place aux côtés de mes amies et le cours commence.

- Bonjour à tous, j'éspere que vous avez tous passé un bon week-end. Nous dit le prof en rentrant dans la salle. Aujourd'hui nous allons commencer à écouter les exposés que vous avez fais sur la question: Pourquoi le temps qui passe nous fait-il peur ?

Mon visage se décompose, j'avais complètement oublié ce travail. J'espère juste que le prof ne va pas me désigner pour passer au tableau. J'essaye de ne pas croiser son regard, avec un peu de chance il ne remarquera pas ma présence.

- La première personne à passer sera... Ana.

Je souffle, de toute façon je n'ai jamais eu de chance au tirage au sort. Maintenant, soit j'explique au prof que je n'ai pas pu faire le travail, sois je vais quand même devant la classe et improvise un texte au risque de me ridiculiser devant la classe. Finalement j'opte pour la deuxième possibilité. Je me lève et me dirige devant le tableau. Tout le monde me dévisage et Briana me fait un sourire pour m'encourager. Je me lance.

- Le temps nous est utile, nous avons besoin de lui pour grandir, pour atteindre nos objectifs, construire sa vie...Mais parfois, on aimerait ralentir le temps pour profiter a fond de notre journée. Je fais une pause et respire profondément. Au fil des années, on prend conscience que le temps passe vite, malheureusement nous ne sommes pas éternels. Soudain, ça nous fait peur, nous angoissons car on sait que quoiqu'il arrive, un jour, le temps s'arrêtera de tourner pour nous. Ce qu'il faut c'est profiter de chaque instant de la vie car malheureusement on ne sait pas de quoi demain sera fait. On se réveille un matin et tout peut changer du tout au tout. Je retiens les larmes qui menacent de couler de mes yeux. Il ne faut pas que je pleure, pas là, pas maintenant. On a tous peur de ce que l'avenir nous prévoit. On se demande où on en sera dans cinq ans, dans dix ans, dans vingt ans...seul le destin peut en décider. Nous ne sommes pas maîtres du temps mais nous pouvons en décider ce que l'on en fait. A quoi bon gâcher des heures de vies pour des idioties, autant profiter pleinement du temps qu'il nous reste. Parfois, la vie s'arrête plus tôt que ce qu'on aurait pensé, je suis d'accord, c'est injuste, mais c'est ainsi. Je ne peux pas me retenir plus longtemps et mes larmes dévalent mes joues, je les essuie rapidement d'un revers de la main. Alors oui, je suis de ces personnes qui sont effrayés par le temps qui passe, surtout depuis que je sais que tout peut s'arrêter en un claquement de doigt. 

Je relève à nouveau la tête vers mes camarades de classe et ils sont tous en train de me fixer, certains ont même les larmes aux yeux. Soudain, je vois Asheley se lever et commencer à applaudir. Elle est rapidement rejoint par Briana, puis par le reste de la classe. Mon prof m'applaudit également et s'avance vers moi. Il me gratifie d'un léger sourire.   

- Est-ce que tu as besoin de sortir un peu pour prendre l'air ? Me demande t-il calmement.

Je regarde tout le monde autour de moi et voit Asheley en pleure dans les bras de Briana. Cette vision me déchire le cœur, c'est insupportable de la voir dans un tel état. Je regarde mon professeur et hoche faiblement la tête pour répondre à sa question. Je me dirige vers la porte et sors dans le couloir. Je me laisse glisser contre les casiers et mes sanglots redoublent. J'essaye de les retenir en plaçant ma main devant ma bouche. C'était une mauvaise idée de revenir aujourd'hui. Je ne suis pas prête à affronter tous ces regards de pitié sur moi. Mais maintenant je suis là, il faut que je me reprenne et que je sois forte. Aaron n'aurait pas voulu me voir dans cet état. Le simple fait de penser à lui augmente mes sanglots. Au bout de quinze minutes, je me calme enfin. Dois-je retourner en cours ? Est-ce une bonne idée ? Serais-je pas mieux chez moi au calme ? Non. Je ne veux pas me laisser aller. Je décide d'aller dans les toilettes et me plante devant un des miroir accrochés aux murs. Mon propre reflet me fait peur. Mes yeux sont rouges, des cernes se sont creusées sous mes yeux, mon mascara à couler en laissant des traces noires le long de mes joues. Je penche ma tête au dessus du lavabo et passe de l'eau sur mon visage pâle pour lui redonner un minimum de contenance. Je me redresse et mes yeux sont légèrement moins gonflés. Je décide de prendre le tube de correcteur qui se trouve dans ma poche et d'en appliquer sous mes yeux pour paraître moins fatiguée. Je remet également une couche de mascara et sors ensuite des toilettes pour me diriger vers ma salle de cours. J'arrive devant cette dernière au moment où la sonnerie retenti. Tous les élèves sortent de la salle et certains m'adressent même un léger sourire auquel je répond poliment. Je rentre dans la salle pour récupérer mes affaires et après avoir salué mon prof, je sors et me dirige vers mon prochain cours, Anglais.

Finalement, la journée s'est plutôt bien passée. J'ai mangé avec mes deux amies à midi et nous avons décidé de passer tout le weekend prochain ensemble. Nous allons tous chez Briana, son frère a invité des amis à lui et elle a décidé d'en faire autant. Nous serons une trentaine et je pense que ça ne peut pas me faire de mal de m'amuser un peu après les événements. Adam sera là également ainsi que Caleb et d'autres amis à nous. 

Il est 18h lorsque je franchi le seuil de ma maison. J'y retrouve ma mère dans la cuisine. Je vais vers elle pour lui indiquer mon arrivée. Après quelques questions futiles comme : "Comment s'est passée ta journée ?", "Tu as eu des notes ?", "Les filles vont biens ?"... je la laisse à ses fourneaux et me dirige vers ma chambre. Je dépose mes affaires sur le lit et me dirige vers ma salle de bain. Je me glisse sous l'eau chaude et y reste vingt bonnes minutes avant d'en sortir. J'enroule une serviette autour de mon corps et une autre sur ma tête pour ne pas mettre de l'eau partout. Lorsque je retourne dans ma chambre, je retrouve Adam assit sur mon lit. Il relève la tête vers moi et me sourit. Je me dirige vers lui et l'embrasse. 

- Ça va ma princesse ? Me demande t-il une fois qu'on s'est séparés.

- Oui ça va et toi ?

- Oui, tu m'as manqué. 

- Toi aussi tu m'as manqué, j'aurais aimé qu'on soit ensemble au lycée.

J'engouffre ma tête dans son cou et il me sert fort dans ses bras. Il m'embrasse la tête puis nous nous fixons un long moment. Nous nous installons sur mon lit et il se place au dessus de moi en m'embrassant une nouvelle fois. Je lui retire son t-shirt et il dénoue la serviette. Finalement tous s'enchaîne très vite et nous nous perdons l'un contre l'autre. Nous avons fais l'amour pour la première fois ce soir là. Nous nous sommes ensuite laissés bercés par les bras de Morphée.