ᴇᴄʟɪᴘꜱᴇ

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Pendant de nombreux jours elle espérait qu'il viendrait. Même s'il pleuvait, elle ne pouvait pas s'empêcher de réfléchir à un moyen de le revoir. C'était la première fois que quelqu'un lui parlait sans la juger et ça lui avait fait du bien. Juste pour ressentir ce bien-être une nouvelle fois, elle était prête à tout pour le revoir. Le seul moyen qu'elle avait trouvé était d'aller chez lui. La ville était petite, tellement petite qu'elle n'eut pas de mal à trouver son adresse. Même si lui aussi était discret, il ne l'était pas assez pour qu'elle ne le trouve pas.

Depuis une éternité, elle avait un papier entre les mains où était inscrit son adresse. Elle le regardait mais elle ne bougea pas de son lit.

Au bout de ce qui semblait être deux bonne heures, elle se leva enfin, l'esprit partit loin de son corps.

Elle traversa une rue, puis deux ; tourna à gauche, et à droite jusqu'à ce qu'elle arriva devant une petite maison, exactement identique à toutes les autres. Elle hésita, le cœur tambourinant dans sa cage thoracique et elle avança. Elle gravit les marches de l'escalier et tout en retenant sa respiration, elle toqua.

Un coup. Deux. Trois. Et la porte s'ouvra. Le Nathan face à elle ne ressemblait pas à celui du square. Cette fois, il ressemblait plus à quelqu'un qui venait d'avoir le cœur brisé.

- Théa ?

Sa voix était basse, comme un chuchotement mais elle entendait quand même la surprise entre ses mots. Il ne bougea pas, elle non plus. Soudain, elle regretta. Elle n'aurait pas dû venir ici.

- Tu veux entrer ?

Maintenant c'était elle qui était surprise. Elle hocha la tête avant d'entrer. La maison était calme ; elle entendait seulement le souffle de Nathan derrière elle. Il la guida dans la cuisine, toujours silencieux. Ne sachant pas quoi faire, elle s'assit sur une chaise en gardant les mains dans sa veste. Il vint la rejoindre avec deux verres dans les mains.

- Pourquoi tu es là ? demanda t-il au bout d'un long moment de calme.

- Je ne sais pas ce qui m'a prit. Je n'aurais pas dû non ?

- Eh bien, maintenant tu es là, trop tard pour les regrets.

Elle ne put s'empêcher de sourire. Il était gentil Nathan et elle aimait cette gentillesse.

Pour la première fois, elle le regarda droit dans les yeux. Le bleu nuit de ses yeux était magnifique. Au moment de remonter le regard sur ses cheveux, elle ne put retenir son rire.

- Tes cheveux se rebellent je crois.

- Ils me font la guerre, dit-il en plongeant sa main dans sa chevelure pour la recoiffer.

Ils rigolaient pour la première fois tous les deux. Ce genre de rire qui était sincère et beau. Sans prendre conscience du temps qui s'écoulait devant eux, ils faisaient connaissance sans parler une seule fois de leur drame. Ce moment rien qu'à ces deux étrangers était le plus beau. Ils ne le savaient pas encore, mais ce jour-là, ils commençaient à s'appartenir.

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