Chapitre 40

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Ciel resta bloqué pendant cinq longues minutes. Il n'avait pas l'air étonné, non. Il était plutôt choqué, à deux doigts de tomber dans les pommes. Oui enfin... Ce n'est pas comme si je lui avais annoncé que je portais son enfant. Quand même, il pourrait essayer de fournir un effort.

— Reprends-toi. On ne va pas se marier dans les jours qui suivent. Je t'ai juste avoué ce que je ressentais, rien de plus, soufflais-je, un peu dépitée de cette réaction.

Bon en même temps, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il me saute dans les bras en me déclarant ressentir la même chose. Je crois que ce genre de chose était trop tôt pour lui.

— Euh... bah... on... je... commença-t-il à bafouiller, alors que j'haussais un sourcil.

— Mais merde quoi ! continua-t-il en ayant repris ses esprits. Jamais une fille ne m'avait dit ça !

Ciel se passait une main dans ses cheveux, puis se relevait en marmonnant des choses inaudibles.

— On dirait que le ciel t'est tombé sur la tête, mon pauvre, murmurais-je, en me relevant moi aussi à mon tour.

— Ciel, repris-je, cette fois-ci d'une voix plus sérieuse.

— Quoi ? soupira-t-il, en osant de nouveau me regarder dans les yeux.

— Est-ce que tu m'aimes ? demandais-je cash, avec le cœur qui battait plus vite que la moyenne.

Ciel continuait de me fixer, mais au vu de son pied qui tapait et de ses lèvres qui tremblaient, signe qu'il cherchait ses mots, je n'avais pas besoin d'en entendre plus.

— Ok, j'ai compris, murmurais-je, en me retournant.

Je repartais en direction de l'arrêt de bus, tout en commençant à me poser un tas de questions en tête. Je sais que Ciel n'est pas amoureux de moi. Il n'a jamais connu ce sentiment, il ne sait pas et ne comprend surtout rien. Pourtant, j'aurai aimé qu'il ose se dévoiler à moi. Un peu plus, oui. Je sais qu'il est attaché, qu'il lui faut du temps et tout... Cependant je n'arrive pas à empêcher cette frustration et cette pointe de tristesse en moi.

Ciel. Tu es décidément un homme bien compliqué.

    — Tu veux que j'aille le tuer ? me demanda pour la troisième fois ma grand-mère, ce qui me faisait sourire.

Elle aiguisait son long couteau, tandis que je posais une main contre ma joue. Je caressais de l'autre le chien, me demandant bien ce que devait faire Ciel dans la chambre.

— Papi avait mis longtemps avant de tomber amoureux de toi ? osais-je questionner, un sourire apparaissant automatiquement sur son visage.

— Oui. Il ne m'aimait pas mais je l'avais quand même forcer à se marier avec moi. Après le temps est venu et il a su m'apprécier.

— Pourquoi tu l'as forcé s'il ne t'aimait pas ? continuais-je, en riant.

— Parce que je le trouvais très beau et que j'avais eu le coup de foudre, tout simplement. Je ne voulais que lui et je savais très bien qu'il arriverait à m'apprécier avec le temps. Puis à l'époque, ces choses-là allaient vite aussi.

— En moins de deux mois il avait craqué, ne t'en fait pas, reprit-il dans un rire. Dans notre famille, nous avons ce gène qui fait que tout mâle craque très vite. Et regarde, cela a été une très belle histoire avant que cet idiot ne meure d'une crise cardiaque. Je te jure, il aurait pu m'attendre pour partir celui-là.

Elle lançait un regard sur la gauche, là où trônait fièrement leur photo de mariage. Mais même si elle employait ces mots à tout va, je ne pouvais rater son regard brillant. Elle touchait sans s'en rendre compte sa bague de fiançailles, devant sûrement se remémorer tous ces souvenirs.

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