Comme chaque soir, il dessinait un visage. Celui-ci, était celui d'une femme. Elle était belle. C'était le seule mot qui pouvait la caractériser. Ses cheveux étaient dessinés rapidement et discrètement. Ce qu'il démarqua sur son dessin était ses yeux. Ils étaient sombres. Sur ces endroits là, il appuya plus fortement la craie sur le papier ce qui rendait les yeux atrocement noirs et effrayants. Il n'y avait pas d'iris colorée ni même de pupille ; juste d'épais traits noirs.
À travers ses yeux, il voulait sûrement montrer ce qu'était la jeune femme mais il ne le savait pas. Pour lui, c'était évident : cette femme devait avoir les yeux sombres comme une ombre.
Encore une fois, il rangea son dessin parmi les autres sans même l'observer un instant.
Le soleil allait se lever et il ne se sentait pas mieux. Rien n'avait changé en lui pendant cette courte nuit d'hiver.
Mais avant que le soleil fasse son apparition sur la partie de la planète où il était, il voulait faire quelque chose. Il ne sentait pas que cette journée serait mieux qu'hier non, il savait qu'elle allait être comme les autres : longue et silencieuse.
Alors pour changer sa routine lassante, il décida de sortir. Il ne savait pas où aller mais il voulait juste prendre l'air avant que les tempêtes de neiges s'abattent sur la ville.
Il n'y avait rien qui l'empêchait de rester à la maison mais il n'y avait rien qui l'attendait dehors non plus. Tout était plat et calme pour lui.
En déposant ses pieds au sol, il remarqua que l'herbe était recouverte d'une légère couche de neige. Il trouvait ça beau. Mais simple.
En sortant, sa mère ne posa aucune question. Il prononça seulement : « je sors ».Ses pieds le guida à travers la petite ville. Il regardait ce qui l'entourait : ce n'était pas si joli que ça, c'était simplement banal. Des commerces, une église, une école et un square. Rien de plus.
De nombreuses fois il rêvait de s'évader tel un prisonnier. Courir pour s'enfuir. Il voulait partir loin de tout ce qui l'empêchait de parler mais il se rendit compte que ce qui l'empêchait de prononcer une parole était lui-même. Maintenant, il cherchait à comprendre comment il pouvait gagner la bataille contre lui-même. Ça allait être difficile.
Parmi quelques flocons qui commençaient à tomber, il poussa la porte en verre de l'épicerie. L'adolescente au comptoir leva la tête en mâchant son chewing-gum quand il entra.
Dans le commerce vide d'habitants, il se dirigea vers les frigos. De sa main recouverte d'un gant en laine noir, il ouvrit la porte vitrée et resta planté devant les alignements de boissons énergisantes. C'était la première fois qu'il en achetait et il ne savait pas pourquoi il avait décidé de goûter aujourd'hui. Il aurait très bien pu acheter une bouteille d'alcool - même s'il n'avait pas l'âge, il aurait pu essayer - mais il laissa son corps décidé.
Pour accompagner sa boisson, il attrapa un paquet de fromage soufflé. Ça il connaissait et il s'en gavait en regardant la télévision.
Le calme dans l'épicerie était inconfortable. Il n'osait pas faire du bruit en attrapant ses achats et il marchait doucement pour ne pas faire claquer ses chaussures sur le carrelage sali par la neige et la terre.
Au moment où il se dirigeait vers la caisse désormais vide de son caissier, le petit carillon à la porte annonçant un nouveau client retentit dans le magasin. Surprit par le bruit, il se retourna et vit une fille entrer.
Il posa ses articles sur le comptoir et attendit la caissière qui devait se cacher dans l'arrière magasin.
Il attendait et devenait impatient, chose qui était rare pour lui.
Pour s'occuper, il ouvra le sachet de fromage soufflé et s'appuya sur le comptoir.
Les gens normaux auraient crié leur présence mais lui ne le pouvait pas alors il tentait de prendre son mal en patience.
Il sentait que quelqu'un s'approcha derrière lui. Il se retourna lentement en enfournant quelques apéritifs dans sa bouche. Il découvrit la fille qui était rentrée auparavant. Au même moment, la caissière revenait, son téléphone accroché à sa main.
-Vous auriez pu avertir... ah oui !
La caissière savait qu'il ne parlait pas. Tout le monde le savait dans la ville, même les enfants de dix ans. Il haussa les sourcils sous les remarques mais il n'en n'était pas atteint.
Quand l'adolescente lui indiqua le montant de ses achats, il sorti un billet de son manteau et il attrapa sa canette ainsi que son paquet de nourriture malsaine puis il se retourna face à la fille pour lui laisser sa place.
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ᴇᴄʟɪᴘꜱᴇ
Short Storyle silence des sentiments #7 in short story 07.02.18 | février 2018 |