Violette
— Violette, peux-tu aller ranger les livres sur la deuxième rangée, s'il te plaît ? me demanda Hervé à travers la porte, alors que je sortais de la pièce.
— J'y vais ! m'exclamai-je, en rattachant mes cheveux en une simple queue de cheval.
Je souriais et saluai quelques clients qui passaient par là, puis arrivai finalement dans la deuxième partie du magasin. Cela faisait désormais presque deux années que je travaillais ici, dans cette grande librairie qui se trouvait dans le centre-ville. Après avoir terminé ma licence en histoire, je m'étais encore une fois retrouvée perdue. Que voulais-je faire au fond de moi-même ? À quoi cela avait-il servi ? Est-ce que j'aimais vraiment ce que je faisais ?
Voyant mon avenir dans un flou total, j'avais donc décidé de trouver un petit travail en attendant d'en savoir plus sur mon futur. Il fallait que je gagne de l'argent et que surtout, que je m'occupe l'esprit. L'argent ne serait pas tombé du ciel, hélas. Et c'est après avoir écumé pas mal de petites annonces, que j'avais enfin réussi à trouver un travail. Dans cette librairie merveilleuse. Des livres par milliers mais surtout, un espace chaleureux où tout le monde se sentait bien. Hervé était un homme âgé de soixante ans ; il était absolument adorable avec tout le monde. Immédiatement il m'avait pris sous son aile et c'est pour cela je ne regretterai jamais d'avoir mis les pieds dans cette librairie.
Plongée dans mes pensées, je continuais de marcher, mais ne regardant pas vraiment où je me dirigeais, je percutai sans trop de force une étagère. Immédiatement je la stabilisai avec mes mains, quelques livres tombants néanmoins au sol. Je soufflai tout bas, puis m'abaissai ensuite pour ramasser mes habituels dégâts.
— Ouais. Trois fois, déclara soudainement une voix grave, alors que je relevais ma tête.
Je clignai plusieurs fois d'affilés mes yeux, totalement éblouie par le soleil que laissait entrevoir la fenêtre sur ma gauche. Et enfin, après que mes rétines s'étaient remises du changement de lumière, je sentis étrangement mon cœur pulser plus vite dans ma poitrine.
Des cheveux bleus...
C'était ce qui m'avait marqué en premier.
Directement l'homme aux cheveux colorés s'abaissa à mon niveau, nos regards se rencontrant donc. Deux fragments bleus ne cessaient plus de me fixer, désormais. Des sourcils foncés et une peau assez blanche, très soignée, et ne portant aucune trace de cicatrice ou de boutons. Il y en a qui avait vraiment de la chance dans ce monde, pensais-je. Je commençais d'analyser, de détailler ce visage inconnu, ses cheveux bleus continuant toujours de m'hypnotiser.
— Tiens ton livre, reprit-il de sa voix rocailleuse, me fourrant d'un geste brusque le fameux livre dans les mains.
Je restais là à ne rien dire, bien trop obnubilée par son visage, ses cheveux, et son regard. Il me paraissait... mystérieux. Je ne l'avais jamais vu auparavant. Et pourtant, notre ville n'était pas si habitée que cela.
— Un merci aurait été cool, continua-t-il d'une voix plus dure, alors que je me relevais en vitesse.
Enfin, même beaucoup trop vite. Ma tête venait rencontrer son menton avec un peu trop de force, un juron s'échappant aussitôt de sa bouche et un gémissement s'échappant de la mienne. Immédiatement nous nous reculions de quelques pas, alors que je posais une main sur ma tête et lui sur son menton rougi.
— Bordel mais tu n'aurais pas pu faire gaffe ! pesta-t-il directement, tandis que je continuais de me masser la tête.
— Oh ça va, tu n'aurais pas dû être si près de moi, aussi ! grommelai-je, en me relevant ensuite.
VOUS LISEZ
Love Colors
Ficção AdolescenteQuand Violette gifle un parfait inconnu aux cheveux bleus et aux gestes déplacés à la bibliothèque, il va de soi qu'elle escompte ne jamais le revoir ! Pourtant les voici invités à la même soirée et contraints à se fréquenter à cause (ou grâce ?) d'...