Violette
— Violette, tu peux aller défaire les paquets là-bas ? Il faut remettre à jour les livres de science-fiction, m'interpella Hervé au loin, alors que je lui faisais un signe de la main.
Je partais donc effectuer cette tâche, en entendant quelques secondes plus tard des pas revenir vers moi. Je levais la tête, observant donc Hervé qui était appuyé contre l'armoire. Petit sourire en coin, qui rehaussait quelques-unes de ses rides, il me fixait, son regard voulant dire un tas de choses.
— Ça fait longtemps que je n'ai pas vu mon petit-fils ici. Se serait-il passé quelque chose ? me demanda-t-il finalement.
— Oh, il doit avoir des choses à faire. J'en n'en sais rien, je ne connais pas sa vie, répondais-je, en haussant nonchalamment les épaules.
Cela faisait deux semaines que je n'avais pas vu sa face se balader à quelques mètres de moi, à part sur une grande affiche que j'avais aperçue dehors. J'avoue que je n'avais pas hésité une seule seconde à attraper une pierre pointue et à écorcher ce grand poster.
Ce beau sourire narquois m'avait en un seul regard, fait monter un immense pic d'énervement qui avait bien brûlé ma gorge sur le coup. Il ne m'avait fallu plus de temps pour que j'entreprenne de faire ce geste. Du balai cette face, et hop, un autre poster qui terminait à la poubelle du coin.
Ce genre de séance fonctionne encore mieux qu'un psy, c'est fou.
— Vous êtes-vous disputés ? demanda mon adorable patron, en croisant ses bras.
— Non. C'est juste que la vie a fait que nous avons céssé de parler. Tu sais, il était vachement occupé avec son travail et ses pétas... repris-je dans un raclement de gorge. Ses hum, publicités...
— Vraiment ? Pourtant il me semble que son planning s'était calmé ces derniers mois. Vous avez même fait un shooting ensemble, non ?
— Comment tu as su ça ? questionnais-je avec de gros yeux, en sentant mon cœur s'emballer.
— Eh bien j'ai vu les quelques affiches vers le centre commercial, et Max m'a envoyé quelques-unes en inédites, m'expliqua-t-il, avant de dégainer son téléphone sous mes yeux.
Mon Dieu.
Sans perdre de temps je l'attrapais, mon cœur s'emballant encore plus quand j'apercevais ces photos. Je les détaillais avec lenteur, ne me reconnaissant presque pas dessus.
— Ce ne sont pas les bonnes. Je souris sur toutes les photos, là...me murmurais-je à moi-même, tandis qu'il s'esclaffait à mes côtés.
— Max joue beaucoup sur cela. Il adore prendre des photos lors des pauses, ou plus discrètement pour que personne ne s'en rende compte. Il laisse ainsi ses mannequins dégageaient leur vrai côté naturel, en observant ce qu'ils feraient tout seuls, sans l'obligation de poser. Ce sont de très belles photos, ne trouves-tu pas ?
— Elle. C'est ma préférée, me souffla-t-il, l'air sincère.
Mon cœur se serrait sans que je ne puisse rien faire. Mes yeux détaillaient une nouvelle fois cette photo, s'attardant sur ces sourires et ces visages teintés d'amusement.
Merde. Cette photo, je m'en rappelle.
Lorsque Ciel m'avait totalement écrasée de tout son poids, à cause des chatouilles que je lui avais prodiguées. Ce moment où nous avions bien ri lui et moi, sans prise de tête. Maintenant quand j'y repensais et regardais ces photos, je comprenais donc. Max s'était fait un malin plaisir à prendre des photos en douce, reflétant parfaitement le côté naturel et non obligatoire de la pose.
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Love Colors
Teen FictionQuand Violette gifle un parfait inconnu aux cheveux bleus et aux gestes déplacés à la bibliothèque, il va de soi qu'elle escompte ne jamais le revoir ! Pourtant les voici invités à la même soirée et contraints à se fréquenter à cause (ou grâce ?) d'...