Chapitre 2

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La fin de journée était enfin arrivée. Étrangement, l'homme aux cheveux bleus s'était envolé en moins de deux secondes. Il n'avait même pas répliqué à mes pics et était donc parti en un coup de vent de la bibliothèque, sous quelques jurons. Tant mieux pour moi car j'étais sûre que cette petite querelle -avec ces insultes sur nos cheveux- aurait pu durer assez longtemps.

Je rangeais donc les derniers livres qui traînait par-là, saluant une dernière fois mon patron. Même s'il m'avait demandé pourquoi il avait entendu quelques cris tout à l'heure, j'avais préféré lui mentir en disant que je m'étais énervée contre des bouquins. L'homme aux cheveux bleus ne méritait d'être mentionné.

Je rentrais donc chez moi, pour me préparer pour la petite soirée de ce soir. Encore une fois, Liberty m'avait invité à passer dans son bar préféré. Cinquante minutes plus tard, j'étais finalement arrivée devant ce bar très réputé de la ville. Je passai devant le vigile, puis m'aventurai à l'intérieur de la salle. La musique résonnait déjà dans l'immense pièce, accompagnée par divers cris de personnes alcoolisées. Après m'être faite bousculée quelques fois, avoir marché dans une sorte de liquide bien collant et affreux, je repérai enfin mon amie plus loin.

Agitant sa main dans l'air, ses boucles rousses suivaient elles aussi le même rythme de ce balancement. Je me faufilai entre deux bruns, puis arrivai devant mon amie.

— Ce n'est pas trop tôt, Violette ! J'ai cru que je devais partir à la chasse sans toi ! s'exclama-t-elle à travers le bruit, avant que je ne m'assoie à ses côtés.

— Tu m'as prévenu tard, je ne pouvais pas faire si vite, soupirai-je, tandis qu'elle me tendait déjà un verre rempli de je ne sais quoi.

— C'est quoi comme liquide ?

— Je ne sais pas. On me l'a offert. Mais en tout cas, je peux te dire que ça pique bien la gorge.

Depuis que je connaissais Liberty, j'avais vite compris que cette jeune femme pétillante adorait tout ce qui touchait aux soirées. Avec son joli physique, ses cheveux brillants, et ses yeux verts, c'est vrai qu'elle arrivait à faire craquer pas mal d'hommes. Liberty était énergique, mais aussi légèrement folle. C'était un parfait synonyme d'une pile électrique.

— Non mais ne t'en fait pas, tu ne vas pas tomber raide à terre, reprit-elle dans une moue amusée. Tu seras suffisamment consciente pour arriver à te rattraper avant.

— Et cela est donc censé me rassurer, hum...

— Allez ! Ce n'est pas parce que mademoiselle travaille dans une bibliothèque qu'elle doit se laisser aller ! Tu as le droit de sourire et de t'amuser !

— Ceux qui travaillent dans des bibliothèques ne sont pas tous le stéréotype de la personne calme, coincée, vieille aigrie et qui n'aime rien faire, tu sais.

— Oui, j'avais oublié qu'ils étaient aussi grave chiants et ennuyeux, renchérit-elle avec son sourire malicieux, tandis que je lui tirais la joue.

Je souris, puis attrapai mon verre pour boire une petite gorgée de ce fameux liquide. Et... étrangement rien ne venait me picoter la gorge. Il y avait juste un très bon goût qui se fit ressentir, mais c'est tout. En même temps cela était un peu normal puisque ce fameux liquide -soi-disant piquant- était en réalité du jus de citron avec un arrière-goût de framboise.

— Tu rigoles ? C'est ça que tu appelles piquant ? Je croyais que c'était de l'alcool fort, soufflai-je, en reposant le verre sur la table.

— C'est bon, alors ? Je voulais juste voire si tu allais sauter le pas. Ma fois, le jus de citron n'a l'air de ne rien te faire, on peut donc passer à une gamme au-dessus ; c'est cool ! répliqua Liberty, avant de regarder derrière moi.

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