ᴇᴄʟɪᴘꜱᴇ

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Le matin, c'était un peu moins difficile. Elle se sentait moins seule quand son petit frère venait la réveiller - même si elle ne dormait pas profondément. Il sautait sur son lit en criant « réveille-toi, les pirates arrivent ! »
Elle aurait aimé lui répondre ou l'embêter mais c'était impossible. Pas ce jour-là. Elle se contentait juste de sourire et de déposer un baiser sur la petite touffe de cheveux de son frère.
Dans ces moment là, elle s'en voulait de ne pas être capable de prononcer un mot face au bonheur de son petit frère, Samuel.

Au moment où elle sentait la première larme couler sur sa joue, elle se levait de son lit et prenait une grande inspiration. Elle se répétait en boucle que tout ira bien, que ce n'est que passager et qu'un jour, elle réussira à prononcer un mot à nouveau.

En un an, elle avait apprit à maitriser ses émotions. Elle savait exactement à quel moment il fallait arrêter de penser au passé avant qu'elle éclate en sanglots. Maintenant, elle arrivait parfaitement à prendre sur elle.

Parfois, il lui arrivait de pleurer pendant des heures en pensant à ce qui lui était arrivé, et dans ces moments là, elle s'autorisait à lâcher prise. Elle replongeait dans ses atroces souvenirs qui la faisaient trembler. Parmi ses larmes, elle la voyait : sa meilleure amie. Sa silhouette venait en elle et enroulait ses doigts autour de son cœur pour le broyer. Ça faisait mal, tellement mal que sa respiration se coupait. Elle vivait dans une apnée constante.
Derrière les longs cheveux bruns de son amie, une épaisse tâche rouge coulait sur le carrelage blanc. Elle se répandait lentement et devenait de plus en plus foncée. Zoé avait fait confiance à la mauvaise personne et elle l'avait poussé à disparaître de ce monde. Zoé. Ce nom la faisait frissonner. Zoé était son traumatisme.

Les minutes passaient et les larmes coulaient moins, puis elles disparaissaient totalement. Ce moment là était le pire. Elle se retrouvait de nouveau en face de la réalité, ses poumons lui brulaient et ses yeux lui piquaient. C'était encore pire que le moment où elle pleurait. Elle tentait de reprendre sa respiration mais elle se rendait compte qu'elle la retenait depuis un long moment. Un poids se créait dans sa poitrine, il était tellement lourd qu'elle avait l'impression qu'il allait l'emporter quelque part. Peut-être vers Zoé ?

Encore une fois, elle luttait corps et âme pour effacer le nom de son amie qui résonnait en elle. Puis, quand ses yeux effaça toute trace de larmes, elle tentait de vivre.

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