chapitre 2 : d'un monde a l'autre

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Il y eut un grincement, comme celui que produisent des gonds rouillés et quasi soudés à leur moitié. Je m'éveillai en sursaut et me redressai dans mon lit pour apercevoir, éclairé par la veilleuse du bureau, le carnet.

Une grande angoisse me prit à la gorge. Je pensais pourtant l'avoir jeté. Contournant de loin le bureau, j'ouvris la porte et jetai un coup d'œil dans la poubelle, qui malgré mes clignement d'yeux, restait désespérément vide. Retournant à mon bureau j'ouvris doucement le carnet.

_prépare t'es affaires, je t'y emmène dans 30 minutes _

Je m'écartai du carnet et me précipitai dans la chambre de mes parents.

« Si c'est une de vos blagues, elle est pas drôle ! »

Mes parents sursautèrent et me dévisagèrent.

Ils lurent le carnet et mon père appela la police pendant que ma mère me questionnait sur mes fréquentations ou sur qui je pensais capable de me harceler voir... de m'enlever...

Mon père revint​ après dix minutes et annonça qu'on partait sur le champ au commissariat. Je pris donc des affaires dans ma chambre et partis me changer dans la salle de bains.

Ne faisant pas attention à l'heure, je troquai mon pyjama blanc à nounours pour un jean bleu et un T-shirt blanc. Je pris mon portable et commençai un SMS pour Mia, afin qu'elle prévienne les professeurs, les amis et peut-être même le proviseur... J'en faisais peut-être des caisses... mais bon ! On me menaçait d'enlèvement...

On toqua à la porte. Plongée dans mon message, je ne fis pas attention à la voix, seulement à ce qu'elle disait :

« Allez. C'est l'heure »

Regardant toujours mon téléphone, j'ouvris la porte et sortis. Ce n'est qu'en sentant une sorte de moquette fraîche et un courant d'air que je relevai les yeux.

Ils s'ouvrirent aussi grands que des bols de soupe taille maxi et prirent une teinte grise, signe de profonde perplexité et d'incompréhension.

Devant moi s'étendait une forêt de conifères gigantesques plongés dans la pénombre de la nuit… La « moquette » était faite de mousse et d'aiguilles de pins ; la lumière produite par la salle de bains éclairait une partie de la forêt, projetant mon ombre loin devant. Rien que de la voir porter aussi loin me donna un frisson de peur et de malaise. La forêt parut de plus en plus lugubre et hostile, les ombres s'intensifiaient et semblaient se battre contre la lumière de la salle de bain afin d'engloutir mon ombre... et mon corps.

Je m'apprêtai à fuir quand le poids dans ma main gauche changea, posant les yeux sur ce qui aurait dû être mon portable, je vis le journal. Il était ouvert et sur la page se trouvait l'inscription :

_ bon voyage_

Je me retournai, prête à fuir, pour voir la porte se refermer lentement. Je courus, comme si ma vie en dépendait. Je courus pour empêcher la porte de se fermer. Je courus pour ne pas être dévorée par les ombres, mais plus je courais, plus la porte semblait s'éloigner et plus les ténèbres se refermaient sur moi. Jusqu'à ce que la lumière disparaisse et que je me sente chuter. Je tombai vers les abysses du noir absolu. Je tendis la main vers la faille dans la noirceur du trou et poussai un hurlement de terreur avant que le noir ne referme la faille et que je me sente disparaître dans les ténèbres.

Les Miroirs Des Mondes T-1 [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant